Prononcer une mise à pied conservatoire : quel délai respecter ?
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Un de mes salariés a commis des faits que je considère comme grave et je ne veux pas qu’il puisse effacer des preuves de son ordinateur. Aussi, je souhaite le mettre à pied à titre conservatoire pour éviter cela. Sous quel délai dois-je prononcer la mise à pied et ensuite convoquer le salarié à un entretien préalable ?
Mise à pied conservatoire : définition
Si les faits que vous reprochez à votre salarié paraissent d’une gravité telle qu’ils justifient sa mise à l’écart, vous pouvez prononcer une mise à pied à titre conservatoire dans l’attente de la décision à intervenir.
Mise à pied conservatoire : engager la procédure disciplinaire dans les plus brefs délais
Lorsque vous notifiez une mise à pied conservatoire à votre salarié, vous devez engager dans les plus brefs délais la procédure disciplinaire, et ce, en convoquant le salarié à un entretien préalable à un éventuel licenciement. Mais sous quel délai ?
Dans une affaire soumise à l’appréciation récente de la Cour de cassation, un salarié avait été mis à pied un 8 septembre et avait été convoqué le 15 septembre à un entretien préalable à un éventuel licenciement. La convocation à entretien préalable était donc espacée de 7 jours calendaires (4 jours ouvrés) de la notification verbale de la mise à pied.
Le salarié a alors saisi la juridiction prud’homale au motif que nul ne peut être sanctionné deux fois pour les mêmes faits. La cour d’appel avait débouté le salarié au motif que seulement 4 jours travaillés avaient séparé la notification de la mise à pied conservatoire et la convocation à entretien préalable.
La Cour de cassation a, quant à elle, suivi le même raisonnement que le salarié : la procédure de licenciement avait été engagée 7 jours après la notification de la mise à pied sans qu’aucun motif soit de nature à justifier ce délai. La mesure de mise à pied prononcée à l’encontre du salarié présentait donc le caractère d'une sanction disciplinaire. Ainsi, l'employeur ne pouvait ensuite décider à raison des mêmes faits le licenciement de l'intéressé.
Dans un tel cas, le licenciement prononcé est considéré comme étant dépourvu de cause réelle et sérieuse, ce qui a des conséquences financières (paiement des indemnités liées à la rupture du contrat, d’indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse et éventuellement de dommages et intérêts).
Vous devez donc convoquer votre salarié à un entretien préalable concomitamment à la notification de la mise à pied conservatoire sauf à ce que vous puissiez justifier d’un motif expliquant un délai d’attente. Tel est le cas, par exemple, lorsque vous devez mener des investigations sur les faits reprochés à votre salarié ou en cas de poursuites pénales engagées à l’encontre de votre salarié pour les faits fautifs.
Nous vous recommandons donc de convoquer votre salarié à un entretien préalable en même temps que vous le mettez à pied à titre conservatoire. Précisez bien à cette occasion que cette mesure de mise à pied revêt un caractère conservatoire. Ainsi, vous écartez au maximum le risque de requalification en mise à pied disciplinaire.
Cour de cassation, chambre sociale, 14 avril 2021, n° 20-12.920 (sauf exception – motif justifiant un délai plus long - la mise à pied conservatoire doit immédiatement être suivie de l'engagement de la procédure disciplinaire ou la mesure présente le caractère d’une sanction)
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