Du droit à la déconnexion au devoir de prévenir l’hyper-connexion

Publié le 16/12/2020 à 07:49, modifié le 24/02/2021 à 12:34 dans Risques psychosociaux.

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Près de 4 ans après son entrée en vigueur, le droit à la déconnexion est aujourd’hui mis à mal par la généralisation du télétravail et des nouveaux modes de travail mis en place précipitamment. Si les préoccupations autour de l’usage intensif des technologies de l’information et de la communication (TIC) en contexte professionnel, notamment pour les cadres, ne datent pas d’hier, le nombre de salariés exposés au « stress numérique » a augmenté de façon très significative et impose aux entreprises de mettre en place de nouvelles mesures de prévention.

Augmentation de la charge mentale, absence de règles claires

Face aux sollicitations constantes provenant des mails, « chat », appels de collègues, etc. de nombreux de salariés ont été exposés ces derniers mois à un stress inédit auquel ils n’étaient pas préparés et face auquel ils ne disposent pas toujours de marges de manœuvre.

Interruptions dans le travail, pression temporelle, excès et flux continu d’informations, les salariés sont en effet soumis à une forte charge mentale pouvant rapidement les conduire à se sentir dépassés par les événements. D’autant plus en cas d’absence de règles claires, par exemple quant aux délais de réponses attendus, générant des difficultés à prioriser et poussant les salariés à une hyper-réactivité et à un traitement des sollicitations en temps réel.

Le télétravail amenant de nouvelles modalités de travail mais parfois aussi une nouvelle organisation personnelle, les salariés ne disposent plus toujours non plus du cadre temporel qui les structurait auparavant et leur permettait de déconnecter (par exemple pause-café ou activités et habitudes au moment du déjeuner qui rythmaient leur journée). Les heures de travail ne sont pas forcément décomptées et le risque d’être sans cesse connecté à son travail par l’intermédiaire des outils numériques, y compris en dehors de ses horaires habituels de travail, augmente sensiblement.

Il devient alors difficile de faire une distinction nette entre les heures de travail et la vie à la maison qui, peu à peu, risque d’être « envahie » par le champ professionnel.

Conséquences de « l’hyper-connexion » et pistes d’actions

De nombreuses études soulignent les conséquences néfastes de cette connexion permanente, les risques qu’elle se transforme en une véritable addiction et porte atteinte à notre santé et à notre vie privée.
Des conséquences sur le sommeil ou encore l’alimentation et l’activité physique sont pointées, mais aussi un véritable risque de stress chronique et de dépression.

Pour lutter contre ce phénomène, et éviter que cette hyper-connexion devienne une norme tacite au sein des entreprises, une prise de conscience collective est nécessaire. Elle doit amener les entreprises et leurs représentants à renégocier et renforcer sensiblement les mesures prévues initialement dans le cadre du droit à la déconnexion, à savoir mettre en place des instruments de régulation de l’outil numérique pour s’assurer du respect des temps de repos et de congés.

La sensibilisation de l’ensemble des salariés à ces enjeux, le positionnement et la responsabilisation du management, mais aussi le repérage de pratiques abusives et l’évaluation de la charge de travail, peuvent faire partie des réponses à mobiliser pour relever ce défi d’actualité.

Vous vous posez des questions sur le droit à la déconnexion ? Les Editions Tissot vous conseillent leur documentation « RPS et QVT : le pas à pas d’une démarche à succès ».

Vous pouvez aussi écouter notre podcast « Hyperconnexion : comment garder le contrôle ».

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Chloé Remmer

Psychologue du travail – Consultante / formatrice

Diplômée d’un Master professionnel de psychologie du travail, Chloé est également formée à l’ergonomie et intervient depuis 12 ans dans le domaine de la santé et la sécurité au travail.

Elle …