Inaptitude : un salarié peut-il la contester si le médecin du travail a mal désigné son poste ?
Temps de lecture : 4 min
Un salarié peut contester l’avis d’inaptitude. Mais attention à le faire dans les délais et formes requises car il n’est pas possible ensuite de contester son licenciement au motif que le médecin du travail a mal désigné son poste dans l’avis d’inaptitude.
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Une contestation de l’avis d’inaptitude possible devant le conseil de prud’hommes
Lorsque le médecin du travail constate qu’un salarié est déclaré inapte, son avis peut être contesté tant par l’employeur que par le salarié.
L’action en contestation se fait dans un délai de 15 jours devant le conseil de prud'hommes selon la procédure accélérée au fond.
Bon à savoir
Le conseil de prud’hommes peut confier toute mesure d'instruction au médecin inspecteur du travail territorialement compétent. La décision du conseil de prud'hommes se substitue à l’avis d’inaptitude contesté.
Attention, une fois le délai de 15 jours écoulé, la régularité de l'avis ne peut plus être contestée.
Quid du cas où la contestation ne porte pas sur des éléments de nature médicale ?
La Cour de cassation vient de préciser que le conseil de prud’hommes est compétent pour examiner les éléments de toute nature ayant conduit au prononcé de l'avis. Qu’ils soient ou non de nature médicale.
L’affaire en question concernait un salarié qui s’est vu déclaré inapte pour un poste qui n’était pas celui sur lequel il était affecté. Il décide de contester l'avis d'inaptitude devant le conseil de prud'hommes dans le cadre d'une contestation du licenciement pour inaptitude prononcé au motif que le médecin du travail aurait utilisé un terme inexact pour désigner son poste de travail,
La cour d’appel estime que le Code du travail ne précisant rien concernant les contestations portant sur des éléments qui ne sont pas de nature médicale l’action est recevable. Elle donne d’ailleurs raison au salarié estimant que la procédure de constat d’inaptitude n’avait pas été respectée, l’analyse du poste occupé étant déterminante pour ce constat.
Mais la Cour de cassation ne suit pas. Elle précise que le conseil de prud’hommes saisi en la forme des référés (procédure applicable au moment des faits) peut examiner les éléments de toute nature ayant conduit au prononcé de l'avis. En l'absence d'un tel recours, l’avis d’inaptitude s'impose aux parties et au juge saisi de la contestation du licenciement.
Le salarié n’a donc pas agi par le bon biais de contestation…
Pas sûr pour autant qu’il aurait forcément obtenu gain de cause. Il a déjà été jugé que l’erreur de dénomination sur le poste n’affecte pas forcément la validité de l’avis dans une affaire où le médecin du travail avait vérifié concrètement les conditions d'exercice des fonctions en se rendant dans l’entreprise (Cass. soc., 16 juin 2021, n° 20-10.386).
Bon à savoir
Une seconde affaire a été rendue le même jour dont les faits sont assez proches : une salariée se voit déclarée inapte et la référence au poste qu’elle occupait est erronée dans l’avis. Mais cette fois la salariée conteste bien devant le conseil de prudhommes selon la procédure accélérée au fond. Sa demande est rejetée mais la cour d’appel a ensuite annulé l’avis le jugeant irrégulier. A tort. La Cour de cassation précise que les juges ne pouvaient pas annuler l’avis. Il fallait substituer à cet avis sa propre décision après avoir, le cas échéant, ordonné une mesure d'instruction.
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Cour de cassation, chambre sociale, 25 octobre 2023, n° 22-12.833 (un salarié ne peut contester devant les juges du fond la légitimité de son licenciement pour inaptitude au motif que le médecin du travail aurait utilisé un terme inexact pour désigner son poste de travail s’il n’a pas fait une contestation de l’avis devant le conseil de prud’hommes)
Cour de cassation, chambre sociale, 25 octobre 2023, n° 22-18.303 (la cour d’appel ne peut pas annuler l'avis du médecin du travail déclarant le salarié inapte à son poste, alors qu'il lui appartenait de substituer à cet avis sa propre décision après avoir, le cas échéant, ordonné une mesure d'instruction)
Juriste en droit social et rédactrice au sein des Editions Tissot
Diplômée du master 2 DPRT de la faculté de droit de Montpellier et experte en droit social, je suis spécialisée dans la rédaction juridique. Au sein des Editions Tissot, je participe à l'animation …
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