Gare à la confusion entre prévention des RPS et militantisme politique
Temps de lecture : 3 min
Ces dernières années ont vu fleurir les interventions militantes dans les entreprises, notamment sous la forme de stages en lien avec les thèmes de la diversité et de l’inclusion. Ces formations répondraient à une sensibilité sociétale croissante et constitueraient un argument pour fidéliser les jeunes talents, mais elles pourraient bien charrier leur lot de problèmes.
Appauvrir le dialogue plutôt que l’enrichir
Le sujet des formations « diversité et inclusion » n’est pas tant le quotidien de travail que l’on partage avec ses collègues que l’identité de chacun. On y parle donc plus de « l’être » que du « faire ». Or l’Être est un sujet métaphysique, si complexe qu’il a occupé les esprits les plus brillants de l’Humanité depuis des milliers d’années. En résumant ces travaux en quelques heures de formation, on prend le risque de ne proposer au mieux que d’inutiles banalités, ou, dans le pire des cas, de dangereuses approximations.
Par ailleurs, en invitant les participants à juxtaposer une multitude de considérations personnelles, on oublie finalement d’attirer leur attention vers ce qui peut être commun à tous les membres d’une entreprise : l’universel qui est susceptible d’en rassembler tous les membres.
Cristalliser les conflits plutôt que les résoudre
Le risque est fort de créer des conflits interpersonnels autour de clivages d’opinions dont il n’aurait jamais été question si l’on n’avait pas traité ces thèmes dans le cadre formel d’une formation. Il est en effet inévitable, surtout dans les environnements où se côtoient des collaborateurs de cultures différentes, que les participants n’aient ni l’envie ni la capacité de se détacher de leur point de vue personnel.
On reproduit alors au sein de l’entreprise les tensions mises en œuvre dans la société : la création d’un clivage artificiellement abrupte entre différents points de vue, où celui qui n’est pas « pour » est automatiquement taxé d’être « contre », et inversement. Les échanges se concentrent alors sur le ressenti plutôt que sur le travail lui-même.
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Appauvrir le dialogue plutôt que l’enrichir
Le sujet des formations « diversité et inclusion » n’est pas tant le quotidien de travail que l’on partage avec ses collègues que l’identité de chacun. On y parle donc plus de « l’être » que du « faire ». Or l’Être est un sujet métaphysique, si complexe qu’il a occupé les esprits les plus brillants de l’Humanité depuis des milliers d’années. En résumant ces travaux en quelques heures de formation, on prend le risque de ne proposer au mieux que d’inutiles banalités, ou, dans le pire des cas, de dangereuses approximations.
Par ailleurs, en invitant les participants à juxtaposer une multitude de considérations personnelles, on oublie finalement d’attirer leur attention vers ce qui peut être commun à tous les membres d’une entreprise : l’universel qui est susceptible d’en rassembler tous les membres.
Cristalliser les conflits plutôt que les résoudre
Le risque est fort de créer des conflits interpersonnels autour de clivages d’opinions dont il n’aurait jamais été question si l’on n’avait pas traité ces thèmes dans le cadre formel d’une formation. Il est en effet inévitable, surtout dans les environnements où se côtoient des collaborateurs de cultures différentes, que les participants n’aient ni l’envie ni la capacité de se détacher de leur point de vue personnel.
On reproduit alors au sein de l’entreprise les tensions mises en œuvre dans la société : la création d’un clivage artificiellement abrupte entre différents points de vue, où celui qui n’est pas « pour » est automatiquement taxé d’être « contre », et inversement. Les échanges se concentrent alors sur le ressenti plutôt que sur le travail lui-même.
Déprécier l’image de l’entreprise plutôt que l’améliorer
Enfin, le souhait d’afficher sa bonne volonté à travers l’organisation de telle formation pourrait bien nuire à la représentation qu’ont les collaborateurs de leur entreprise :
- les uns estimant que l’on n’en fait pas assez ;
- les autres jugeant que l’entreprise se mêle de sujets qui ne la regardent pas.
En dernier lieu, l’utilisation des budgets de formation pour traiter des sujets sans lien avec le travail ni lien réel avec la vie de l’entreprise se fait toujours au détriment du développement des compétences des salariés et donc de l’amélioration de la qualité des services ou des biens produits.
En conclusion, l’entreprise n’est pas un lieu de partage d’opinions et de débat, mais un lieu de production. Pour impulser un esprit d’équipe, il est plus utile d’orienter la discussion sur ce qui rassemble : ce que nous faisons et comment nous le faisons, autrement dit, quel est notre travail et dans quelles conditions nous l’effectuons.
Psychologue clinicienne - Consultante
Née en 1992 à Enghien-les-Bains, Emma Pitzalis est psychologue clinicienne (Paris X), diplômée en thérapies brèves et stratégiques de l'Institut Gregory Bateson. Emma a débuté sa carrière au sein de …
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