Managers : attention aux tics de langage !
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Qu’est-ce qu’un tic de langage ?
Un tic de langage se caractérise par l’emploi répétitif - voire abusif - d’un mot, une onomatopée, une expression, etc. qui sont utilisés plus ou moins sciemment pour remplir différentes fonctions :
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une fonction de représentation : les tics de langage permettent, en effet, dans certains cas, de satisfaire un besoin d’appartenance à un groupe et sont plutôt utilisés en tant que codes verbaux. Notons par exemple :
- les : « grave », « en vrai », « de ouf », « ça passe crème » et autre « j’avoue » qui caractérisent si bien les jeunes ;
- les « c’est énooorme ! », « c’est clair » ou « je gère » des milieux branchés ;
- les « je reviens vers vous », « on part là-dessus », ou encore tout ce que l’on « pousse » (une info, un compte rendu, une présentation, etc.) qui sont supposés représenter notre dynamisme professionnel !
- une fonction sociale : « euh », « je dirais que », etc., ces automatismes qui peuvent paraitre inconscients ne sont parfois rien d’autre que des subterfuges verbaux qui permettent soit d’engager un dialogue, soit au contraire de retarder l’entrée dans une conversation ;
- une fonction rhétorique : certains mots bouche-trous relèvent tout simplement d’une stratégie oratoire. Le lexicographe Edouard Trouillez nous explique ainsi que : « Les tics de langage servent à ponctuer le discours, à mettre du liant, d’avantage d’expressivité, ou à maintenir la conversation sans laisser de blanc. Ce sont des mots béquilles pour soutenir le langage ». Par ailleurs, certaines personnes dites « conclusiophiles » ne peuvent pas s’empêcher d’achever une phrase sans la conclure par un « voilà » ou un « ça, c’est fait ! » qui leur permet de trouver une chute, ou encore de chercher l’adhésion de l’auditoire ;
- une fonction émotionnelle : les mots creux du type « voili, voilou », « bref » « voilà, quoi », etc., sans réel intérêt sémantique, servent à masquer un stress, une gêne, une timidité, ou à combler les silences involontaires qui ponctuent un discours mal maîtrisé.
Dans la plupart des cas – sauf à être atteint du syndrome Gilles de la Tourette qui provoque des tics de langage orduriers – le phénomène n’a rien de pathologique, et peut même, on l’a vu, avoir une certaine utilité rhétorique. Cependant, dans le cadre professionnel, tout comme dans le monde de l’éducation, les tics de langage peuvent considérablement gâcher un exposé, jusqu’à finir par le décrédibiliser, quand bien même le fond peut être expert et/ou pertinent. Lequel d’entre nous ne s’est pas, durant ses années estudiantines, gaussé d’un professeur en alignant des petites croix sur un papier afin de comptabiliser ses expressions récurrentes ? Afin de ne pas subir le même sort de la part de ses équipes, le manager peut, grâce à quelques astuces, identifier ses tics verbaux et s’en débarrasser.
Prendre conscience de ses tics verbaux pour les éliminer
On peut prendre conscience de ses tics de langage par soi-même, ou en étant attentif aux remarques et réactions de son entourage. Dès lors qu’ils sont identifiés, il n’est pas si compliqué de se débarrasser de ses tics verbaux : il s’agit avant tout de ne pas craindre les silences qui peuvent ponctuer une discussion ou un discours. Effectuer des pauses de quelques secondes durant une présentation est même non seulement acceptable, mais aussi recommandé. Cela permet de régler son rythme de respiration, tout en donnant le temps à l’auditoire d’intégrer ses propos.
Prendre la parole en public est aussi une question d'entraînement. Certains managers ont la possibilité de se faire aider d’un coach. Ce dernier mettra immédiatement le doigt sur d’éventuels tics verbaux et les aidera à les corriger. Pour ceux qui n’auraient pas cette chance, il peut être précieux de demander à une personne de confiance de relever ses éventuels tics verbaux au cours d’une présentation et de les lui remonter. Enfin, un simple smartphone peut permettre d’enregistrer, en toute discrétion, sa propre allocution, puis de l’analyser a posteriori.
Dès lors que les tics verbaux ont été identifiés, il devient assez aisé de les éliminer. Cela se fait souvent par paliers : on ajoute quelques silences qui viennent remplacer les « voilà ! », on travaille à enrichir son vocabulaire pour remplacer les mots-valises, etc. C’est alors non seulement l’expression qui gagne en clarté, mais aussi le locuteur qui gagne en crédibilité !
Conceptrice- rédactrice, conseil en écriture, auteur, biographe, formatrice pour adultes
Après avoir été gérante d’une agence de communication, directrice déléguée d’un hebdomadaire, puis manager commerciale d’une équipe de commerciaux grands comptes, j’en ai eu assez de jongler avec …
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