Délestage : comment faire face sur les chantiers ?

Publié le 20/12/2022 à 08:56 dans Sécurité et santé au travail BTP.

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Il se peut que les informations contenues dans cet article et les liens ne soient plus à jour.

Alors que le risque de coupure d’électricité se précise, l’OPPBTP est venue donner des conseils pour anticiper les impacts éventuels de ces coupures et garantir la sécurité des chantiers. Le ministère du Travail a également précisé que l’activité partielle pourrait être mobilisée sous certaines conditions.

Le risque de délestage

Les conditions dans lesquelles un délestage pourrait intervenir sont désormais connues.

L’électricité pourrait être coupée par tranches de 2 heures le matin entre 8 et 13 heures et le soir entre 18 et 20 heures.

Retrouvez plus de détails sur ce sujet avec notre article « Plan de coupure électrique : comment les entreprises pourraient être impactées ? ».

Dans tous les cas, il paraît difficilement concevable de pouvoir ouvrir l’entreprise sans lumière ni chauffage sans manquer à votre obligation de sécurité. Vous devez en effet protéger la santé et la sécurité de vos salariés en toutes circonstances.

L’INRS a d'ailleurs déjà alerté sur le fait que la réduction des coûts d’éclairage des lieux de travail ne peut se réaliser au détriment des niveaux d’éclairement et de luminance.

Les chantiers vont également rencontrer des difficultés qu’il faut anticiper.

Les solutions possibles dans le BTP

Il existe un certain nombre de possibilités pour anticiper et réagir au délestage que liste l’OPPBTP :

  • adapter les horaires de travail ;
  • inciter les salariés à poser des congés payés ou des RTT pendant la coupure ;
  • privilégier le télétravail ou le retour sur site (selon la zone de la coupure) ;
  • installer des groupes électrogènes ;
  • prévoir un moyen de télécommunication, en cas d’urgence, indépendant d’Internet et d’alimentation électrique (par satellite, par radio, terminaux sur batterie, etc.) ;
  • privilégier de charger les batteries la nuit et prévoir, si possible, plusieurs batteries de secours ;
  • anticiper la coupure programmée via une procédure spécifique dans le cadre du plan de continuité de l’activité ;
  • en cas de chantier nécessitant une continuité d’alimentation électrique, s’assurer que les dispositifs de réalimentation fonctionnent (groupe électrogène).

Notez que l’ensemble des engins, manutention et levage électriques disposent d’un système pour remédier à une absence d’alimentation électrique. Il vous est conseillé de vous rapprocher de vos fournisseurs et loueurs pour avoir plus d’éléments sur ces fonctions, habituellement non exploitées (prise en charge manuelle, alimentation par batterie externe, etc.).

Il est aussi conseillé de réaliser une analyse des risques spécifiques à l’usage des matériels, outils et équipements pouvant être impactés par une coupure d’électricité (freins de blocage, batterie de relais, etc.)

Le recours à l’activité partielle est envisageable

Dans son questions-réponses sur l’activité partielle et l’Ukraine, le ministère du Travail ouvre la porte au recours à l’activité partielle au titre des circonstances exceptionnelles. Tout en posant des limites. Ce dispositif ne pourra ainsi être utilisé :

  • que si l’entreprise directement affectée par le délestage n’est pas en mesure d’aménager le temps de travail de ses salariés ;
  • qu’en dernier recours ;
  • et uniquement pour la durée du délestage et, le cas échéant, pendant la durée nécessaire à la remise en marche des unités de production.

Comme il s’agit de l’activité partielle pour circonstances exceptionnelles la demande d’activité partielle n’a pas à être préalable et pourra intervenir dans les 30 jours qui suivent le placement en activité partielle.

Notez le

Bien que le ministère du Travail ne le précise pas, la consultation du CSE devrait également pouvoir intervenir ultérieurement ; si on compare à ce qui s’est passé pendant la crise sanitaire, les employeurs avaient été autorisés à ouvrir la procédure d’information-consultation non pas préalablement à une demande d’autorisation de recours à l’activité partielle mais dans un délai de 2 mois suivant l’envoi de la demande.

Les salariés concernés reçoivent une indemnité au taux de droit commun, soit 60 % de leur rémunération brute antérieure, dans la limite de 60 % de 4,5 SMIC.

Quant à l'entreprise, elle reçoit une allocation d’activité partielle équivalente à 36 % de la rémunération brute antérieure des salariés, dans la limite de 36 % de 4,5 SMIC, avec un plancher de 7,88 euros.

Bon à savoir

Il n’est ici évoqué que la question de l’activité partielle pour fermeture de l’entreprise. Aucune précision n’a encore été apportée concernant les salariés concernés par une fermeture d’école et sur la possibilité de réactiver un dispositif d’activité partielle garde d’enfants.

Questions-réponses AP/APLD dans le contexte du conflit en Ukraine, mis à jour le 7 décembre

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Anne-Lise Castell

Juriste en droit social