Indemnité de grand déplacement : son versement est-il obligatoire pour des chantiers à moins de 50 kilomètres ?
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Il se peut que les informations contenues dans cet article et les liens ne soient plus à jour.
Dans cette affaire jugée le 13 novembre 2014, un ouvrier travaillant dans une entreprise des Travaux publics se déplace sur plusieurs chantiers. Tous les chantiers se trouvent à moins de 50 kilomètres du siège de l’entreprise. L’employeur indemnise les salariés des frais liés à ces déplacements par le versement d’indemnités de petits déplacements (panier, transport, trajet), en application des articles 8.1 et suivants de la convention collective nationale des ouvriers de Travaux Publics.
Cependant, l’ouvrier en question attaque en justice son employeur en revendiquant le bénéfice du versement d’une indemnité de grand déplacement (IGD). Son argument est que la localisation des chantiers ne permettait pas de revenir chaque soir du chantier à son domicile et de repartir le matin par le biais des transports en commun.
Indemnité de grand déplacement : la position des juges
Dans la décision rendue par la Cour de cassation, les juges précisent la situation dans laquelle un salarié doit être considéré comme en grand déplacement. « Est réputé en grand déplacement l’ouvrier qui travaille dans un chantier métropolitain dont l’éloignement lui interdit, compte tenu des moyens de transport en commun utilisables, de regagner chaque soir le lieu de résidence, situé dans la métropole, qu’il a déclaré lors de son embauchage et qui figure sur son bulletin d’embauche ».
Le litige est alors tranché en faveur du salarié en jugeant que la seule impossibilité de se rendre sur le chantier chaque jour par les transports en commun entraîne la mise en œuvre obligatoire du régime des grands déplacements.
Indemnité de grand déplacement : de nouveaux risques juridiques pour l’employeur ?
La position des juges dans l’arrêt visé soulève de nombreuses interrogations pour les entreprises du BTP, les règles étant ici identiques dans le Bâtiment, comme dans les Travaux publics.
La définition donnée du grand déplacement n’évoque pas la référence des 50 kilomètres utilisée pour le calcul du versement des indemnités de petits déplacements. Cela n’est pas nouveau, un salarié pouvant être en situation de petit déplacement même sur un chantier de plus de 50 kilomètres s’il est en mesure de regagner chaque soir sa résidence. Et, à l’opposé, le salarié qui doit rester le soir dormir à proximité d’un chantier situé à 40 kilomètres du siège doit percevoir des IGD.
Mais le point posant difficulté est la notion de retour journalier au domicile. Si le salarié retourne par ses propres moyens au domicile, alors même que la localisation du chantier ne lui aurait pas permis de le faire par des transports en commun, peut-il bénéficier des IGD ? Jusqu’à cette récente décision de la Cour de cassation, la réponse était qu’en l’absence de découchage, l’employeur n’était contraint que d’appliquer le régime des petits déplacements. Aujourd’hui, la position rendue par les juges semble conduire à appliquer le régime des IGD.
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Olivier CASTELL
didrh.overblog.com
Cour de cassation, chambre sociale, 13 novembre 2014, n° 13–12118 (est réputé en grand déplacement l’ouvrier qui travaille dans un chantier métropolitain dont l’éloignement lui interdit – compte tenu des moyens de transport en commun utilisables – de regagner chaque soir le lieu de résidence, situé dans la métropole, qu’il a déclaré lors de son embauchage et qui figure sur son bulletin d’embauche)
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