La sinistralité chez les femmes en forte progression
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Les accidents du travail et maladies professionnelles chez les salariées du privé ont augmenté respectivement de 41 % et 158 % entre 2001 et 2019. En particulier, celles qui travaillent dans les activités de service, santé, action sociale, nettoyage et travail temporaire, sont exposées à une sinistralité très importante. Les risques professionnels semblent largement sous-évalués pour les femmes.
L’ANACT a analysé les indicateurs de santé au travail selon le sexe. Premier constat : la baisse globale des accidents de travail (AT) depuis 2001 masque la hausse des accidents pour les femmes. Les accidents de travail concernent en 2019 plus de 650 000 salariés en France, dont 63 % d’hommes et 37 % de femmes. Ils ont diminué de 27,2 % chez les hommes sur la période mais ils ont augmenté dans le même temps de 41,6 % chez les femmes.
Les accidents de trajet concernent en 2019 un peu plus les femmes (54,2 %) que les hommes (45,8 %). Le nombre d’accidents de trajet, déclarés et reconnus, a diminué de 1,5 % depuis 2001 pour les hommes mais a progressé de 33,6 % pour les femmes.
Des durées d’absence plus importantes pour les femmes
La gravité des AT, appréciée par la durée de l’arrêt de travail liée à l’accident, est plus élevée pour les femmes que pour les hommes : 73,8 journées perdues par accident en 2019 contre 67,9 journées perdues. Toutefois, les accidents de travail mortels concernent à plus de 90 % des hommes. Ils ont augmenté de 35 % pour les femmes comme pour les hommes depuis 2013.
Les activités de service (santé, action sociale, nettoyage, travail temporaire) représentent le secteur le plus accidentogène pour les femmes avec 106 039 accidents reconnus. L’ANACT constate une hausse de 110 % des AT pour les femmes travaillant dans les activités de service alors que les AT des hommes ont diminué de 13 %. Les commerce et industries de l’alimentation totalisent 53 123 accidents chez les femmes. Là encore, la tendance est à la baisse pour les hommes mais en augmentation pour les femmes. Le secteur le plus accidentogène pour les hommes demeure le BTP, avec près de 87 000 AT reconnus.
Progression 2 fois plus rapide des maladies professionnelles
En 2019, les 50 392 maladies professionnelles (MP) déclarées et reconnues concernent autant les femmes que les hommes. Alors que l’effectif salarié a augmenté de 13,5 % entre 2001 et 2019, les MP ont quant à elles progressé de 108 % sur la période. Et elles ont augmenté 2 fois plus rapidement pour les femmes (+ 158,7 %) que pour les hommes (+ 73,6 %). Les MP sont des troubles musculo-squelettiques (TMS) dans près de 90 % des cas.
D’après les dernières données disponibles, le taux de fréquence des TMS, c’est-à-dire le nombre de maladies professionnelles sur le nombre d’heures travaillées x 1 000 000, est supérieur pour les femmes (17,8) comparé à celui des hommes (11,5). L’indice de gravité des TMS, évalué en fonction des taux d’IPP (incapacité partielle permanente), est aussi plus important pour les femmes.
S’agissant des femmes, deux branches d’activités totalisent le plus de MP (59,3 % des cas), les activités de services et les commerces et industries de l’alimentation. Les maladies professionnelles déclarées par des femmes ont même explosé de 400 % entre 2001 et 2019 dans les seules activités de services.
Pour les hommes, ce sont les secteurs du BTP et de la métallurgie qui comptent le plus de MP (49 % des cas).
Des risques professionnels sous-évalués chez les femmes
Au regard de ces résultats, les deux auteures de l’étude de l’ANACT, Florence Chappert et Patricia Therry, estiment que les risques professionnels sont vraisemblablement sous-évalués s’agissant des femmes. Conséquence de cette sous-évaluation, les politiques de prévention ne sont pas à la hauteur des enjeux de santé au travail pour les femmes. Le Code du travail prévoit pourtant que l’évaluation des risques par l’employeur doit tenir compte de « l'impact différencié de l'exposition au risque en fonction du sexe ».
Anact.fr, photographie statistique de la sinistralité au travail en France selon le sexe, publication du 4 juillet 2022
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