Egalité professionnelle et QVCT : recommandations pour négocier un accord
Temps de lecture : 4 min
L’ANACT vient de formuler 10 recommandations pour faciliter la négociation d’un accord sur l’égalité professionnelle et la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT). Elles s’appuient sur l’analyse d’accords signés.
Essayez l'Actualité Premium
À partir de 9,90€ / mois- Déblocage de tous les articles premium
- Accès illimité à tous les téléchargements
L’analyse de l’ANACT porte sur 50 accords signés en 2021 et 2022 au cœur d’une crise sanitaire particulièrement révélatrice d’inégalités. L’idée est d’offrir des pistes pour intégrer les enjeux soulevés par l’égalité professionnelle à la stratégie de l’entreprise, au dialogue social et à l’organisation du travail.
Voici le détail des 10 recommandations.
1/ Intégrer les enjeux d’égalité à la stratégie de l’entreprise et à ses projets
Cela passe notamment par :
- le fait d’inscrire dans le projet de l’organisation la question de l’égalité d’accès à la QVCT pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs ;
- penser à féminiser les noms des métiers de l’entreprise dans les documents internes et externes ;
- ou encore s’engager à suivre et évaluer les progrès en matière d’égalité.
2/ Soigner la préparation des négociations
Pour cela il faut :
- prévoir de traiter les questions d’égalité en amont des négociations ;
- veiller à la mixité des négociateurs et négociatrices ;
- ou encore traiter le sujet des conditions de travail des femmes et des hommes dans le cadre des négociations collectives obligatoires mais aussi dans les autres types d’accord (temps de travail, télétravail, pénibilité, etc.).
3/ Présenter dans l’accord les éléments du diagnostic
Les accords présentent trop peu d’éléments explicites sur la méthode pour établir un diagnostic de la situation comparée des femmes et des hommes. Il est donc conseillé de présenter ces éléments. Et pour cela on peut :
- utiliser l’index égalité professionnelle comme point de départ ;
- poursuivre le diagnostic à partir d’éléments quantitatifs (BDESE) et qualitatifs (entretiens, focus groupes, etc.).
4/ Prévoir un dispositif paritaire de suivi et d’évaluation
Il est conseillé de :
- veiller à la mixité du comité de suivi et de représentation lors du CSE ;
- définir la fréquence des réunions du comité de suivi ;
- ou encore d’intégrer une véritable méthode d’évaluation de l’accord.
5/ Améliorer la mixité des emplois
Les conseils donnés sont :
- de veiller à la mixité des personnes en charge du recrutement et qu’elles soient sensibilisées à l’égalité professionnelle et à la non-discrimination avec des approches non binaires ;
- de mettre en œuvre les moyens pour constituer un vivier de candidatures mixtes pour certains postes et métiers ;
- revoir les grilles de classification pour harmoniser les niveaux des salaires et des emplois à prédominance féminine et masculine.
6/ Favoriser les parcours et situations d’apprentissage pour toutes et tous
Il est conseillé de :
- prévoir des indicateurs permettant de comparer les parcours des femmes et des hommes en croisant les données ;
- développer les actions de formation avec des modalités flexibles en terme de lieux, horaires et rythmes ;
- développer des organisations de travail favorables à l’apprentissage des femmes et des hommes (environnements non sexistes, égalité d’accès aux projets, etc.).
7/ Evaluer et prévenir les risques professionnels pour les femmes et les hommes
Il est demandé de :
- renforcer l’évaluation dans le cadre du document unique en prenant en compte l’impact différencié à l’exposition en fonction du sexe comme le prévoit le Code du travail ;
- ne pas oublier les risques professionnels et la pénibilité des emplois occupés majoritairement par des femmes et les risques liés aux situations de grossesse ou harcèlement sexuel ;
- considérer l’impact des nouveaux projets d’organisation (télétravail notamment) sur le travail des femmes et des hommes.
8/ Agir en amont sur les facteurs de risque des violences sexistes et sexuelles (VSS)
Il est conseillé de :
- préciser l’engagement de l’entreprise en matière de prévention des VSS (tolérance zéro, etc.) ;
- définir le rôle des référents harcèlement sexuel ;
- intégrer le risque de VSS dans le document unique ;
- ou encore développer des actions de prévention en direction du management pour repérer les situations à risque mais aussi des fournisseurs, clients, public (affiches de sensibilisation notamment).
9/ Améliorer l’organisation du temps de travail au bénéfice des femmes et des hommes
Pour cela on peut par exemple :
- développer des mesures d’assouplissement de l’organisation du temps de travail (temps de travail en cohérence avec la garde d’enfant par exemple) pour les femmes comme les hommes ;
- renforcer les aides que peut apporter l’entreprise pour la garde d’enfants et inciter le père à prendre le congé pour enfant malade ;
- ou encore intégrer dans l’accord un travail d’analyse des causes de charge de travail et de sur-connexion.
10/ Soigner les conditions du télétravail et du travail hybride
3 conseils sont donnés :
- identifier les effets du télétravail sur les inégalités professionnelles femmes-hommes (conditions de travail non adaptées au domicile, ralentissement en cas de culture du présentéisme, etc.) ;
- identifier les points de vigilance sur les réalités du télétravail (charge et temps de travail, rapport au collectif, etc.) ;
- veiller à ce que le télétravail ne renforce pas les inégalités existantes ou n’en crée pas de nouvelles et identifier les conditions pour qu’il soit vecteur d’égalité entre les femmes et les hommes.
www.anact.fr, 10 recommandations pour négocier votre accord égalité professionnelle-qualité de vie et des conditions de travail, 12 octobre 2022
Juriste en droit social et rédactrice au sein des Editions Tissot
Diplômée du master 2 DPRT de la faculté de droit de Montpellier et experte en droit social, je suis spécialisée dans la rédaction juridique. Au sein des Editions Tissot, je participe à l'animation …
- Testez vos connaissances sur les grandes actualités de l’été 2023 qui concernent la santé-sécurité au travailPublié le 27/09/2023
- Semaine de 4 jours : l’INRS partage ses recommandationsPublié le 26/09/2023
- Lanceur d’alerte : connaître la procédure de signalement externe auprès de la DGTPublié le 13/09/2023
- Exercer une activité pendant un arrêt maladie : une faute grave ?Publié le 13/09/2023
- Les salariés ont davantage quitté leur entreprise en 2022 qu’avant la crise sanitairePublié le 06/09/2023