Comment se portent les salariés de l’économie sociale et solidaire ?

Publié le 24/06/2020 à 10:41, modifié le 11/09/2020 à 12:02 dans Risques psychosociaux.

Temps de lecture : 3 min

Contenu ancien

Il se peut que les informations contenues dans cet article et les liens ne soient plus à jour.

Le monde de l’économie sociale et solidaire – soit environ 11 % de l’emploi salarié – a été fortement mobilisé ces derniers mois. L’édition 2020 du baromètre de la qualité de vie au travail administré par Chorum et un questionnaire pour tirer les enseignements de la crise mettent en lumière les facteurs de protection et de risques dans ce secteur ainsi que des pistes d’amélioration de la QVT.

Economie sociale et solidaire : des facteurs de protection toujours bien présents

Les 5467 participants à l’enquête réalisée en octobre et en novembre 2019 le confirment, ce secteur d’activité comporte plusieurs atouts pour la qualité de vie au travail (QVT) :

  • des sentiments de respect, de reconnaissance par les usagers et d’utilité extrêmement forts, identifiés par 85 % des salariés ;
  • une ambiance de travail que près de 8 salariés sur 10 jugent bonne ;
  • une capacité de prise de décision et d’initiative identifiée par 3 salariés sur 4 ;
  • un assez bon niveau de soutien managérial dans les situations difficiles (63 %).

Il en résulte que la note QVT moyenne est de 6,2 sur 10 et que les trois-quarts des répondants sont satisfaits de leur travail actuel, chiffres en augmentation par rapport au baromètre 2016.

Une qualité de vie au travail malmenée par les changements organisationnels

Pourtant, le sentiment d’une dégradation de leur QVT reste partagé par 47 % des salariés et seuls 56 % des répondants ont confiance dans l’avenir de leur structure.

Ce sentiment est majoritairement lié aux changements d’organisation, sachant que moins de la moitié des salariés estiment avoir reçu des informations claires et suffisantes sur les raisons des évolutions ou sur leur mise en œuvre.

D’autres facteurs de risques sont mis en évidence par le baromètre :

  • une charge de travail excessive, pour un salarié sur deux et difficile à gérer pour 63 % des managers ;
  • les injonctions contradictoires (38 %), item en augmentation par rapport à 2017 ;
  • le sentiment de maltraiter les bénéficiaires en raison de leurs conditions de travail (29 %) ;
  • la peur d’être agressé physiquement dans le travail (27 %).

Un secteur fortement mobilisé pendant la crise sanitaire

Pour faire suite à cette période, un autre questionnaire a été administré du 24 avril au 8 mai 2020.

Plusieurs sujets de préoccupation ressortent :

  • le manque de moyens en équipements de protection individuelle ;
  • l’insuffisance de matériel pour rester en contact avec les équipes et les usagers ;
  • différents impacts sur les relations de travail, et notamment la disparition des échanges informels, des difficultés pour le travail en équipe, et la complexité d’un management collaboratif et soutenant à distance ;
  • une surcharge de travail pour l’encadrement ;
  • une situation difficilement tenable, avec le fait de devoir accompagner des personnes en conservant la distanciation sociale.

Ce questionnaire permet d’identifier des conséquences sur la santé physique, psychique, sociale des salariés, avec notamment des tensions internes.

Economie sociale et solidaire : des pistes d’amélioration de la QVT ?

Pour tirer les enseignements de cette crise pendant laquelle « chacun a réussi à faire, malgré tout », les intervenants lors de la restitution de cette enquête soulignent la solidarité entre structures durant cette période et recommandent de s’appuyer sur :

  • la reconnaissance de l’expertise des intervenants sur les besoins des personnes ;
  • l’organisation basée sur l’autonomie et la responsabilité ;
  • la créativité et l’innovation managériale.


Baromètre national QVT dans l’ESS, QVT et organisation du travail : plus rien ne sera comme avant ?, mai 2020

2992

Michaël Bouvard

Chargé de mission qualité de vie au travail

Chargé de mission qualité de vie au travail, j'oeuvre sur différents sujets relevant de ce domaine : prévention et évaluation des risques psychosociaux, prise en compte de la qualité de vie au …