Intensification et autonomisation du travail : quels impacts sur la santé mentale des salariés ?
Temps de lecture : 3 min
Au cours de ces dernières années, plusieurs innovations technologiques, organisationnelles et managériales se sont diffusées au sein des entreprises françaises. Provoquant, envers les salariés, un phénomène d’intensification et d’autonomisation de leurs conditions de travail. Comme le révèle un rapport publié par la DARES, ces tendances n’ont pas été sans effet sur la santé mentale des travailleurs.
L’intensification du travail affecte négativement la santé mentale des salariés
Réalisé dans le cadre de l’appel à projet de recherches « Santé mentale, expériences du travail, du chômage et de la précarité » lancé en 2019 par la DARES, ce rapport d’études analyse les interactions entre santé mentale et organisation du travail chez les salariés. Plus précisément, il s’intéresse aux liens entre la santé mentale et les évolutions technologiques, organisationnelles et managériales récentes pouvant se traduire par une intensification du travail et plus d’autonomie pour les salariés.
Les auteurs constatent qu’une forte intensité de travail entraîne des effets néfastes sur la santé mentale des salariés. Plus généralement, le rapport met en évidence que les travailleurs exposés à la fois à une forte intensité de travail et à une faible latitude décisionnelle ont une santé mentale plus dégradée que les autres. A titre d’illustration, les taux de dépression ou d’anxiété généralisée atteignent 18,6 % pour ces catégories de travailleurs (ex : ouvriers non qualifiés du textile et du cuir, ouvriers des industries graphiques, ouvriers non qualifiés des industries de process, etc.). A contrario, les salariés dont le travail est peu intense et qui disposent d’une grande latitude décisionnelle sont ceux dont l’état de santé est le plus élevé.
Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à constater une dégradation de leur santé mentale. Selon les auteurs, ces écarts s’expliquent en partie par « les différences d’exposition à l’intensité du travail et dans une moindre mesure à l’autonomie du travail ».
Par ailleurs, des différences en fonction du statut social sont également constatées. Ainsi, le risque de dépression concerne davantage les personnes n’ayant pas fait d’études supérieures au bac. L’âge ne semble pas avoir d’impact concernant la survenue d’un épisode dépressif.
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L’intensification du travail affecte négativement la santé mentale des salariés
Réalisé dans le cadre de l’appel à projet de recherches « Santé mentale, expériences du travail, du chômage et de la précarité » lancé en 2019 par la DARES, ce rapport d’études analyse les interactions entre santé mentale et organisation du travail chez les salariés. Plus précisément, il s’intéresse aux liens entre la santé mentale et les évolutions technologiques, organisationnelles et managériales récentes pouvant se traduire par une intensification du travail et plus d’autonomie pour les salariés.
Les auteurs constatent qu’une forte intensité de travail entraîne des effets néfastes sur la santé mentale des salariés. Plus généralement, le rapport met en évidence que les travailleurs exposés à la fois à une forte intensité de travail et à une faible latitude décisionnelle ont une santé mentale plus dégradée que les autres. A titre d’illustration, les taux de dépression ou d’anxiété généralisée atteignent 18,6 % pour ces catégories de travailleurs (ex : ouvriers non qualifiés du textile et du cuir, ouvriers des industries graphiques, ouvriers non qualifiés des industries de process, etc.). A contrario, les salariés dont le travail est peu intense et qui disposent d’une grande latitude décisionnelle sont ceux dont l’état de santé est le plus élevé.
Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à constater une dégradation de leur santé mentale. Selon les auteurs, ces écarts s’expliquent en partie par « les différences d’exposition à l’intensité du travail et dans une moindre mesure à l’autonomie du travail ».
Par ailleurs, des différences en fonction du statut social sont également constatées. Ainsi, le risque de dépression concerne davantage les personnes n’ayant pas fait d’études supérieures au bac. L’âge ne semble pas avoir d’impact concernant la survenue d’un épisode dépressif.
Les effets néfastes liés à l’automatisation des tâches et au télétravail subi
Le rapport étudie également les relations possibles entre la santé mentale des salariés et quatre pratiques spécifiques pouvant favoriser l’intensification et/ou l’autonomisation du travail :
- la flexibilité interne et/ou externe de la main d’œuvre ;
- les pratiques managériales à forte implication ;
- l’automatisation des tâches ;
- et enfin le télétravail.
Parmi les pratiques étudiées, la flexibilité interne et/ou externe de la main d'œuvre et les pratiques managériales à forte implication ne semblent pas avoir d’effet important sur la santé mentale des travailleurs. Au contraire, l’étude met en exergue des effets néfastes liés à l’automatisation des tâches et au télétravail.
Ainsi, les salariés ayant un travail automatisable déclarent plus fréquemment avoir une santé mentale dégradée que les autres. Selon les auteurs, cela s’explique en partie par le fait que ces derniers « éprouvent plus souvent un sentiment d’insécurité dans l’emploi et des craintes de devoir changer de qualification ou de profession au cours des trois prochaines années ».
Concernant le télétravail, les effets néfastes sont plus nuancés. Lorsqu’il relève d’un choix du travailleur, le télétravail ne semble pas avoir d’impact significatif sur sa santé mentale. A l’inverse, lorsqu’il est subi, il peut générer des conséquences négatives telles qu’une dégradation du sommeil ou encore une perte d’énergie, plus particulièrement pour les seniors.
Dares, Valorisation de la Recherche n°4, Impact de l’intensification et de l’autonomie au travail sur la santé mentale, août 2024
Juriste, rédactrice en droit de l’environnement et santé-sécurité au travail
Titulaire du Master 2 en droit de l’environnement de l’Université Paris-Saclay, j’ai d’abord exercé en bureau d’études en tant que juriste consultante hygiène-sécurité-environnement (HSE). J’exerce …
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