Inaptitude d’un salarié : des problèmes relationnels avec sa hiérarchie peuvent-ils empêcher son reclassement ?

Publié le 08/03/2016 à 08:02, modifié le 11/07/2017 à 18:27 dans Inaptitude professionnelle.

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La Cour de cassation a rendu une décision intéressante sur un salarié inapte que l’employeur n’avait pas pu reclasser en raison de problèmes avec sa hiérarchie. Cet arrêt laisse à penser que les problèmes relationnels entre le salarié et sa hiérarchie semblent pouvoir provoquer une inaptitude et une impossibilité de reclassement.

Inaptitude d’un salarié : la procédure à suivre

Le médecin du travail peut constater l’inaptitude médicale du salarié à son poste de travail lorsqu’il a réalisé :

  • une étude de ce poste ;
  • une étude des conditions de travail dans l’entreprise ;
  • 2 examens médicaux de l’intéressé espacés de deux semaines, accompagnés, le cas échéant, des examens complémentaires (Code du travail, art. R. 4624–31).
Notez-le
un seul examen suffit en cas de « danger immédiat » ou si un examen de préreprise a eu lieu dans un délai de 30 jours au plus.

Dès lors qu’un salarié a été déclaré inapte, vous devez rechercher un reclassement en procédant si nécessaire à des mutations, transformations de postes de travail ou aménagements du temps de travail. Vous devez, lors de cette recherche, tenir compte des préconisations du médecin du travail, et ne pas hésiter à l’interroger.

Notez-le
Il n’existe qu’un seul cas où l’obligation de reclassement ne joue pas : en cas d’inaptitude professionnelle, lorsque le médecin du travail a précisé que le maintien du salarié dans l’entreprise serait gravement préjudiciable à sa santé.

Mais comment remplir cette obligation de reclassement lorsque le médecin du travail précise que l’inaptitude est relationnelle envers toute la hiérarchie au sein de l’entreprise ?

Inaptitude relationnelle : illustration

En l’espèce, une responsable administrative avait été déclarée inapte sans référence à un accident du travail ou une maladie professionnelle.

L’employeur a écrit au médecin du travail pour lui préciser les postes de travail disponibles au sein de l’entreprise et qui pourraient permettre un reclassement. Le médecin du travail indique alors qu’aucun poste ne pouvait convenir au sein de l’entreprise en raison de « l’inaptitude qui est relationnelle envers toute la hiérarchie au sein de l’entreprise ».

La salariée a donc été licenciée pour impossibilité de reclassement. Elle contestait toutefois son licenciement au motif que l’employeur n’avait pas mis en œuvre des mesures de mutations ou transformations de postes de travail au sein du groupe.

La Cour de cassation estime que l’employeur a bien rempli son obligation de reclassement.

Arrêt de la Cour de cassation, chambre sociale, 15 décembre 2015, n° 14–11.858 (pdf | 4 p. | 55 Ko)

En effet, les préconisations du médecin du travail interdisant de maintenir un lien avec certaines personnes dont la DRH de l’entreprise, aucun des postes disponibles (qui avaient un lien hiérarchique avec la DRH) ne pouvaient être proposés à la salariée.

Une inaptitude relationnelle peut donc justifier une impossibilité de reclassement !

Retrouvez toute la réglementation relative à l’inaptitude dans notre documentation « Réglementation en santé sécurité au travail ».

Anne-Lise Castell

Cour de cassation, chambre sociale, 15 décembre 2015, n° 14–11.858 (la recherche de reclassement doit se faire au regard des préconisations du médecin du travail interdisant de maintenir un lien avec certaines personnes)