La Mutualité française au chevet de la santé au travail

Publié le 22/03/2023 à 08:17 dans Risques professionnels.

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Près de 40 % des Français considèrent que leur travail dégrade leur santé, d’après une enquête Harris Interactive pour la Mutualité française diffusée à l’occasion de la publication fin février 2023 de son observatoire en santé au travail. Alertée par des constats préoccupants, la Mutualité française formule 10 propositions pour améliorer la santé des salariés.

Signe que la santé au travail est devenue un enjeu important pour les mutuelles, la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) lui consacre l’édition 2023 de son observatoire annuel. Le diagnostic, établi à partir d’une enquête initiée pour cet état des lieux mais aussi d’analyses des données disponibles, est sans appel : il est urgent d’améliorer les conditions de travail et de développer des actions de prévention.

La Mutualité française souligne quelques chiffres pour illustrer son plaidoyer comme :

  • 39 % des Français considèrent que leur travail dégrade leur santé (enquête Harris/Mutualité française 2023) ;
  • 52 % des actifs se sentent mal informés sur les questions liées à la santé au travail comme les maladies professionnelles (MP) ou les souffrances psychiques (enquête Harris/Mutualité française 2023) ;
  • la France se distingue avec un taux d’accidents du travail (AT) non mortels et mortels parmi les plus élevés d’Europe : 3,5 accidents mortels du travail pour 100 000 personnes en emploi en 2019, un niveau 2 fois supérieur à la moyenne européenne de 1,7 accident mortel ;
  • en France, 1,1 million de sinistres ont été déclarés pour 19,6 millions de salariés du privé et près des trois-quarts ont donné lieu à un arrêt de travail ;
  • les troubles musculo-squelettiques sont à l’origine de 88 % des maladies professionnelles. En 2019, près de 45 000 personnes étaient concernées.

Une offre en santé au travail limitée

La crise de la démographie médicale, en particulier le manque de médecins du travail, se répercute sur le suivi en santé au travail. La Mutualité française signale que 61 % des salariés n’ont pas bénéficié d’une visite avec un service de prévention et de santé au travail (SPST) au cours de l’année. Les visites au cours des 2 dernières années sont aussi moins fréquentes pour les salariés exposés à de fortes contraintes physiques.

Les travailleurs indépendants et chefs d’entreprise constituent l’angle mort de la santé au travail : ils sont 2,8 millions sans suivi en santé au travail. Et 6 % des salariés n’ont jamais bénéficié d’une visite dans un SPST.

La densité de médecins du travail est très hétérogène sur l’ensemble du territoire, variant de 2,8 médecins pour 100 000 habitants dans le Cantal à 20,4 médecins pour 100 000 habitants à Paris. 72 départements ont une densité de médecins du travail inférieure à la moyenne nationale. En 2019, on comptait en France 235 services de santé au travail inter-entreprises contre un peu plus de 400 en 1995.

Un service universel de santé au travail

Pour permettre l’accès de toutes et tous à la médecine du travail, la FNMF propose de mettre en place un service universel de santé élargi à l’ensemble des catégories de travailleurs, en particulier les indépendants. Elle préconise d’assurer de manière effective les visites médicales en santé au travail obligatoires.

A côté d’une augmentation des effectifs des professionnels en santé au travail dans les SPST, la fédération souhaite une participation des professionnels de santé des structures mutualistes à la prévention en milieu professionnel ou au suivi médical post-professionnel ou post-exposition.

Limiter l’usure professionnelle et la pénibilité

A l’heure de la réforme des retraites, la Mutualité française préconise plusieurs mesures pour prévenir l’usure professionnelle et en améliorer la prise en compte :

  • élargir l’accès au départ anticipé en retraite pour incapacité permanente liée à l’usure professionnelle ;
  • étendre aux travailleurs indépendants le droit au dispositif de retraite anticipée pour incapacité permanente ouvert aux salariés ;
  • réintroduire dans le compte professionnel de prévention (C2P), les 4 facteurs de pénibilité supprimés ;
  • favoriser les reconversions professionnelles pour limiter les situations de désinsertion professionnelle.

Mobiliser les excédents de la branche AT/MP

D’autres pistes sont avancées pour développer la prévention primaire, que ce soit une accentuation de majoration de la cotisation AT-MP des entreprises présentant un taux de sinistralité élevé, une formation obligatoire sur la prévention des risques professionnels dans les cursus initiaux des jeunes, ou encore une sensibilisation obligatoire des acteurs de l’entreprise et du secteur public aux risques professionnels avec une action particulière sur les risques psychosociaux.

Tout en plaidant pour une augmentation des moyens affectés à la prévention, avec notamment une mobilisation en ce sens des excédents de la branche AT-MP, la FNMF recommande de miser sur les données de santé et le numérique en matière de prévention des risques professionnels. Elle invite les entreprises à se rapprocher des start-ups qui développent des solutions connectées pour monitorer les risques et prévenir les AT/MP.


Mutualité française, l’observatoire, 6e édition, février 2023