La faute lourde, ou quand le salarié cherche à nuire à son entreprise
Publié le 10/12/2008 à 00:00, modifié le 11/07/2017 à 18:20 dans Sanction et discipline.
Temps de lecture : 3 min
Contenu ancien
Il se peut que les informations contenues dans cet article et les liens ne soient plus à jour.
Pour pouvoir être qualifiée de lourde, la faute d’un salarié doit refléter une véritable intention de nuire à l’entreprise. Mais toute la difficulté est de savoir ce qu’on entend exactement par « intention de nuire »… Quelles sont les conséquences d’une telle faute ? Nos explications.
Le licenciement pour faute lourde est la sanction la plus forte qui existe dans le cadre du pouvoir disciplinaire de l’employeur.
Il doit correspondre à une faute d’une gravité exceptionnelle témoignant de l’intention de nuire du salarié à l’encontre de l’employeur ou de l’entreprise.
Exemple
La faute lourde a été reconnue récemment à l’encontre d’un cadre technique qui avait créé une société, dont il était l’associé quasi majoritaire, directement concurrente de celle qui l’employait.
Les juges ont retenu que ce cadre avait de plus :
- privé délibérément son employeur d’une partie de ses outils commerciaux ;
- tenté de débaucher du personnel ;
- manifesté une volonté de paralyser le fonctionnement de l’entreprise.
Tous ces éléments étaient bien constitutifs d’une faute lourde.
Conséquences d’une faute lourde. La qualification de faute lourde est très rarement reconnue par les juges. Cela s’explique, entre autres, par le fait que le salarié licencié pour ce motif a beaucoup à y perdre :
- la rupture du contrat de travail est immédiate. Elle s’effectue donc sans préavis et sans indemnité compensatrice (C. trav., art. L. 1234–1) ;
- les indemnités légales ou conventionnelles de licenciement ne sont pas dues (C. trav., art. L. 1234–9) ;
- l’indemnité de congés payés n’est pas due (C. trav., art. L. 3141–26).
Enfin, la responsabilité du salarié peut être engagée s’il a causé un préjudice à l’employeur. Dans cette affaire, l’ancien salarié a d’ailleurs été condamné au versement de dommages et intérêts pour concurrence déloyale.
Notez-le : la gravité de la faute ne doit pas faire oublier que la procédure de licenciement est la même que pour tout autre licenciement disciplinaire… Dans cette même affaire, l’employeur n’avait pas précisé, dans la lettre de convocation à l’entretien préalable, que le salarié pouvait se faire assister par un conseiller extérieur (mention obligatoire lorsque l’entreprise ne comporte pas de représentants du personnel).
Cette omission n’était heureusement pas de nature à remettre en cause l’ensemble de la procédure de licenciement ; en revanche, l’employeur a été condamné à verser des dommages et intérêts au salarié.
A. Ninucci
(Cass. soc., 24 septembre 2008, n° 07–40061)
Pour plus de précisions sur ce que recouvre la notion de faute (simple, grave ou lourde) et pour ne prendre aucun risque sur la procédure de licenciement disciplinaire, les Editions Tissot vous proposent leur ouvrage « Gérer les départs des salariés ».
Et n’oubliez pas : les Editions Tissot, c’est aussi le Code du travail mis à jour chaque semaine !
Thématique : Sanction et discipline
- Mise à pied disciplinaire : vous n’avez pas à recueillir l’accord du salarié protégéPublié le 23/12/2024
- Propos raciste pendant un repas de Noël : est-ce un comportement qui peut être sanctionné par l’employeur ?Publié le 16/12/2024
- Ai-je le droit de cumuler plusieurs sanctions à la suite d'un agissement fautif d'un salarié ?Publié le 21/11/2024
- Sanction disciplinaire : quand le délai de prescription de la faute commence-t-il à courir ?Publié le 28/10/2024
- Sanction disciplinaire : nulle à défaut de justifier des formalités de publicité du règlement intérieurPublié le 18/10/2024