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Facteurs psychosociaux et accidents du travail, des liens à considérer

Publié le 25/01/2023 à 09:18 dans Accident du travail.

Temps de lecture : 4 min

Après une analyse des données disponibles, des chercheurs de l’INRS estiment que les RPS sont des déterminants essentiels à prendre en compte pour la prévention des accidents du travail (AT). Le rôle des rapports sociaux au travail dégradés, de l’intensité du travail, des exigences émotionnelles ou du manque d’autonomie semble confirmé.

Cette analyse signée de Régis Colin du département épidémiologie entreprise de l’INRS et de ses collègues porte sur une centaine d’études de la littérature internationale. Publiée dans le numéro de décembre 2022 des Archives des maladies professionnelles et de l’environnement, l’analyse confirme l’importance des liens entre RPS et AT et plaide pour une prévention adaptée.

Exigences du travail et comportements à risque

D’après plusieurs études examinées par les chercheurs, des exigences élevées sur le plan psychologique et cognitif peuvent favoriser le non-respect des règles de sécurité et contribuer à la survenue d’AT. Des études montrent ainsi un sur-risque élevé d’AT pour les travailleurs exposés à une forte charge mentale dans le cadre de leur activité.

L’intensité du travail perçue et la pression temporelle peuvent conduire à davantage d’accidents, notamment en cas de faible latitude décisionnelle. Nombre des études publiées sur le sujet mettent en évidence un risque accru pour les personnes déclarant ne pas disposer de marge de manœuvre dans l’exécution de leur tâche.

Les difficultés pour concilier vie professionnelle et vie privée sont aussi des facteurs de risque d’AT tout comme les contraintes professionnelles suivantes :

  • absence de jours de repos consécutifs ;
  • manque de souplesse dans l’organisation des horaires de travail, changements ou irrégularités des horaires ;
  • le fait de devoir fréquemment interrompre ses tâches ;
  • absence de contrôle sur le rythme de travail.

Risque d’AT en cas de rapports sociaux dégradés

Les rapports sociaux au sens large, soit la reconnaissance du travail accompli, les relations avec la hiérarchie et les collègues, la valorisation sociale du métier, les perspectives de carrière ou la rémunération, impactent le risque d’accidents.

Des études montrent un risque plus important lorsque le travailleur déclare un manque de soutien de sa hiérarchie ou de ses collègues. Les conflits de travail en interne sont également associés à un sur-risque. D’autres études soulignent que l’exposition dans le cadre de l’activité professionnelle à une intimidation, des menaces de la part des collègues ou de la hiérarchie est associée à une augmentation des AT.

Le déséquilibre effort/récompense du modèle Siegrist a été désigné par certains auteurs comme un facteur prédictif d’accident de travail, notamment dans le secteur de la santé. Et une étude auprès de pompiers professionnels précise que ceux qui ont le sentiment de ne pas avoir de perspectives de carrière et de rémunération conforme à leur activité sont plus à risque d’avoir un accident.

Exigences émotionnelles et conflits de valeurs

Les exigences émotionnelles, et plus particulièrement les violences externes émanant du public ou des clients, sont un autre facteur de risque d’AT. Des recherches, en particulier dans le secteur de la santé, concluent à une augmentation du risque pour les personnels exposés à des tensions avec le public, des intimidations, des agressions verbales ou des insultes, des gestes hostiles ou offensifs. L’effet éventuel de peur au travail, du contact avec la souffrance ou encore le fait de devoir cacher des émotions n’a pas encore été investigué.

Une étude récente pointe une association significative entre les conflits de valeurs déclarés par des travailleurs et la survenue d’accidents du travail. Les conflits de valeur englobent les conflits éthiques, une qualité empêchée, un sentiment d’inutilité du travail ou encore une atteinte à l’image du métier.

Une causalité à consolider par de nouvelles études

Les auteurs précisent que la majorité des études recensées abordent la question de manière transversale. Il reste de facto difficile de savoir si ce sont les RPS qui augmentent le risque d’AT ou si ce sont les AT qui ont contribué à augmenter les RPS. Aussi les relations entre les dimensions psychosociales et les AT doivent-elles être consolidées par des études longitudinales.

Néanmoins, l’étude française utilisant les données de l’enquête longitudinale « santé et itinéraire professionnel » (SIP) publiée fin 2021 montre qu’une forte exposition aux RPS augmente l’incidence des accidents du travail. Le risque est encore plus élevé chez les travailleurs exposés conjointement à des contraintes physiques importantes.

Les dimensions psychosociales les plus explorées en lien avec les accidents de travail sont surtout les rapports sociaux dégradés au travail et l’intensité du travail, puis dans une moindre mesure l’autonomie et les exigences émotionnelles. « La littérature semble confirmer le rôle de ces dimensions dans la survenue d’AT », soulignent en résumé les chercheurs.

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Etude « Facteurs psychosociaux et accidents du travail, que dit la littérature ? »
Etude SIP