Choisir son questionnaire d’évaluation des RPS

Publié le 18/09/2013 à 06:00, modifié le 11/07/2017 à 18:24 dans Risques psychosociaux.

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En matière d’évaluation des risques psychosociaux, la réalisation d’un questionnaire fait partie des solutions envisageables afin d’évaluer le climat d’un service, au même titre que les entretiens. Cependant, il existe plusieurs types de questionnaires, qui, même s’ils ont un fond commun, se différencient par les variables qu’ils explorent et la théorie sous-jacente conceptualisant le stress.

Voici un aperçu des différents questionnaires à disposition pour évaluer les risques psychosociaux. Il est tout de même préférable de rappeler la nécessité d’utiliser ces questionnaires sur un échantillon suffisamment grand afin de disposer de résultats généralisables et statistiquement viables.

Le questionnaire de Karasek

Ce questionnaire (du nom du chercheur qui a donné son nom à une théorie sur le stress) comporte 26 questions et croise deux types de facteurs de stress : la demande (forte ou faible) faite au travailleur et le contrôle (fort ou faible) que ce dernier exerce sur son activité.

Il aborde également la notion de soutien social, qu’il s’agisse d’un soutien pratique, émotionnel ou informationnel.

Selon Karasek, les personnes ayant un soutien social faible, avec une demande forte et un contrôle faible sont les plus stressées.

Ce questionnaire a l’avantage d’être l’un des plus utilisé et est souvent inclus dans des enquêtes qui visent à explorer l’influence des conditions de travail sur l’individu d’une manière plus large.

Le questionnaire de Siegrist

Ce questionnaire se base sur un modèle développé par le chercheur Siegrist. Il s’agit du modèle Déséquilibre Efforts- Récompenses qui date de 2004. Ce dernier repose sur l’hypothèse qu’une situation de travail caractérisée par une combinaison d’efforts élevés et de faibles récompenses s’accompagne de réactions pathologiques sur le plan émotionnel et physiologique.

Ce modèle étant beaucoup plus récent que le modèle de Karasek, les études qui l’ont validé sont beaucoup moins nombreuses. Cependant des études prospectives ont montré un lien entre une situation de déséquilibre entre l’effort et la récompense et :

  • l’absentéisme ;
  • le divorce, les séparations ;
  • les problèmes de sommeil ;
  • la dépression.

L’enquête SUMER

L’enquête de Surveillance Médicale des Expositions aux Risques professionnels lancée par la DARES (Direction de l’Animation et de la Recherche des Etudes et des Statistiques) est l’une des plus importantes menées à ce jour. Elle poursuit deux objectifs : établir une cartographie nationale des expositions et suivre leur évolution dans le temps. La première a eut lieu en 1987, puis elle a été renouvelé en 1994, 2002, 2009. La dernière version du questionnaire de cette enquête qui regroupe les résultats de plus de 48 000 personnes, aborde le ressenti des salariés et examine les risques psychosociaux par le biais des variables liées aux théories de Karasek et Siegrist. Elle évalue aussi :

  • l’anxiété ;
  • la dépression grâce à l’échelle HADS (Hospital Anxiety Depression Scale) ;
  • les accidents et les arrêts maladie ;
  • la satisfaction au travail ;
  • la santé perçue ;
  • la relation entre santé et travail ;
  • les comportements non adaptés dans le cadre professionnel.

Le questionnaire WOCCQ

Outil composé de trois questionnaires de base, qui constituent ensemble le WOCCQPackage. Ces questionnaires ont été testés et validés en français sur différents échantillons de travailleur belges et jouissent de grandes qualités psychométriques. Ces questionnaires sont le :

  • SPPN : une échelle mesurant le niveau de stress professionnel et de stimulation au travail ;
  • WOCCQ (WOrking Conditions and Control Questionnaire) : questionnaire de 80 items qui font références à des situations de travail concrètes. Il évalue 6 dimensions du travail : les ressources disponibles, la gestion de la tâche, les risques, la planification du travail, la gestion du temps et l’avenir ;
  • Le Relevé des situations problèmes : il s’agit d’une question ouverte où le travailleur doit décrire trois situations typiques de son travail qui sont sources de stress.

Le questionnaire GHQ12

L’objectif de ce questionnaire est de détecter les troubles mentaux actuels non psychotiques. Il permet de mesurer deux aspects d’un épisode psychiatrique. D’un côté, l’incapacité à poursuivre normalement ses activités quotidiennes et de l’autre l’apparition de nouveaux symptômes qui conduisent à un état de stress psychologique.

Ce questionnaire couvre quatre domaines :

  • dépression ;
  • anxiété ;
  • retentissement social ;
  • plaintes somatiques.

Le LIPT

Ce questionnaire évalue la violence psychologique au travail. Il est construit sur la relation entre le stress au travail et la violence psychologique. Il comporte 14 items et explore les expositions à certaines situations au cours des 12 derniers mois. Il a été adapté en français dans l’article suivant : « Niedhammer, S. David, S. Degioanni et 143 médecins du travail. La version française du questionnaire de Leymann sur la violence psychologique au travail : le « Leymann Inventory of Psychological Terror ». Rev Epidemiol Sante Publique 2006 ; 54 : 245–62.

Le HAD

Le Hospital Anxiety and Depression est un test utile pour dépister une tendance dépressive. Il évalue l’anxiété et la dépression.

Pour plus d’informations, il est possible d’obtenir des informations supplémentaires sur le site de l’INRS ou sur le site de la CARSAT de votre région.

Benjamin Chaillou
Psychologue social, chargé de prévention santé et risques psychosociaux