Période d'essai : les conventions collectives ne peuvent plus prévoir de durées plus longues que la loi !

Publié le 04/09/2023 à 09:19 dans Conventions collectives.

Temps de lecture : 4 min

A partir du 10 septembre 2023, il ne sera plus possible d'appliquer des durées de période d’essai plus longues que les durées légales, en application d’accords de branche antérieurs à la loi du 25 juin 2008. Cette disposition est issue de la loi d'adaptation au droit européen, dite loi DDADUE, parue en mars.

Conventions collectives : des durées de périodes d'essai légales assorties de dérogations

Depuis 2008 et la loi de modernisation du travail, le Code du travail fixe les règles de durées maximales des périodes d’essai. Ainsi, pour un CDI, la durée maximale de la période d'essai est :

  • de 2 mois pour les ouvriers et les employés ;
  • de 3 mois pour les agents de maîtrise et les techniciens ;
  • de 4 mois pour les cadres.

Mais cette loi de 2008 a aussi prévu qu’il reste possible d’appliquer :

  • les durées plus longues fixées par les accords de branche conclus avant le 26 juin 2008, date de publication de la loi (sachant que ces durées doivent rester « raisonnables ») ;
  • les durées plus courtes fixées par des accords collectifs conclus après cette même date de publication ;
  • les durées plus courtes fixées dans la lettre d’engagement ou le contrat de travail.

Par ailleurs, la période d’essai peut être renouvelée une fois si un accord de branche étendu le prévoit.

Conventions collectives : des durées maximales dérogatoires source de multiples litiges

La dérogation permettant d’appliquer des durées conventionnelles « plus longues » a donné lieu à plusieurs contentieux. Sur les 185 conventions collectives de branche de plus de 5000 salariés, 9 contiennent des stipulations relatives à des périodes d’essai pour les cadres d’une durée supérieure à la durée maximale légale.

Tel est le cas, par exemple, de :

Conséquence : au cours des dernières années, à plusieurs reprises, les juges ont invalidé certaines de ces durées, considérées comme « déraisonnables » au regard de l'emploi considéré. Cela a été, par exemple, le cas pour la convention collective des producteurs salariés de base des services extérieurs de production des sociétés d'assurances (voir notre article « Conventions collectives : 6 mois pour une période d’essai, est-ce excessif ? »).

Conventions collectives : fin des dérogations aux durées maximales

Face à ce constat, et pour tenir compte des exigences du droit communautaire de limiter par principe à 6 mois la durée de la période d’essai, le législateur s'est saisi de la question. C'est ainsi que la loi d'adaptation au droit européen contient une disposition qui supprime l'exception relative aux durées maximales.

Ce changement entre en vigueur 6 mois après la promulgation de la loi, soit pour tous les CDI conclus à compter du 10 septembre 2023.

Entre mars (date de la publication de la loi) et aujourd’hui, plusieurs branches qui appliquaient des durées supérieures ont adapté le contenu de leur convention collective. Il s’agit des secteurs :

  • de la banque ;
  • des sociétés d’assurance ;
  • de l’inspection d’assurance ;
  • du notariat ;
  • de la promotion immobilière.

Exemple

Dans le secteur de la banque, la période d’essai pour les cadres était de 6 mois. Elle a été ramenée à 4 mois par avenant du 8 juin 2023 étendu par arrêté du 18 juillet 2023.

Autre exemple dans le notariat qui prévoyait 5 mois de période d’essai pour les cadres. Là aussi, cette durée a été ramenée à 4 mois, renouvelable dans la limite de 2 mois, par avenant n° 50 du 25 mai 2023 non étendu à ce jour.

Citons également le secteur des sociétés d’assurance dans lequel la période d’essai des classes 5, 6 et 7 pouvait aller jusqu’à 6 mois renouvelable dans la limite d’un an. Par avenant du 27 juin 2023, cette durée a été réduite à 4 mois, renouvelable dans la limite de 8 mois.

Loi n° 2023-171 du 9 mars 2023 portant diverses dispositions d'adaptation au droit de l'Union européenne dans les domaines de l'économie, de la santé, du travail, des transports et de l'agriculture, Jo du 10