Exposition aux rayonnements ionisants : ce qu’il faut retenir du bilan 2023 de l’IRSN

L’établissement d’un bilan annuel sur la radioprotection des travailleurs relève d’une mission réglementaire de l’Institut de Radioprotection et de la Sûreté Nucléaire (IRSN). Établi à partir des données de la surveillance dosimétrique des travailleurs enregistrées dans le Système d’information de la surveillance de l’exposition aux rayonnements ionisants (SISERI), il vise à mettre en évidence des tendances d’évolution des expositions professionnelles par rapport aux années précédentes.

Le bilan 2023 de l’IRSN recense un total de 360 743 travailleurs ayant fait l’objet d’une surveillance dans le cadre de leurs activités professionnelles exposant aux rayonnements ionisants. La répartition des effectifs entre les différents secteurs d’activité est globalement stable : les travailleurs suivis exercent principalement dans le domaine médical, dentaire et vétérinaire (58 %) et dans celui du nucléaire (24 %), suivis du domaine « naturel » (6 %) et de l’industrie non nucléaire (4 %).

L’effectif global de travailleurs suivis connaît néanmoins une diminution de près de 7 % par rapport à 2022. Cette baisse, qui devrait se poursuivre en 2024, s’explique principalement par la refonte de SISERI en 2023 ayant supprimé le label « NC » (travailleur non classé). Autrement dit, seuls les travailleurs classés (catégorie A ou B) sont désormais enregistrés dans SISERI, ce qui réduit de manière importante le nombre de travailleurs à enregistrer, notamment dans certains établissements du domaine médical.

La dose collective connaît une diminution d’environ 5 % par rapport à 2022. Une tendance qui s’explique notamment par la diminution globale des effectifs suivis mais aussi par la baisse de l’exposition des travailleurs à la radioactivité naturelle. A l’inverse, la dose individuelle moyenne de l’effectif exposé augmente : elle est de 0,95 mSv en 2023, soit « légèrement inférieure au niveau nécessitant la mise en œuvre du dispositif renforcé », note l’IRSN. 

Concernant cette dose individuelle moyenne, des disparités importantes existent néanmoins entre les domaines d’activité. Ainsi, les domaines de l’industrie non nucléaire et nucléaire présentent les valeurs les plus élevées avec une augmentation respective de 47 % et 7 % par rapport à 2022. Cette augmentation s’explique en partie par « la croissance des activités dans les domaines de l’industrie non nucléaire et nucléaire (phénomène de corrosion sous contraintes, visites décennales, etc. ». 

Parmi l’ensemble des travailleurs suivis en 2023, près de 93 % des travailleurs suivis ont reçu une dose efficace annuelle inférieure à 1 mSv, seuil au-delà duquel un travailleur doit être classé. Ce résultat illustre selon l’Institut « l’approche prudente retenue par les employeurs en matière de suivi individuel de l’exposition aux rayonnements ionisants ». 

Moins de 1 % de l’effectif suivi a par ailleurs reçu une dose efficace supérieure à 6 mSv (seuil de classement en catégorie A). Enfin, 6 cas de dépassements de la limite réglementaire de 20 mSv pour la dose efficace ont été enregistrés en 2023, dont un cas de dépassement sur 12 mois glissants. 5 cas sur les six dépassements n’ont pas encore été confirmés par la médecine du travail. 

IRSN, La radioprotection des travailleurs en 2023