Le télétravail est-il favorable à la santé des salariées ?

Pendant le confinement, les femmes étaient surreprésentées dans la catégorie des « vulnérables », selon une classification de la DARES dans une étude de 2022. Cette catégorie se distingue par d’importants problèmes informatiques.

Par ailleurs, pendant le confinement, les femmes étaient plus nombreuses que les hommes à avoir vu leur temps de travail augmenter et à déclarer une hausse des exigences émotionnelles.

De fait, les femmes ont davantage déclaré faire face à une situation d’anxiété légère (66 % contre 50 %) et avoir le sentiment d’être en burnout.

Ces éléments mettent en exergue une différence d’exposition aux facteurs de risques psychosociaux entre les femmes et les hommes.

Le rapport préconise :

• de développer des mesures de prévention des violences sexistes et sexuelles en situation de télétravail ;
• d’intégrer dans le document unique d’évaluation des risques professionnels les risques liés au télétravail en tenant compte de l’impact différencié de l’exposition en fonction du sexe.

Selon une enquête citée dans le rapport, 25 % des femmes (contre 39 % des hommes) en télétravail disposaient d’une pièce dédiée pendant le confinement.

En outre, le groupe des « vulnérables » est le plus touché par l’augmentation des douleurs physiques en lien avec le télétravail.

Au-delà du contexte du confinement, les entreprises doivent veiller à ce que les salariés puissent télétravailler dans des conditions matérielles adaptées, comme mentionné dans l’accord national interprofessionnel (ANI) de 2020 sur le télétravail. Les employeurs peuvent ainsi financer des équipements tels que fauteuils ergonomiques ou écrans.

Par ailleurs, le développement de certaines pratiques comme le flex-office, associé à une réduction des locaux, ne doit pas compromettre le principe de réversibilité du télétravail en limitant la possibilité de retrouver sur site un véritable espace de travail.

C’est d’autant plus important pour les femmes dont le retour sur site peut permettre de fuir une situation de violences domestiques.

La pratique du télétravail peut surexposer les victimes, majoritairement des femmes, aux violences domestiques. En outre, le télétravail limite les opportunités de détection des violences par l’employeur et les collègues.

Pour réduire ces risques, les entreprises peuvent circonscrire le nombre de jours de télétravail par semaine et instaurer des réunions d’équipe en présentiel pour prévenir le risque d’isolement.

Par ailleurs, l’ANI de 2020 envisage la possibilité d’un retour sur site en cas de signalement ainsi que la formation de référents.

Un dernier impact est identifié dans le rapport, au titre de la qualité de vie au travail : les risques sur l’égalité professionnelle.

Le télétravail réduit les temps d’échange informel entre collègues. Cela peut freiner le développement des réseaux professionnels. Ainsi, pendant le confinement et en situation de télétravail, les femmes ont été 13 % de moins à avoir entretenu leur réseau professionnel.

Cet aspect doit demeurer un point de vigilance constant et être intégré dans les actions de sensibilisation autour du télétravail.

Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, rapport n°2023-02-23-PRO-56, 2023, Pour une mise en œuvre du télétravail soucieuse de l’égalité entre les femmes et les hommes, publié le 23 février