Le bruit au travail
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Quand le bruit devient-il un phénomène à évaluer ?
On considère que le bruit devient un danger lorsque deux personnes situées à environ deux mètres de distance ne peuvent pas entendre facilement tous les mots qu’elles prononcent.
Quels sont les risques liés au bruit ?
Les risques sont de plusieurs ordres :
- le bruit peut entrainer des lésions temporaires de l’appareil auditif ;
- il peut entraîner une surdité, affection irréversible ;
- il peut générer différents troubles : perte de sommeil, perte de la concentration, stress, maux de tête, irritabilité, etc., qui peuvent être eux-mêmes à l’origine d’accidents du travail.
Comment évaluer le risque sonore en entreprise ?
Une première évaluation estimée doit être réalisée en utilisant les données du fabricant des appareils utilisés par les salariés. Cette première étape vous permettra de compléter le document unique (DU) et d’identifier les travailleurs qui ont besoin prioritairement de protections individuelles.
L’évaluation précise doit être ensuite réalisée par un spécialiste muni des appareils nécessaires – quelqu’un qui est en mesure de comprendre non seulement la technique de la transmission des bruits mais également l’exigence juridique liée à l’exposition aux bruits et son application dans le domaine professionnel.
Deux méthodes de mesure de l’exposition sont régulièrement utilisées :
- la sonométrie : les relevés sonores sont faits à proximité du salarié par un technicien durant les périodes de travail les plus significatives ;
- l’exposimétrie : les relevés sonores sont faits en continu, pendant la journée de travail, à l’aide d’un exposimètre porté directement par le salarié).
Les critères d’évaluation
Un des principaux critères d’évaluation est le niveau d’exposition quotidienne au bruit, noté LEx,8h. Ce paramètre acoustique équivaut à la dose de bruit reçue par un opérateur sur une journée de travail de 8 heures. Il est exprimé en dB(A) et c’est une valeur moyenne.
Un autre critère très important, le niveau crête, noté Lpc, équivaut au niveau instantané maximum relevé pendant la journée de mesure. Il est exprimé en dB ©.
L’analyse complémentaire de ces deux critères permet de réaliser une mesure interprétable du risque d’exposition au bruit.
Il est également important de connaitre la fréquence et la durée d’exposition au bruit durant l’année (activité ponctuelle quelques fois par an, activité en continu, etc.).
Les seuils réglementaires
Si les mesures font apparaitre un risque de dépassement de la valeur d’exposition inférieure déclenchant l’action (VAI) – LEx,8h = 80 dB(A) ou Lpc = 135 dB ©-, l’employeur met à disposition des travailleurs des protections individuelles contre le bruit, les informe et les forme à la prévention du risque lié au bruit.
L’employeur doit également proposer un examen de l’appareil auditif et consulter les représentants des travailleurs.
Si les mesures font apparaitre un risque de dépassement de la valeur d’exposition supérieure déclenchant l’action (VAS) – LEx,8h = 85 dB(A) ou Lpc = 137 dB (C ), l’employeur :
- impose et contrôle le port de ces protections individuelles ;
- s’assure qu’une signalisation sur les lieux à risque a bien été mise en place ;
- impose une surveillance médicale renforcée de ses employés.
D’un point de vue collectif, il prépare et met en oeuvre des mesures techniques et des mesures organisationnelles servant à diminuer l’exposition au bruit, par exemple en privilégiant l’achat de machines moins bruyantes, en réalisant un nouveau traitement acoustique des parois des locaux concernés ou en diminuant les temps de séjour des travailleurs dans les milieux bruyants.
Si les mesures font apparaitre un dépassement des valeurs limites d’exposition (VLE) – LEx,8h = 87 dB(A) ou Lpc = 140 dB © -, le travailleur concerné doit utiliser son devoir d’alerte et son droit de retrait. Ces valeurs limites sont en effet des seuils qui ne doivent en aucun cas être franchis.
La variation de l’exposition doit être prise en compte pour préciser le risque. Si l’exposition au bruit varie beaucoup d’un jour à, il y a tout lieu d’établir une moyenne des valeurs limites d’exposition hebdomadaires en lieu et place des valeurs limites journalières de l’exposition, sans toutefois autoriser le dépassement des seuils VAI et VAS s’il ne s’accompagne pas des mesures de protection indiquées précédemment.
Quelques valeurs de bruit constatées :
130 dB A | avion à réaction à 30 m |
125 dB A | ball trap |
120 dB A | seuil de la douleur |
115 dB A | marteau piqueur hydraulique, tronçonneuse à chaîne |
110 dB A | concert rock |
105 dB A | scie circulaire |
100 dB A | tronçonneuse, meuleuse |
90 dB A | débroussailleuse, rotative d’imprimerie, sablage |
85 dB A | poste de conduite de certaines camionnettes |
80 dB A | rue animée |
70 dB A | sonnerie du téléphone analogique, téléviseur en fonctionnement normal |
60 dB A | conversation à 1m |
50 dB A | bureau calme |
40 dB A | quartier résidentiel calme |
30 dB A | bibliothèque |
20 dB A | tic-tac d’une montre |
La réduction du bruit
La façon la plus réaliste, la plus efficace et la plus fiable de contrôle de l’exposition est la réduction des bruits à la source, notamment par la mise en oeuvre de l’ingénierie adaptée. Le critère de réduction du bruit au travail doit faire partie de la politique d’achat de l’entreprise.
L’aménagement des locaux avec des parois absorbantes, par exemple, est également une mesure efficace et pérenne.
Les casques et les bouchons d’oreille sont à fournir lorsqu’il est impossible de réduire le bruit en dessous des seuils indiqués plus haut.
Fourniture des protections auditives (cache-oreilles ou bouchons d’oreille) :
- au-dessus de VAI= 80dB (A) ou Lpc = 135 dB ©, la protection de l’oreille est disponible sur demande pour les travailleurs ;
- au-dessus de VAS = 85dB (A) ou Lpc = 137 dB ©, la protection de l’oreille est fournie et les mesures sont prises pour s’assurer qu’elle est portée par tous les travailleurs qui sont exposés.
L’évaluation préalable aura permis de déterminer le type de protection de l’oreille qui fournira une protection appropriée.
L’employé doit porter les protections d’oreille fournies, notamment :
- lorsqu’il en reçoit l’instruction ;
- lorsqu’il a connaissance que des valeurs seuils peuvent être dépassées, même s’il n’en a pas reçu l’instruction ;
- tant qu’un contrôle de bruit n’a pas été réalisé ;
- pendant ce contrôle du bruit.
Ou, dans tous les cas, par mesure de prévention, il doit :
- utiliser tous les autres équipements que son employeur fournit ;
- signaler un problème lié au bruit sur une machine qu’il utilise, par exemple un silencieux défectueux ou manquant.
Les protecteurs individuels contre le bruit (PICB)
Les protections auditives permettent d’obtenir un affaiblissement acoustique indiqué en dB (décibels).
Le SNR (single number rating) donne la valeur d’affaiblissement global (pour plusieurs fréquences). Par exemple, un protecteur auditif ayant une valeur SNR de 40 dB va ramener un bruit de 100 dB à un niveau de 60 dB.
Les valeurs HML donnent l’atténuation de bruit obtenue avec trois gammes de fréquences, H (high), M (middle) et L (low).
Les valeurs APV (assumed protection value) donnent l’atténuation exprimée sur 8 niveaux précis de fréquence.
Les protecteurs peuvent être :
- des casques à protection passive ;
- des casques avec électronique active filtrant certaines fréquences ;
- des bouchons d’oreille à jeter ;
- des bouchons réutilisables ;
- des bouchons sur mesure fabriqués selon l’anatomie du conduit auditif du porteur.
Certains bouchons sont à rouler préalablement à leur utilisation.
Il existe différentes tailles de bouchons qui doivent être utilisées au mieux pour apporter une protection réelle.
Surdité et maladie professionnelle
La surdité peut être reconnue comme une maladie professionnelle selon les fonctions et les critères qui sont indiqués dans le tableau n° 42 des maladies professionnelles du régime général et le tableau n° 46 du régime agricole.
Ces critères sont notamment :
- une durée de l’exposition aux bruits d’un an (sauf exception indiquée dans le tableau) ;
- une liste limitative de fonctions ;
- un délai de prise en charge d’un an.
Toutefois, un salarié peut présenter un dossier de demande de prise en charge pour des travaux bruyants effectués qui ne figurent pas sur la liste limitative des tableaux, ou pour lesquels la durée minimale d’exposition ou le délai de prise en charge n’est pas respecté. C’est alors à lui d’apporter des éléments de preuve permettant au CRRMP (comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles) de statuer.
Pour en savoir plus sur les mesures générales de prévention contre le bruit dans le BTP, les Editions Tissot vous conseillent leur documentation « Sécurité des chantiers du BTP guide illustré ».
Jean-Michel INVERNIZZI
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