Contrôle URSSAF : nullité du redressement établi à partir d’informations obtenues par un tiers

Publié le 18/05/2022 à 07:49 dans Rémunération.

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Lors d’un contrôle URSSAF, l’agent ne peut recueillir des informations qu’auprès de l’entreprise contrôlée et des personnes qui sont rémunérées par elle. Tout redressement opéré en prenant en compte des renseignements obtenus par un tiers doit être annulé. La procédure de contrôle étant irrégulière.

Contrôle URSSAF : principe

Un contrôle URSSAF peut intervenir à tout moment dans la vie de l’entreprise. Exception faite d’un contrôle de lutte contre le travail dissimulé, vous êtes informé au moins 15 jours avant la date de la première visite de l’agent par un avis de contrôle.

Sachez que le contrôle URSSAF ne se limite pas aux contributions et cotisations de la Sécurité sociale. En effet, les contrôles peuvent porter sur des cotisations et taxes recouvrées par l’URSSAF pour d’autres organismes de protection sociale. Ainsi, par exemple, les agents sont compétents pour vérifier l’assiette, le taux et le calcul des contributions de l’assurance chômage et des cotisations AGS.

Contrôle URSSAF : redressement à partir des renseignements fournis par l’entreprise contrôlée

Mais attention, les agents de contrôle ne peuvent recueillir des informations qu’auprès de la personne contrôlée ou des personnes qu’elle rémunère.

Les renseignements obtenus auprès d’un tiers ne peuvent pas être pris en compte pour opérer un éventuel redressement. Si c’était le cas, la procédure de contrôle serait irrégulière et le redressement URSSAF annulé.

Par exemple, dans une affaire récente, une association demandait l’annulation de son redressement URSSAF. Cette association n'avait pas été en mesure de produire une décision expresse du Syndicat des transports d'Ile-de-France (STIF - aujourd’hui devenu Île-de-France mobilités) lui permettant de s'exonérer du versement transport (aujourd’hui versement mobilité) pour les années 2008 à 2010.

Il faut savoir que votre entreprise est assujettie au versement mobilité si :

  • votre effectif est d’au moins 11 salariés ;
  • le lieu de travail de vos salariés se situe en région parisienne, ou dans l’une des zones de province où ce versement a été institué.

Mais, sur décision expresse de l’autorité organisatrice de la mobilité et du syndicat des transports d'Ile-de-France (Ile-de-France mobilités), les fondations et associations reconnues d’utilité publique, dont l'activité est de caractère social, peuvent être exonérées de versement mobilité (Code général des collectivités territoriales, art. L. 2333-64).

Ainsi dans cette affaire, l’association avait fait des demandes auprès du STIF mais celles-ci sont restées sans réponse. Pour éviter un redressement, l’agent de contrôle avait donc pris l’initiative de relancer directement le STIF. Mais il prétend qu’il n’avait pas besoin de cette décision pour fonder son redressement. En effet, il pouvait justifier, dès le début de la procédure de contrôle, un redressement en raison de l’absence de la présentation par l’association d’une décision expresse du STIF d’une exonération du versement transport et ce, malgré ses demandes. L’association n’avait pas ce document.

Suite à la relance de l’agent de contrôle, le STIF a refusé à l’association toute exonération du paiement du versement de transport.

La Cour de cassation constate que le redressement n’a pas été décidé à raison d’un défaut de justification par l’employeur d’une décision d’exonération. Mais en s'appuyant exclusivement et expressément sur la décision du STIF.

Ainsi, les renseignements que l’URSSAF a pris en compte pour opérer le redressement ont été obtenus par un tiers. La procédure est donc irrégulière et le redressement annulé.

Pour en savoir plus sur les contrôles réalisés par l’URSSAF, nous vous recommandons notre documentation « Tissot social entreprise ACTIV’ », qui inclut la procédure interactive Lumio « Réagir aux contrôles et injonctions de l’URSSAF ».


Cour de cassation, chambre sociale, 7 avril 2022, n° 20-17.655 (le redressement URSSAF établi à partir d’informations et renseignements obtenus d’un tiers rend irrégulière la procédure de contrôle et le chef de redressement doit être annulé)

Isabelle Vénuat

Juriste en droit social et rédactrice au sein des Editions Tissot