Heures de délégation : votre employeur doit les payer à l’échéance normale même s’il conteste leur utilisation
Temps de lecture : 3 min
Les temps de délégation sont considérés de plein droit comme du temps de travail effectif. Ils sont payés à la même échéance et ce, même si l’employeur conteste leur utilisation.
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Essayer gratuitement pendant 30 joursJe me connecteHeures de délégation : présomption de bonne utilisation
Afin d’exercer votre mandat dans les meilleures conditions, vous bénéficiez d’heures de délégation. Par exemple, en tant que membre du comité social et économique, le nombre d’heures de délégation est fixé dans le protocole d’accord préélectoral. A défaut de stipulation, c’est le Code du travail qui fixe ce nombre d’heures mensuel selon l’effectif de l’entreprise.
Les heures de délégation sont considérées de plein droit comme temps de travail effectif et ce, qu'elles soient prises pendant ou hors des heures habituelles de travail.
Ce crédit d’heures bénéficie d’une présomption de bonne utilisation.
Le salarié représentant du personnel ne doit subir aucune perte de salaire en raison de l’accomplissement de son mandat.
Heures de délégation : payées à échéance normale même en cas de contestation de l’employeur
Si l’employeur conteste l’usage des heures de délégation allouées à un représentant du personnel, il doit d’abord payer les heures et ensuite il peut saisir le conseil de prud’hommes.
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Ce crédit d’heures peut être exceptionnellement dépassé. Mais dans ce cas, l’employeur peut demander des précisions avant de les payer.
La Cour de cassation vient de rappeler cette règle dans une affaire où l’employeur avait opéré des retenues sur la rémunération d’un salarié. Ce dernier était investi de plusieurs mandats : délégué syndical, représentant syndical au comité d’établissement, membre du CHSCT, défenseur syndical. Il exerçait ses fonctions représentatives à temps plein.
Mais au motif que la durée de ses mandats ne couvrait plus l'intégralité de son temps de travail, l’employeur avait demandé au salarié, au cours de l’année 2018, de reprendre son activité professionnelle. Il a ensuite appliqué une retenue sur salaire à compter d’octobre 2018 au titre des heures de délégation. Le salarié a saisi le conseil de prud’hommes notamment d’une demande au paiement d’une provision pour rappel de salaire pour retenue injustifiée.
Les juges ont bien constaté que l’employeur avait effectué une retenue sur salaire au titre des heures de délégation et ont donc caractérisé l’existence d’un trouble manifestement illicite. Il devait donc rembourser le montant des retenues effectuées et ce, malgré sa contestation selon laquelle les mandats du salarié ne couvraient pas un temps plein.
Les heures de délégation sont à la libre disposition du salarié, représentant du personnel. Sachez que pour des raisons de gestion, l’employeur peut mettre en place, sous certaines conditions, les bons de délégation. Mais attention, cela ne doit pas être une mesure permettant de contrôler l’utilisation du crédit.
Pour de plus amples précisions concernant les heures de délégation, nous vous recommandons de consulter notre documentation « CSE ACTIV ». Elle inclut des procédures interactives Lumio qui vous fournissent un accompagnement personnalisé pour connaître votre crédit d’heures de délégation et pour l’utiliser.
Cour de cassation, chambre sociale, 1er juin 2022, n° 20-16.836 (peu important l’existence d’une contestation sérieuse, l’employeur doit payer les heures de délégation à l’échéance normale)
Juriste en droit social et rédactrice au sein des Editions Tissot
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