Egalité professionnelle : le BTP toujours à la traîne et bientôt exposé à de nouvelles sanctions
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Le ministère du Travail a dévoilé les résultats 2023 de l’index égalité professionnelle et il en ressort que le secteur de la Construction a toujours des résultats en dessous de la moyenne nationale. Un plan d’égalité 2023-2027 a été présenté et prévoit de renforcer les sanctions pour les entreprises ne publiant pas leur résultat de l’index ou obtenant une note insuffisante. Notamment en leur interdisant l’accès aux marchés publics. D’autres mesures importantes figurent également dans ce plan comme une modification du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu ou la modification de l’indemnisation du congé paternité et maternité.
Les résultats de l’index égalité
Le ministère du Travail souligne que les résultats de l’index sont en constante progression depuis sa mise en place en 2019 et en déduit une efficacité réelle, une bonne appropriation pour les entreprises et une capacité à faire évoluer les pratiques.
En 2023, 72 % des entreprises concernées ont publié leur note au 1er mars (contre seulement 61 % en 2022).
La note moyenne aussi est en progression : 88/100 (contre 86 l’an passé). Néanmoins le secteur de la Construction est en dessous de la moyenne nationale. En effet selon les résultats publiés par le ministère du Travail, le résultat n’est que de 82 points (en progression de 2 points par rapport à 2022).
Tous secteurs confondus, seules 2 % des entreprises ont la note maximale.
Notez que beaucoup d’entreprises ne font pas leur index car il est incalculable. Le problème vient souvent de l’indicateur sur l’écart de rémunération qui représente 40 points et ne se calcule pas toujours (il faut des groupes d’au moins 3 hommes et 3 femmes et arriver à un effectif retenu au moins égal à 40 % de l’effectif devant être pris en compte pour le calcul de l’ensemble des indicateurs).
Le BTP est particulièrement touché par cette difficulté de calcul de l’index. Pour s’en rendre compte il suffit de regarder les 10 premiers résultats affichés par le ministère du Travail concernant le secteur : 8 entreprises sur 10 ont déclaré leur index incalculable.
Autre point négatif : 77 entreprises ont à cette date une note inférieure à 75 points depuis 2020. Ces entreprises pourront faire l’objet d’une sanction en 2023.
Rappelons qu’il existe deux pénalités différentes concernant l’index. La première est encourue quand vous n’avez pas publié les informations relatives aux écarts de rémunération ou pas défini de mesures de correction. Dans ce cas, l’inspection du travail peut vous mettre en demeure de le faire dans un délai minimum d’un mois au risque d’une pénalité.
La seconde concerne les entreprises dont les résultats ont été insuffisants et qui n’ont pas agi dans un délai de 3 ans ; en l’occurrence cette pénalité ne pouvait pour l’instant pas être appliquée dans les PME où l’index est obligatoire « seulement » depuis le 1er mars 2020 mais maintenant ce ne n’est plus le cas !
Notez que depuis 2019, l’inspection du travail a conduit 42 017 interventions et prononcé 695 mises en demeure. 49 pénalités ont finalement été notifiées aux entreprises, pour absence de publication de l’index, absence de définition de mesures correctrices ou du fait d’un index inférieur à 75 points pendant plus de trois exercices consécutifs. Le ministère du Travail souligne que dans la très grande majorité des cas, les échanges avec l’inspection aboutissent à des régularisations.
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Bon à savoir
Pour la 1re fois, le ministère du Travail a aussi publié sur son site les écarts de représentation entre les femmes et les hommes. Au 1er mars 2023, seules 49 % des entreprises ont déclaré leurs résultats et il y a de réels progrès à faire : 60 % des entreprises comptent moins de 30 % de femmes parmi leurs cadres dirigeants et 44 % ont moins de 30 % de femmes dans les instances dirigeantes. Rappelons que d’ici 2026 il faut atteindre ce palier de 30 % puis ensuite atteindre 40 % d’ici le 1er mars 2029 au risque d’une pénalité.
Les nouveautés à venir concernant l’index
Parallèlement aux résultats de l’index, les pouvoirs publics ont aussi dévoilé leur plan 2023/2027 pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Différentes mesures de ce plan concernent les entreprises notamment au titre de l’index.
Le plan égalité prévoit ainsi une nouvelle sanction pour les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations en matière de publication de l'index égalité ou qui auraient obtenu une note insuffisante : les exclure des marchés publics.
Il est aussi prévu de faire un rappel nominatif aux entreprises ayant obtenu 0 à l'un des indicateurs de l'index plus de deux années de suite et de publier leur nom sur le site de consultation Index Egapro.
Enfin le plan prévoit de mobiliser les outils de l’ANACT pour augmenter le nombre d’accords d’entreprises relatifs à l’égalité professionnelle et la qualité de vie au travail et le taux de réponses à l’index.
Bon à savoir
Le plan nous éclaire sur les écarts de rémunération dans le privé qui perdurent. Les femmes perçoivent ainsi en moyenne un salaire inférieur de 15,8 % à celui des hommes. Et l’écart salarial entre femmes et hommes, à poste équivalent et compétences égales, est toujours de 9 %.
Le plan contient également d’autres mesures importantes pour renforcer l’égalité femmes-hommes.
Les autres mesures du plan égalité
Premièrement les conséquences dues aux fausses couches seront mieux prises en compte, notamment en permettant une indemnisation des femmes dès le premier jour grâce à la suppression du délai de carence en cas d’arrêt maladie.
Autre mesure à signaler : il est prévu de faciliter l’indemnisation des congés maternité et paternité notamment en diminuant la durée d’affiliation nécessaire de 10 mois à 6 mois. Il est aussi prévu d’engager un dialogue avec les partenaires sociaux visant à augmenter le nombre d’autorisations d’absence pour le coparent qui souhaite assister aux rendez-vous médicaux prénataux.
Toujours sur le sujet de la maternité il est prévu d’engager un travail avec les éditeurs de logiciels de paie pour intégrer une règle permettant d’inclure automatiquement – lorsqu’elle doit être versée - la revalorisation des femmes à leur retour de congé maternité.
Rappel
En l’absence d’accord une salariée de retour de congé maternité a droit aux augmentations générales et à la moyenne des augmentations individuelles perçues ou décidées durant son congé par des salariés relevant de la même catégorie professionnelle ou à défaut, de la moyenne des augmentations individuelles dans l’entreprise (Code du travail, art. L. 1225-26). Un indicateur de l’index porte justement sur l’augmentation des femmes au retour de congé maternité.
Enfin pour mieux prendre en compte les disparités de revenus au sein d’un couple marié ou pacsé, le plan prévoit d’appliquer par défaut un taux individualisé pour le calcul du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, à partir de 2025. Aujourd’hui ce taux individualisé n’est qu’une option et un taux d’imposition commun au foyer est appliqué par défaut par l’administration fiscale.
Plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes (2023-2027), 8 mars 2023
Communiqué du ministère du Travail, Les résultats de l'index de l'égalité professionnelle 2023, 8 mars 2023
Juriste en droit social
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