Prime d’outillage dans le BTP : quelles sont les obligations des employeurs en 2022 ?
Temps de lecture : 4 min
Contenu ancien
Il se peut que les informations contenues dans cet article et les liens ne soient plus à jour.
La question revient parfois dans certaines entreprises ou cabinets d’expertise-comptable. Et au fait, doit-on verser une prime d’outillage aux salariés de chantiers ? Si oui, à quelle hauteur et comment ? Pour répondre à cette question, il faut se plonger dans l’état des règles de droit en vigueur dans le BTP en 2022.
Prime d’outillage : un cadre conventionnel réduit à peau de chagrin
Par principe, la fourniture de l’outillage est à la charge exclusive de l’employeur. Au sens de la réglementation applicable, l'outillage nécessaire aux professions du BTP constitue un équipement de travail. Il doit donc être choisi, fourni gratuitement, entretenu et remplacé par l'employeur.
Il reste possible d’imposer aux salariés d’utiliser leurs propres outils. A condition d’indemniser le salarié des coûts liés, qui auraient dû incomber à l’entreprise.
La prime d’outillage a donc pour objet de compenser la fourniture par le salarié des outils en lieu et place de l’employeur. Les conventions collectives du BTP prévoient la possibilité de l’utilisation de la prime d’outillage.
Une prime d’outillage peut ainsi être prévue dans un accord régional ou départemental applicable aux entreprises du Bâtiment. L’entreprise doit alors verser la prime selon les modalités prévues par l’accord aux salariés bénéficiaires.
Le sort des entreprises du Bâtiment comme celles entreprises des Travaux publics est différent.
La suite du contenu est réservée aux abonnés à l'Actualité Premium
Essayez l'Actualité Premium
À partir de 9,90€ / mois- Déblocage de tous les articles premium
- Accès illimité à tous les téléchargements
Prime d’outillage : un cadre conventionnel réduit à peau de chagrin
Par principe, la fourniture de l’outillage est à la charge exclusive de l’employeur. Au sens de la réglementation applicable, l'outillage nécessaire aux professions du BTP constitue un équipement de travail. Il doit donc être choisi, fourni gratuitement, entretenu et remplacé par l'employeur.
Il reste possible d’imposer aux salariés d’utiliser leurs propres outils. A condition d’indemniser le salarié des coûts liés, qui auraient dû incomber à l’entreprise.
La prime d’outillage a donc pour objet de compenser la fourniture par le salarié des outils en lieu et place de l’employeur. Les conventions collectives du BTP prévoient la possibilité de l’utilisation de la prime d’outillage.
Une prime d’outillage peut ainsi être prévue dans un accord régional ou départemental applicable aux entreprises du Bâtiment. L’entreprise doit alors verser la prime selon les modalités prévues par l’accord aux salariés bénéficiaires.
Le sort des entreprises du Bâtiment comme celles entreprises des Travaux publics est différent.
Des accords locaux conclus sur la base de la convention collective nationale des ouvriers du Bâtiment (par application de l’article 1.3 de la CCN) prévoyaient le montant de prime d’outillage. Aucun ancien accord local ou avenant local ne reste en vigueur dans la branche du Bâtiment, tous ces anciens accords ou avenants ayant été dénoncés à l’été 2019.
Aucune prime d’outillage ne peut en conséquence être revendiquée sur la base de la convention collective des ouvriers du Bâtiment sauf nouvel accord conclu postérieurement à cette date. Il n’y a pas d’accord de ce type étendu à ce jour.
Pour les entreprises des Travaux publics, la convention collective nationale des ouvriers mentionne la question des primes d’outillage en renvoyant à la conclusion d’avenants de spécialité pour leur mise en place. Si aucun avenant de spécialité prévoyant une telle prime ne couvre le champ de l’entreprise, alors aucune obligation conventionnelle ne s’impose à l’employeur. Or, à ce jour, aucun avenant de spécialité ne traite du sujet. Un avenant avait bien été conclu en date du 23 avril 1969 pour les entreprises appartenant aux entreprises de travaux électriques des Travaux publics (entreprises adhérentes au SERCE) mais cet avenant est considéré comme dénoncé depuis l’entrée en vigueur de la CCN des ouvriers du 15 décembre 1992.
Conclusion :
Aucune disposition au niveau des branches du Bâtiment et des Travaux publics n’impose à ce jour un cadre juridique pour les primes d’outillage. Mais un accord local conclu dans le Bâtiment ou un avenant de spécialité conclu dans les Travaux publics peut à l’avenir fixer un tel cadre. Aux employeurs de vérifier régulièrement l’absence de tout nouvel accord ou avenant.
Prime d’outillage : des choix à faire au niveau de l’entreprise
Faute de cadre juridique au niveau de la branche, et en l’absence de toute disposition légale sur la question de l’outillage, il appartient donc à chaque entreprise de fixer les modalités internes du versement d’une prime d’outillage venant se substituer à la fourniture directe des outils. En gardant à l’esprit que l’entreprise pourrait aussi opter pour un remboursement au réel sur factures des dépenses engagées par les salariés au titre de l’outillage.
Un accord d’entreprise, une décision unilatérale voire un usage est susceptible d’encadrer l’existence d’une prime d’outillage propre à l’entreprise. Il est nécessaire de prévoir certains points-clés : le montant forfaitaire de la prime, les bénéficiaires, les conditions de versement, le préavis à respecter en cas de retour en arrière (l’employeur devant pouvoir choisir de fournir gratuitement les outils et ne plus verser de prime) et les obligations du salarié (le versement de la prime devant bien être lié à la fourniture et l’entretien des outils par le salarié lui-même, selon une procédure arrêtée par l’employeur en fonction du métier de ce salarié).
Attention
Au niveau social et fiscal, une prime d’outillage est considérée comme exonérée de charges sociales (y compris les cotisations OPPBTP, congés payés ou intempéries) dès lors que la prime n’excède pas les frais réellement engagés par les salariés pour l’acquisition, l’entretien et le renouvellement de l’outillage. Elle est aussi exonérée d’impôt sur le revenu. En cas d’application de la déduction forfaitaire spécifique, il semble nécessaire d’intégrer le montant de la prime d’outillage dans l’assiette des cotisations car son versement est assimilable à un remboursement de frais professionnels. Compte tenu des risques en cas de contrôle URSSAF et de l’absence de cadre conventionnel au niveau de la branche, l’utilisation de la prime d’outillage en 2022 par les entreprises du BTP n’est pas à privilégier. Un accompagnement juridique lors de la mise en place s’impose pour limiter les contentieux avec les salariés comme avec l’URSSAF.
Expert en droit du travail et relations sociales, www.didrh.fr
Auteur des documentations SOCIAL BATIMENT, SOCIAL TRAVAUX PUBLICS et RESPONSABLE ET GESTIONNAIRE PAIE BTP pour les Editions Tissot. Formateur en droit du travail auprès des entreprises et des …
- Nouveautés sociales BTP : ce qui change au 1er janvier 2025Publié le 14/01/2025
- Réduction générale des cotisations patronales BTP : comment la calculer pour le mois de janvier 2025 ?Publié le 14/01/2025
- Index égalité : ce qu’il faut savoir pour 2025 dans le BTPPublié le 14/01/2025
- Salaires minimaux du bâtiment et des travaux publics : les modifications de la semainePublié le 14/01/2025
- Cotisation intempéries : les taux applicables à compter du 1er avril 2025Publié le 10/01/2025