Performer, être en synergie, travailler en mode projet, FYI… Comprendre le poids, le rôle et les subtilités du jargon corpo !
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Moins de jargon, plus de solutions
Les Éditions Tissot facilitent l'application du droit du travail au quotidien dans les entreprises.
Connaissez-vous le terme technolecte ? Si la réponse est négative, sachez pourtant que nous appartenons quasiment tous à une communauté de technolectes, c’est-à-dire des individus usant de façon prépondérante un champ lexical commun dans le but de se comprendre, mais aussi de se reconnaître ! Quels sont les codes, les usages cachés et les derniers-nés de tous ces jargons pros ? Décryptage.
« Discours communicationnel » des entreprises : pourquoi et comment ?
Côté monde du travail, développer un langage commun composé de mots, d’expressions, voire de tics de langage, permet bien sûr d’installer un sentiment d’appartenance au sein d’une corporation ou même d’une entreprise.
Pour le collaborateur, l’utiliser, c’est fuir le complexe de l’imposteur, comprendre et accepter les codes de son milieu, bref ; se légitimer. Cela peut paraître simple et basique, pourtant, quelquefois, le poids – ou, plus précisément, l’allègement – des mots utilisés revêt une réalité plus complexe.
Comment, par exemple, le très anxiogène « plan de licenciement » s’est-il mué en « plan de sauvegarde de l’emploi », transformant presque le dispositif en une démarche positive et porteuse d’espoir ?
De même, évoquer un « différentiel » entre les résultats et l’objectif est moins agressif que la sentence « Tu as foiré ton année », même si la teneur du message est souvent à peu près identique !
Il est établi par les linguistes que certaines expressions managériales font leur apparition tout simplement sous l’impulsion d’une stratégie de communication, qui a pour objectif de rendre plus positives, empathiques ou audibles certaines pratiques ou situations.
Jargon pro : les grands classiques et les derniers arrivés…
Les mondes de la pub, du journalisme et de l’édition ont été parmi les premiers, en France, à « coder » leur communication, faisant dès le début des années 80 la part belle aux anglicismes. Les incontournables, qui d’ailleurs ont survécu au poids des décennies, restent les ASAP (as soon as possible/dès que possible) ; FYI (for your information/pour votre information) ; B to B (business to business/activité d’entreprise à entreprise) ; B to C (business to consumer/activité d’entreprise au consommateur final) ; « draft » (brouillon/ébauche) ; « débrief » (bilan/compte-rendu) ; et autres « deadlines » (échéances à respecter), etc.
Dans le monde de la mode, le « wording » s’appuie également sur de nombreux anglicismes, au nombre desquels on compte le « book », le « look », l’« outfit », le « slim fit », la coupe « oversize », etc.
Parmi les grands classiques « transverses », qui s’installent de manière plus globale dans le monde du travail sans forcément s’appuyer sur la langue de Shakespeare, citons en vrac « être charrette » (en retard) ou proactif (hyperactif, mais avec l’efficacité en plus !). Assister à une réunion avec la « dircom » (direction commerciale ou de la communication… c’est selon), avec le « codir » (comité de direction) ou avec son « N+1 » (supérieur hiérarchique direct). Ou encore, « pousser un dossier » à un collaborateur interne avant de filer à l’extérieur pour un « rendev’ » ou un « dej’ »… Deux évènements qui se passent de traduction !
Le podium des petits derniers arrivés met à l’honneur quelques anglicismes… Le « quiet-quitting », une expression traduite par « démission silencieuse », qui est à double entrée. En effet, elle est, dans certains cas, utilisée pour illustrer la volonté du salarié de ralentir sa cadence pour effectuer le minimum syndical, tandis que d’autres l’interprètent comme une mise au placard du collaborateur par sa hiérarchie. Il y a tout de même un point de convergence : pas de zèle !
Le terme « evolved workweek », quant à lui, a vu le jour à la faveur de la pandémie, exprimant les nouveaux modes organisationnels hebdomadaires, jonglant avec la présence au bureau, le télétravail, le coworking… Ou encore en WFA (Work from anywhere : travailler de n’importe où !).
Enfin, la liste est loin d’être exhaustive, mais puisqu’il faut bien s’arrêter, citons l’injonction d’être heureux : le « pleasanteeism », qui a également fait une entrée fracassante ces dernières années, et qui n’est rien d’autre qu’une invitation explicite à se montrer sous son meilleur jour au bureau, et ce, quelle que soit sa véritable humeur du jour !
Conceptrice- rédactrice, conseil en écriture, auteur, biographe, formatrice pour adultes
Après avoir été gérante d’une agence de communication, directrice déléguée d’un hebdomadaire, puis manager commerciale d’une équipe de commerciaux grands comptes, j’en ai eu assez de jongler avec …
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