Harcèlement sexuel : puis-je sanctionner un fait unique ?
Temps de lecture : 4 min
Contenu ancien
Il se peut que les informations contenues dans cet article et les liens ne soient plus à jour.
Une de mes salariées se plaint d’être victime de harcèlement sexuel. En effet, son supérieur hiérarchique, à une seule et unique reprise, lui a conseillé de « dormir avec lui dans sa chambre » « ce qui lui permettrait de lui faire du bien ». Cet unique fait peut-il être constitutif d’un harcèlement sexuel que je dois sanctionner ?
Harcèlement sexuel : définition
Il est important de rappeler qu’aucun salarié ne doit subir sur son lieu de travail des faits :
- de harcèlement sexuel, constitué par des propos ou comportements à connotation sexuelle répétés qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ;
- assimilés au harcèlement sexuel, consistant en toute forme de pression grave, même non répétée, exercée dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l'auteur des faits ou au profit d'un tiers (Code du travail, art. L. 1153-1).
Harcèlement sexuel : un fait isolé peut-il caractériser, à lui seul, une situation de harcèlement sexuel ?
La Cour de cassation vient de répondre à cette question et selon les Hauts magistrats, un fait unique peut suffire à caractériser le harcèlement sexuel.
En tant qu’employeur, vous êtes tenu de :
- protéger la santé et la sécurité de vos salariés ;
- prendre toutes les dispositions nécessaires en vue de prévenir les faits de harcèlement sexuel. Si malgré vos efforts, un de vos salariés est victime d’un tel harcèlement, vous devez y mettre un terme et les sanctionner (Code du travail, art. L. 1153-5).
Un de vos salariés est concerné et vous relate la situation de harcèlement sexuel dont il s’estime victime.
Vous devez, avant de sanctionner le salarié qui en est l’auteur, mener une enquête afin de vous assurer de la véracité des faits. Cela est primordial car s’il s’avère que les faits ne sont pas réels ou qu’ils ne constituent pas une situation de harcèlement sexuel, l’auteur présumé, sanctionné à tort peut demander une indemnisation pour le préjudice subi.
Après investigation et si les faits sont avérés, vous pouvez entamer la procédure disciplinaire.
Le harcèlement sexuel justifie un licenciement pour faute grave.
Dans tous les cas, respectez scrupuleusement la procédure disciplinaire.
Enfin, sachez qu’il peut être considéré que vous manquez à votre obligation de sécurité de résultat lorsqu'un salarié est victime sur le lieu de travail d'agissements de harcèlement sexuel exercés par l'un ou l'autre de vos salariés, et ce, même si vous avez pris des mesures en vue de faire cesser ces agissements.
Cour de cassation, chambre sociale, 17 mai 2017, n° 15-19.300 (un fait unique peut suffire à caractériser le harcèlement sexuel)
- Chuter pendant le déneigement de sa voiture : est-ce un accident du travail ?Publié le 13/01/2025
- Inaptitude et non reprise du salaire : votre manquement peut justifier une rupture du contrat de travail à vos tortsPublié le 13/01/2025
- Forfait jours : assurer un suivi effectif et régulier afin de réagir rapidement pour que la charge de travail reste raisonnablePublié le 10/01/2025
- Ai-je le droit de ne pas déclarer la survenance d’un accident du travail mortel à l’Inspection du travail ?Publié le 09/01/2025
- Compte professionnel de prévention : déclarer l'exposition des salariés en DSNPublié le 03/01/2025