Refuser de travailler avec un autre collègue : une faute grave ?

Publié le 08/04/2019 à 07:00, modifié le 12/04/2019 à 15:33 dans Licenciement.

Temps de lecture : 2 min

Contenu proposé par les :

Logo

Moins de jargon, plus de solutions

Les Éditions Tissot facilitent l'application du droit du travail au quotidien dans les entreprises.

Contenu ancien

Il se peut que les informations contenues dans cet article et les liens ne soient plus à jour.

Une simple mésentente ou incompatibilité d’humeur entre deux salariés ne peut pas justifier un licenciement. Mais si un salarié finit par refuser de travailler avec un collègue peut-on considérer qu’il commet une faute rendant impossible son maintien dans l’entreprise ?

La mésentente peut justifier un licenciement non disciplinaire

Il n’est pas possible d’exiger d’un salarié de forcément bien s’entendre avec tous ses collègues. La mésentente n’est pas en soi un motif de licenciement. Par contre il ne faut pas qu’un salarié ait un comportement qui nuise au bon de fonctionnement de l’entreprise.

Si le salarié entretient la mésentente (dénigrement, injures, etc.), ne fait aucun effort pour remédier au problème, cela peut aboutir à un licenciement. Le plus souvent, l’employeur va choisir d’agir sur un terrain non disciplinaire et licencier le salarié pour trouble au bon fonctionnement de l’entreprise. Cela suppose toutefois qu’il y ait des faits objectifs, précis, vérifiables et matériellement imputables au salarié concerné.

Le comportement du salarié peut aussi être sanctionné sur le terrain disciplinaire.

Le refus de travailler avec un collègue peut constituer une faute grave

La Cour de cassation s’est prononcée sur la possibilité de licencier pour faute un salarié qui refuse de travailler avec un autre.

En l’espèce une salariée médecin avait manifesté de manière réitérée son refus de de poursuivre sa collaboration avec l’un de ses collègues médecins malgré un premier avertissement. L’employeur décidait de la licencier pour faute grave pour ce refus de travailler avec un collègue et des propos excédant les règles de la courtoisie et de la bienséance.

Les juges lui donnent raison, estimant que le refus de travailler avec un collègue, violemment pris à partie à plusieurs reprises, rendait impossible le maintien de la salariée dans l'entreprise. Ni la situation de sous-effectif invoquée par la salariée, ni le fait qu’elle se soit emportée dans le cadre d’une réunion fermée entre les protagonistes n’ont pu justifier son comportement.

Attention, lorsque deux salariés ne s’entendent pas vous devez intervenir et ne pas laisser se dégrader la relation de travail au risque de voir la responsabilité de l’entreprise engagée. Pour vous aider à faire aux situations du quotidien, les Editions Tissot vous conseillent leur documentation « Gérer le personnel ».


Cour de cassation, chambre sociale, 6 mars 2019, n° 17-24.605 (un salarié déjà averti qui refuse de travailler avec un collègue commet une faute rendant impossible son maintien dans l’entreprise)

3133

Anne-Lise Castell

Juriste en droit social