Accidents du travail : une plus forte sinistralité affecte la performance économique de l’entreprise

Depuis une vingtaine d’années, des travaux s’attachent à étudier les conséquences économiques de la sinistralité AT/MP, notamment en termes d’analyse des coûts sociaux, administratifs, matériels mais également du retour sur investissement des actions de prévention (analyses coûts-bénéfices). Dans le cadre d’une étude publiée en septembre, l’INRS adopte toutefois une approche nouvelle visant à étudier le lien statistique entre des indicateurs de performance économique et la fréquence d’accidents du travail.

Menée sur un large panel d’entreprises relevant de 83 branches professionnelles et suivies sur une période de 15 ans (de 2003 à 2017), l’étude permet, à l’aide d’une méthodologie économétrique, d’apporter des preuves scientifiques quant à l’existence et l’importance du lien entre sinistralité des entreprises et leur performance économique.

Son principal enseignement : quelle que soit la taille de l’entreprise, l’augmentation des accidents du travail affecte la performance économique de l’entreprise et ce à deux niveaux :

• les accidents du travail font baisser la productivité totale en raison des arrêts de travail et perturbations du processus de production ;
• ils réduisent également l’EBE (excédent brut d’exploitation) de l’entreprise en engendrant des charges d’exploitation liées notamment au remplacement ou à l’absentéisme des victimes.

En moyenne, une augmentation de 10 % de la fréquence des accidents du travail diminue ainsi la productivité de l’entreprise de 0,12 % et son profit de 0,11 % au cours de la même année.

Deuxième enseignement de l’étude : l’effet s’avère très dépendant de la taille des entreprises.

Elle révèle également que l’effet de la survenance des accidents du travail se prolonge dans le temps. Ainsi :

• une augmentation de la fréquence et de la gravité des accidents du travail impacte significativement et négativement la performance de l’entreprise dès la première année et au moins l’année suivante ;
• une augmentation de la fréquence des accidents du travail impacte significativement et négativement la productivité de l’entreprise dès la première année et pendant au moins 4 années (l’impact diminuant toutefois avec le temps).

Au-delà de l’obligation réglementaire de sécurité incombant à l’employeur, les résultats de cette étude constituent un argument fort pour la mise en place d’actions de prévention des risques professionnels en entreprise. Par ailleurs, ils incitent également à la réflexion concernant la mise en place d’outils d’incitation financière complémentaires permettant d’encourager les entreprises à réduire davantage les risques.

Sinistralité et performance économique des entreprises, note scientifique et technique de l’INRS, septembre 2023, NS384