Règlement intérieur : comment le rédiger et le modifier ?

Publié le 18/05/2009 à 00:00, modifié le 11/07/2017 à 18:19 dans Sanction et discipline.

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Votre rôle d’employeur vous impose d’organiser la vie au sein de votre entreprise. Le règlement intérieur vous permet de formaliser ces règles dans des domaines essentiels : la discipline, l’hygiène et la sécurité. Mais attention : sa rédaction, sa mise en place et sa modification répondent à des règles précises qu’il vous faut connaître.

Le règlement intérieur est obligatoire dans toutes les entreprises de 20 salariés et plus, facultatif dans les autres.

Il fixe les règles relatives à l’organisation du travail, à la discipline, à la santé et à la sécurité des salariés et sa mise en place (comme sa modification) répond à une procédure stricte.

En cas de création d’une entreprise comptant au moins 20 salariés, vous avez 3 mois pour élaborer le règlement intérieur.
Quand mettre en place un règlement intérieur ?

Entreprises de 20 salariés et plus. Dès lors que votre entreprise compte 20 salariés ou plus pendant une période de 6 mois, la mise en place d’un règlement intérieur devient obligatoire.

Si votre entreprise comporte plusieurs établissements où sont employés habituellement au moins 20 salariés, vous pouvez établir un règlement intérieur unique pour l’ensemble de ces établissements, sous certaines conditions. Pour plus de précisions, voir notre article du 27 avril dernier : « Discipline : un règlement intérieur identique pour plusieurs établissements, c’est possible ».

Entreprises de moins de 20 salariés. Dans ce cas, rien ne vous empêche de mettre en place un règlement intérieur.

Mais dès lors que vous faites ce choix, vous devez respecter toutes les règles légales relatives à son élaboration et à sa mise en place.


Contenu du règlement intérieur

Dispositions obligatoires. Le contenu de ce document est strictement limité par la loi. Vous n’êtes donc pas libre d’inscrire d’autres dispositions que celles relatives :
  • à l’hygiène et la sécurité ;
  • à la discipline ;
  • aux droits de la défense des salariés ;
  • à la protection des victimes et des témoins de harcèlement sexuel et/ou moral.

Dispositions interdites. Les dispositions du règlement intérieur ne peuvent pas être contraires aux lois ou règlements existants. Sont ainsi prohibées :
  • les clauses liées au contrat de travail : période d’essai, rémunération, durée du préavis, exercice du droit de grève, etc. ;
  • les clauses discriminatoires ;
  • les clauses restrictives de liberté : atteinte à la vie privée, à la liberté du mariage par le biais de clauses de célibat par exemple ;
  • les sanctions pécuniaires : clauses prévoyant une réduction, voire une suppression de primes suite à un retard ou en cas d’absence par exemple.


L’hygiène et la sécurité

Le règlement intérieur fixe les mesures permettant d’appliquer la réglementation en vigueur en matière d’hygiène et de sécurité et les mesures de prévention des accidents du travail et maladies professionnelles.

La notion d’hygiène et de sécurité doit être entendue au sens large, puisqu’elle englobe notamment le domaine de la médecine du travail : l’obligation pour les salariés de se conformer aux visites médicalesprévues par la réglementation peut y figurer.

Les mesures relatives à l’hygiène. Vous pouvez prendre, dans le règlement intérieur, toute mesure ayant un lien direct avec l’hygiène au sein de l’entreprise.

Il peut s’agir, par exemple, des règles relatives à :
  • l’interdiction de prendre ses repas sur le lieu de travail ;
  • l’interdiction de fumer sur le lieu de travail ;
  • les conditions d’introduction, de distribution et de consommation des boissons alcoolisées ;
  • les conditions dans lesquelles sont nettoyés les bureaux, armoires et vestiaires.

Les mesures relatives à la sécurité. Des dispositions spécifiques sont insérées dans le règlement intérieur en fonction de la nature des risques existants dans votre entreprise, tels qu’ils résultent de votre document unique d’évaluation des risques.

Ces mesures visent notamment :
  • les conditions d’utilisation des équipements de travail, des substances et préparations dangereuses ;
  • les consignes relatives à la circulation, aux transports, au port des équipements de protection individuelle, etc. ;
  • les conditions dans lesquelles tout salarié doit vous informer de la survenance d’un accident du travail dont il est victime ou témoin.

Vous pouvez également rappeler que les salariés disposent d’un droit de retrait en cas de danger grave et imminent.


La discipline

Le règlement intérieur doit fixer les mesures nécessaires au bon fonctionnement de l’entreprise.

Les règles concernant la discipline. Pour revêtir le caractère disciplinaire, il faut qu’il s’agisse d’une obligation, d’une interdiction ou d’une limitation de faire, telle que, par exemple :
  • l’obéissance aux ordres hiérarchiques ;
  • le respect des horaires, des temps de pause ;
  • l’obligation de prévenir en cas d’absence ou de retard ;
  • l’obligation d’adopter une tenue, un comportement ou des attitudes qui respectent la liberté et la dignité de chacun.

Les règles concernant la nature et l’échelle des sanctions. Il s’agit des différentes sanctions (telles que blâme, avertissement, mise à pied, mutation, rétrogradation, licenciement, etc.) que vous pouvez prendre selon la gravité de la faute commise par le salarié.

En principe, les sanctions sont inscrites dans un ordre croissant.

Attention : il est interdit de lister les fautes possibles en leur attribuant par avance une sanction déterminée.


Les droits de la défense du salarié

Si le règlement intérieur détermine les sanctions qui peuvent être prises, il doit impérativement rappeler les règles relatives à la mise en œuvre de ces sanctions :
  • procédure disciplinaire légale (convocation à un entretien préalable, notification motivée de la sanction, etc.) ;
  • procédure disciplinaire issue de votre convention collective, le cas échéant.

Attention : le règlement intérieur doit rappeler qu’aucun fait fautif ne peut donner lieu à des poursuites au-delà d’un délai de 2 mois à partir du jour où vous en avez eu connaissance, et qu’aucune sanction antérieure de plus de 3 ans ne peut être invoquée à l’appui d’une nouvelle sanction.


Le harcèlement sexuel et le harcèlement moral

Vous êtes tenu d’inclure dans le règlement intérieur les dispositions du Code du travail relatives au harcèlement sexuel et au harcèlement moral dans l’entreprise (articles L. 1152–1 et L. 1153–1).

Le règlement doit mentionner qu’un salarié qui aurait subi ou refusé de subir des agissements de harcèlement, qui en aurait été témoin ou qui aurait révélé ces faits ne peut pas être sanctionné.


Mise en place ou modification : comment procéder ?

Pour la mise en place du règlement intérieur, vous devez suivre une procédure stricte. La modification du règlement intérieur suit les mêmes règles.

Consultation des représentants du personnel. Le règlement intérieur est soumis à la consultation des membres du comité d’entreprise ou, à défaut, des délégués du personnel. Cette consultation est obligatoire pour la régularité de la procédure, même si vous n’êtes en rien lié par l’avis rendu, qu’il soit positif ou négatif.

Le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), s’il existe, est également consulté, mais seulement en ce qui concerne l’hygiène et la sécurité dans l’entreprise.

Dépôt, affichage et communication à l’inspecteur du travail. Le règlement intérieur doit être :
  • déposé en double exemplaire au secrétariat-greffe du conseil de prud’hommes dans le ressort duquel est situé l’établissement ou l’entreprise ;
  • affiché dans les lieux de travail ;
  • envoyé à l’inspecteur du travail en double exemplaire, accompagné de l’avis des représentants du personnel. Retrouvez en téléchargement gratuit un modèle de courrier adapté.

L’inspecteur procède à une vérification du contenu du règlement intérieur. S’il considère que certaines dispositions manquent ou que d’autres sont contraires à la loi, il peut en exiger le retrait ou la modification.

Date d’application. Cette date est fixée dans le règlement intérieur. Elle doit intervenir au plus tôt 1 mois après les formalités de dépôt et de publicité.


Non-respect des règles relatives au règlement intérieur : quelles sont les sanctions ?

Vous pouvez être condamné à une contravention de 750 euros dans les cas suivants :
  • absence de règlement intérieur alors que l’entreprise a un effectif de 20 salariés ou plus ;
  • non-respect des règles de procédure d’élaboration (non-consultation des représentants du personnel, formalités de publicité non respectées, etc.) ;
  • maintien d’une clause déclarée illégale par l’inspecteur du travail.


Pour en savoir plus sur certaines clauses du règlement intérieur qui peuvent poser problème, les Editions Tissot vous proposent un extrait de leur ouvrage « Tissot Social Entreprise ».


Article publié le 18 mai 2009