Négociation d’un accord d’entreprise : ce qui change
Temps de lecture : 8 min
Contenu ancien
Il se peut que les informations contenues dans cet article et les liens ne soient plus à jour.
Négociation d’un accord d’entreprise avec un délégué syndical
La négociation avec les délégués syndicaux (DS) est le mode normal de négociation des accords d’entreprise.
En matière d’accord d’entreprise avec les DS, la loi travail a prévu de rendre tous les accords d’entreprise majoritaires au plus tard au 1er septembre 2019, avec aussi une possibilité d’adoption par référendum pour certains accords non majoritaires.
Les ordonnances Macron avancent la date du 1er septembre 2019 au 1er mai 2018.
Par ailleurs, quelques aménagements sont apportés à la procédure d’adoption des accords par référendum, puisque vous aussi vous allez pouvoir demander la validation par les salariés d’un accord n’ayant pas eu la majorité.
En effet, aujourd’hui, pour être valable, un accord doit être signé par une ou plusieurs organisations syndicales de salariés représentatives ayant recueilli plus de 50 % des suffrages exprimés en faveur des syndicats représentatifs au premier tour des dernières élections des titulaires au CE ou à la DUP ou, à défaut, des DP (et demain du CSE).
Pour ceux ayant atteints moins de 50 % mais qui dépassent 30 % des suffrages exprimés en faveur des syndicats représentatifs au 1er tour des élections, une possibilité de validation est prévue. Un ou plusieurs syndicats ayant recueilli plus de 30 % des suffrages peuvent demander, dans un délai d’un mois à compter de la signature de l’accord, une consultation des salariés visant à valider l’accord.
Désormais, lorsque le délai d’un mois est écoulé, vous pouvez aussi prendre l’initiative de demander l'organisation de cette consultation, en l'absence d'opposition de l'ensemble de ces organisations.
Si, dans les 8 jours qui suivent la demande du syndicat ou de l’employeur, les éventuelles signatures d’autres organisations syndicales représentatives ne permettent pas d’atteindre plus de 50 % des suffrages, la consultation des salariés est organisée dans un délai de 2 mois.
Négociation d’un accord d’entreprise en présence d’un conseil d’entreprise
Un conseil d’entreprise peut être institué par accord d’entreprise majoritaire ou par accord de branche étendu dans les entreprises dépourvues de DS. Cet accord fixe alors le nombre d’heures de délégation dont bénéficient les élus du conseil d’entreprise. Un décret fixera le nombre d’heures minimum à respecter, sauf circonstances exceptionnelles.
Le conseil d’entreprise est alors seul compétent pour négocier des accords d’entreprise à l’exception des accords soumis à des règles spécifiques de validité (par exemple un accord PSE).
La validité d’un accord d’entreprise conclu par le conseil d’entreprise est subordonnée à sa signature par la majorité des membres titulaires élus du conseil ou par un ou plusieurs membres titulaires ayant recueilli plus de 50 % des suffrages exprimés lors des dernières élections professionnelles.
Négociation d’un accord d’entreprise en l’absence de délégué syndical et de conseil d’entreprise
Votre entreprise compte moins de 11 salariés
Si vous n’avez pas de DS et que votre entreprise compte moins de 11 salariés, vous pouvez proposer un projet d’accord aux salariés qui porte sur l’ensemble des thèmes ouverts à la négociation collective d’entreprise. Ce projet d’accord doit être communiqué à chaque salarié au moins 15 jours à l’avance. Le projet d’accord est considéré comme adopté s’il est ratifié à la majorité des 2/3 du personnel. Un décret d’application est toutefois nécessaire.
Jusqu’à présent, il était déjà possible d’adopter un accord avec des salariés mandatés à condition qu’il soit approuvé par la majorité du personnel. Désormais, le mandatement disparait mais une simple majorité ne suffira plus.
Votre entreprise compte entre 11 et 50 salariés
Si vous avez moins de 20 salariés en l’absence de membre élu du CSE, vous pouvez adopter un accord avec les salariés dans les conditions décrites ci-dessus.
Sinon, à moins de 50 salariés, la conclusion d’un accord peut se faire :
- soit avec un ou plusieurs salariés expressément mandatés par une ou plusieurs organisations syndicales représentatives dans la branche ou à défaut au niveau national et interprofessionnel, qu’il(s) soi(en)t membre(s) du CSE ou non. S’ils ne sont pas membres du CSE, il faut toutefois que l’accord soit approuvé par la majorité des salariés selon des conditions définies par décret ;
- soit par un ou des membres du CSE. L’accord conclu avec un salarié du CSE, mandaté ou non, doit, pour être valide, être signé par les membres du CSE représentant la majorité des suffrages exprimés lors des dernières élections.
La négociation peut se faire sur toutes les mesures qui peuvent être négociées par accord d’entreprise. Pour la négociation avec les élus non mandatés, seuls certains thèmes pouvaient être négociés.
Il est donc possible de négocier avec les salariés plutôt qu’avec les élus. Jusqu’à présent, la négociation avec les salariés mandatés ne pouvait se faire que si aucun élu n’avait souhaité négocier. Il n’est également plus nécessaire de transmettre l’accord conclu pour information à une commission paritaire de branche.
Votre entreprise compte au moins 50 salariés
La négociation avec les élus est privilégiée par rapport à celle avec les salariés.
Règle prioritaire : Vous pouvez conclure un accord avec un ou plusieurs élus CSE mandatés sachant qu’une même organisation ne peut mandater qu’un seul salarié. Vous devez informer les organisations syndicales représentatives de votre branche ou à défaut celles représentatives au niveau national et interprofessionnel, de votre décision d’engager des négociations.
Ces accords doivent, pour être valides, être approuvés par les salariés à la majorité des suffrages exprimés dans des conditions définies par décret.
Possibilité secondaire : S’il n’y a pas d’élu mandaté, un élu CSE peut quand même conclure un accord mais uniquement ceux relatifs à des mesures dont la mise en œuvre est subordonnée par la loi à un accord collectif (à l’exception d’un accord relatif aux grands licenciements économiques).
Ces accords doivent, pour être valides, être signés par les membres du CSE représentant la majorité des suffrages exprimés lors des dernières élections professionnelles.
Dans ces deux cas de figure (élu mandaté ou non mandaté), vous devez faire connaitre votre intention de négocier aux membres du CSE par tout moyen permettant de conférer date certaine. Ceux qui souhaitent négocier doivent vous le faire savoir dans un délai d’un mois en indiquant s’ils sont mandatés. La négociation peut alors s’engager avec les salariés élus qui se sont manifestés.
3e cas de figure : Dans les entreprises de plus de 50 salariés, si aucun élu n’a souhaité négocier ou que vous avez une carence d’élus, vous pouvez conclure un accord avec un ou plusieurs salariés mandatés, là encore en pensant à informer les organisations syndicales de votre décision d’engager des négociations.
L’accord peut porter sur toutes les mesures qui peuvent être négociées par accord d’entreprise.
Pour être valide, il doit être approuvé par les salariés à la majorité des suffrages exprimés dans des conditions définies par décret.
Toutes ces nouvelles règles concernant la négociation sont censées être entrées en vigueur au 24 septembre dernier sous réserve des mesures nécessitant un décret d’application. Toutefois, s’agissant de la négociation avec les élus, l’ordonnance ne vise que le futur CSE et pas les mandats actuels (CE, DP). Une incertitude demeure donc sur les règles actuelles de négociation (et la possibilité ou non d’appliquer la nouvelle réglementation) avec les « anciens élus » !
Ordonnance n° 2017-1385 du 22 septembre 2017 relative au renforcement de la négociation collective, art. 8,10, 11, 16, Jo du 23
Ordonnance n° 2017-1386 du 22 septembre 2017 relative à la nouvelle organisation du dialogue social et économique dans l'entreprise et favorisant l'exercice et la valorisation des responsabilités syndicales, art.1er, Jo du 23
Juriste en droit social
- Consultation du CSE : une nouvelle obligation pour les employeurs au 1er janvier 2025Publié le 09/12/2024
- Renouvellement CSE : choisissez le vote électroniquePublié le 02/12/2024
- Liberté d'expression d'un élu du CSE : pas d'abus si les propos ne sont ni injurieux ni diffamatoiresPublié le 08/11/2024
- Ai-je le droit de prendre en charge une partie des cotisations syndicales de mes salariés ?Publié le 10/10/2024
- Négociation sur la GEPP : obligatoire s'il existe une représentation syndicale au niveau de l'entreprisePublié le 16/09/2024