Chronotachygraphe : travail dissimulé en cas de modification des enregistrements !

Publié le 27/11/2018 à 07:33 dans Temps de travail BTP.

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Afin de pouvoir plus facilement contrôler le temps de travail de leurs salariés, certaines entreprises équipent leurs véhicules d’un chronotachygraphe. Ce système permet d’enregistrer le temps de conduite des chauffeurs. Mais que se passe-t-il en cas de modification des relevés par l’employeur ?

Chronotachygraphe : preuve des heures supplémentaires effectuées

En cas de litige sur des heures supplémentaires, il appartient au salarié qui en réclame le paiement d’apporter la preuve, par des éléments suffisamment précis, des heures effectuées. C’est à vous ensuite de fournir vos propres éléments concernant ces heures. Les données enregistrées sur le chronotachygraphe pourront être utilisées par l’une ou l’autre des parties pour apporter ces éléments au juge.

La Cour de cassation a récemment rendu une décision sur cette question des heures enregistrées par un chronotachygraphe. Un chauffeur réclamait le paiement d’heures supplémentaires et, pour justifier sa demande, a pu fournir des fiches résultant de l’exploitation du chronotachygraphe.

Les éléments rapportés par le salarié ont prouvé que l’employeur modifiait chaque mois les temps enregistrés par le chronotachygraphe et ne faisait par conséquent pas apparaitre la totalité des heures dues au salarié sur son bulletin de paie.

L’employeur prétendait que les enregistrements résultaient d’une mauvaise manipulation du chronotachygraphe et qu’il corrigeait de ce fait les relevés au moment de l’établissement du bulletin de paie du salarié. Cet argument n’a pas été retenu par les juges car l’employeur, à qui il appartenait de répondre aux arguments du salarié, n’apportait pas la preuve de ces erreurs de manipulation.

Chronotachygraphe : attention au travail dissimulé

Le fait de mentionner volontairement sur les fiches de paie un nombre d’heures inférieur à celui réellement effectué caractérise le délit de travail dissimulé, à moins que cela ne résulte d’un accord collectif d’aménagement du temps de travail. Le seul non-paiement de la totalité des heures effectuées suffira à caractériser l’élément intentionnel.

La dissimulation d’emploi salarié est punie pénalement mais donne également droit à une indemnité spécifique de six mois de salaire pour le salarié victime, s’il y a rupture de son contrat de travail.

Vous vous posez des questions sur la gestion du temps de travail de vos salariés ? Aidez-vous de la documentation des Editions Tissot « Social Bâtiment ».


Cour de cassation, chambre sociale, 26 septembre 2018, n° 17-15.384 (il y a travail dissimulé si l’employeur corrige lors de l'établissement des bulletins de paie les temps enregistrés sur le chronotachygraphe et omet sciemment de régler toutes les heures de travail effectuées par le salarié)

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Camille Kriegel

Juriste droit social en cabinet d'expertise comptable

Master 2 Droit social interne, européen et international - Université de Strasbourg