Intelligence artificielle : quels impacts sur le monde du travail ?
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Une nouvelle étude publiée le 17 mai 2024 par le LaborIA expose les enjeux liés au déploiement des systèmes d’intelligence artificielle (SIA) au travail et propose plusieurs recommandations pour favoriser une IA bénéfique pour les travailleurs et les entreprises.
Intelligence artificielle : une appropriation complexe dans le monde du travail
Le déploiement des systèmes d’intelligence artificielle (SIA) dans les organisations soulève des questions majeures sur l’avenir du travail.
Créé en 2021 par le ministère du Travail et l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (INRIA), le laboratoire de recherche-action LaborIA cherche à mieux comprendre les mécanismes d’appropriation et d’usage des SIA et leurs conséquences, ainsi que les facteurs favorisant une IA bénéfique pour les travailleurs et les entreprises.
Sa dernière étude, publiée le 17 mai 2024, dresse le bilan d’une enquête par questionnaire menée auprès de décideurs d’entreprise et analyse une série d'investigations réalisées sur le terrain au premier semestre 2023. Son objectif : recueillir les perceptions des différentes parties prenantes sur les SIA (décideurs, salariés, ingénieurs, etc.) dans différentes organisations (publiques et privées).
Le LaborIA constate « des résultats inédits sur les interactions humain-machine et les enjeux d’appropriation de l’IA dans le monde du travail ». Ces résultats sont résumés en trois points saillants :
- le déploiement de l’IA ne constitue pas l’aboutissement d’un processus d’innovation mais marque au contraire le début d’un processus continu d’apprentissage et d’adaptation. En effet, les travailleurs doivent non seulement utiliser les SIA mais aussi participer à leur entretien, leur amélioration et leur supervision ;
- les échecs et réussites des projets d’IA dépendent de la capacité à trouver un compromis entre les différentes parties prenantes. Selon le LaborIA, il existe une opposition entre une logique “gestionnaire” de l’IA promue par les concepteurs et décideurs (qui perçoivent d’abord l’IA comme un moyen d’accroître la productivité) et une logique du “travail réel” des salariés pour qui l’IA soulève davantage d’interrogations notamment en termes de conséquences concrètes sur leur travail ;
- l’IA peut avoir des effets inattendus sur l’organisation du travail et le management dans l’entreprise. Par ailleurs, les différents modes d’organisation du travail - très hiérarchisés ou laissant plus de place à l’autonomie - influent aussi de manière importante sur la réception et l’appropriation d’un SIA.
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Intelligence artificielle : une appropriation complexe dans le monde du travail
Le déploiement des systèmes d’intelligence artificielle (SIA) dans les organisations soulève des questions majeures sur l’avenir du travail.
Créé en 2021 par le ministère du Travail et l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (INRIA), le laboratoire de recherche-action LaborIA cherche à mieux comprendre les mécanismes d’appropriation et d’usage des SIA et leurs conséquences, ainsi que les facteurs favorisant une IA bénéfique pour les travailleurs et les entreprises.
Sa dernière étude, publiée le 17 mai 2024, dresse le bilan d’une enquête par questionnaire menée auprès de décideurs d’entreprise et analyse une série d'investigations réalisées sur le terrain au premier semestre 2023. Son objectif : recueillir les perceptions des différentes parties prenantes sur les SIA (décideurs, salariés, ingénieurs, etc.) dans différentes organisations (publiques et privées).
Le LaborIA constate « des résultats inédits sur les interactions humain-machine et les enjeux d’appropriation de l’IA dans le monde du travail ». Ces résultats sont résumés en trois points saillants :
- le déploiement de l’IA ne constitue pas l’aboutissement d’un processus d’innovation mais marque au contraire le début d’un processus continu d’apprentissage et d’adaptation. En effet, les travailleurs doivent non seulement utiliser les SIA mais aussi participer à leur entretien, leur amélioration et leur supervision ;
- les échecs et réussites des projets d’IA dépendent de la capacité à trouver un compromis entre les différentes parties prenantes. Selon le LaborIA, il existe une opposition entre une logique “gestionnaire” de l’IA promue par les concepteurs et décideurs (qui perçoivent d’abord l’IA comme un moyen d’accroître la productivité) et une logique du “travail réel” des salariés pour qui l’IA soulève davantage d’interrogations notamment en termes de conséquences concrètes sur leur travail ;
- l’IA peut avoir des effets inattendus sur l’organisation du travail et le management dans l’entreprise. Par ailleurs, les différents modes d’organisation du travail - très hiérarchisés ou laissant plus de place à l’autonomie - influent aussi de manière importante sur la réception et l’appropriation d’un SIA.
Comment favoriser une intelligence artificielle bénéfique aux entreprises et aux salariés ?
Dans un second temps, l’étude présente cinq recommandations principales pour « outiller le dialogue social et technologique » en faveur d’une intégration bénéfique de l’IA dans le monde du travail :
- partir du travail réel - ce que les travailleurs font vraiment - plutôt que du travail prescrit - ce que les travailleurs font en théorie - pour penser le rôle et la place des IA. Cela nécessite d’impliquer les travailleurs tout au long du processus d’innovation ;
- favoriser des interactions avec l’ensemble des protagonistes du projet de SIA pour co-définir la configuration sociotechnique (objectifs, règles d’usage, distribution des rôles et tâches, etc.) ;
- mettre l’IA au service de la sécurisation des travailleurs. Autrement dit, viser le déploiement de SIA centrés sur l’amélioration de la qualité de vie au travail, la réduction des risques professionnels et l’appui aux pratiques professionnelles ;
- rendre les SIA « explicables » pour permettre aux décideurs et utilisateurs de comprendre leur fonctionnement et favoriser leur acceptation ;
- accepter une part d’imprévisibilité dans les bouleversements produits par l’IA, en prenant en compte les potentiels effets inattendus de l’IA sur le travailleur, le travail et l’organisation.
En mars 2024, la Commission de l’intelligence artificielle avait recommandé d’investir dans la recherche sur les impacts de l’IA pour faire de la France un acteur majeur de cette révolution technologique. Dans ce but, le LaborIA vise à devenir le centre de ressources spécialisé sur les questions de l’impact de l’IA au travail, notamment en concevant des ressources et méthodes pour outiller l’écosystème des politiques de l’emploi et du travail.
Ministère du travail, LaborIA : résultats de l’étude exploratoire sur l’intelligence artificielle au travail, 31 mai 2024
Juriste, rédactrice en droit de l’environnement et santé-sécurité au travail
Titulaire du Master 2 en droit de l’environnement de l’Université Paris-Saclay, j’ai d’abord exercé en bureau d’études en tant que juriste consultante hygiène-sécurité-environnement (HSE). J’exerce …
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