Arrêt maladie : l’employeur qui laisse un salarié travailler depuis son domicile manque à son obligation de sécurité
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Il se peut que les informations contenues dans cet article et les liens ne soient plus à jour.
Lorsqu’un salarié travaille malgré un arrêt maladie, il s'expose à devoir rembourser les indemnités journalières qu’il a perçues. De son côté l’employeur, au courant de la situation, qui laisse le salarié travailler prend le risque de voir le salarié se retourner contre lui pour obtenir une indemnisation des sommes qui ont dû être remboursées. Autre risque et pas des moindres : les juges peuvent considérer que l’employeur a manqué à son obligation de sécurité. Illustration.
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Pas d’activité non autorisée par le médecin pendant un arrêt maladie
Lorsqu’un salarié est en arrêt de travail, son contrat de travail est suspendu et il n’est donc plus rémunéré. Il peut percevoir, sous certaines conditions, des indemnités journalières de la Sécurité sociale. L’employeur peut également être tenu de lui verser un complément de salaire.
Le bénéfice des indemnités journalières est en tout cas subordonné à l'obligation de s'abstenir de toute activité non autorisée par le médecin.
Laisser un salarié travailler pendant un arrêt maladie peut constituer un manquement à l’obligation de sécurité de l’employeur
Lorsqu’un employeur laisse un salarié travailler pendant son arrêt maladie, cela peut constituer un manquement à son obligation de sécurité et engager sa responsabilité civile comme l’illustre une décision récente.
Dans cette affaire, une salariée a été en arrêt maladie plusieurs mois avant de reprendre en mi-temps thérapeutique à domicile.
Elle a agi en justice faisant valoir que l’employeur a manqué à son obligation de sécurité en la faisant travailler pendant son arrêt de travail, 15 jours avant sa reprise.
De son côté l’employeur reconnaissait que la salariée avait travaillé.
Les juges du fond avaient néanmoins considéré que les échanges de mails ne révélaient pas que la salariée avait été contrainte à travailler ni que la demande ponctuelle de renseignements de l’employeur équivalait à l’exercice d’un travail salarié.
Mais la Cour de cassation relève au contraire que l’employeur a proposé à la salariée de reprendre le travail depuis son domicile, à son rythme. Il ressortait que sur 3 jours, la salariée avait travaillé une dizaine d’heures sur un dossier et 4 heures sur un autre. Dès lors, la salariée n’aurait pas dû être déboutée de sa demande en paiement de dommages-intérêts pour manquement de l'employeur à son obligation de sécurité…
En pratique, il est courant que les employeurs échangent des mails avec les salariés pendant leur arrêt maladie. De plus en plus d’ailleurs avec la montée du télétravail et la possibilité pour le salarié de travailler de chez lui.
Mais entre un échange de mails rapide pour un renseignement important ou clôturer une tâche et le fait de laisser un salarié travailler sur un dossier plusieurs heures, il y a une grosse différence.
L’employeur qui constate qu’un salarié travaille malgré son arrêt prend donc de gros risques financiers à laisser faire. Si le salarié reprend son activité avant la fin de l'arrêt, il convient d’informer au plus vite la CPAM de la situation afin qu’elle suspende le versement des indemnités journalières.
Rappel
Lorsque l’employeur laisse un salarié travailler pendant un arrêt maladie et que la Sécurité sociale l’apprend, elle peut demander restitution des sommes versées. Le salarié peut alors se retourner contre l’employeur et demander le versement de dommages et intérêts d'un montant correspondant aux sommes restituées à la CPAM.
Cour de cassation, chambre sociale, n° 21-11.751 (l’employeur qui reconnaît avoir proposé à la salariée, de reprendre le travail depuis son domicile, à son rythme pendant un arrêt de travail manque à son obligation de sécurité)
Juriste en droit social
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