QUESTION, RÉPONSE

Les risques psychosociaux, c'est toujours la faute du chef

Publié le 05/06/2024 à 08:03 dans Risques psychosociaux.

Temps de lecture : 3 min

Faux.

L’employeur est responsable de la sécurité et de la santé physique et mentale des salariés. Cette responsabilité, notamment portée par la ligne managériale, fait du « chef » le coupable idéal quand il y a des troubles psychosociaux au sein d’une équipe.

Après tout, qui, sinon le chef, décide de l’organisation du travail, fait appliquer des consignes inappropriées à la réalité du terrain, ne voit pas quand un collaborateur va mal ?

Mais cette conclusion découle d’une réflexion incomplète.

Premièrement, tous les chefs ne soumettent pas leurs équipes à un rythme intenable, à un stress chronique ou à un harcèlement moral.

Deuxièmement, un chef n’est pas responsable de tout. Il n’a pas forcément l’autorité, les moyens ou les compétences pour assumer cette responsabilité.

D’ailleurs, il incombe à chaque salarié de prendre soin, en fonction de sa formation et selon ses possibilités, de sa santé ainsi que de celles des autres personnes concernées par ses actes ou ses omissions au travail (Code du travail, art. L. 4122-1).

En somme, même s’il représente un élément incontournable pour la prévention et la gestion de ces risques, un manager reste lui-même un salarié, avec ses marges de manœuvre et ses contraintes.

Troisièmement, ce n’est pas parce que l’employeur est responsable de la santé mentale des salariés que les managers peuvent maîtriser tous les paramètres du travail susceptibles de générer des risques psychosociaux.

À titre d’exemple :

  • les aléas de charge liés à des commandes de clients ;
  • les exigences émotionnelles dépendent en partie des clients ;
  • les relations de travail dégradées ne sont pas forcément perceptibles par le manager ;
  • les problèmes de sens et de valeur du travail restent subjectifs et ne peuvent pas être appréhendés s’ils ne sont pas signalés par le salarié exposé à des conflits de valeur.

De la même façon que le terme « psycho » dans « psychosocial » ne doit pas amener à concentrer la recherche d’actions sur les individus qui vivent le travail, l’approche qui consiste à rendre le chef responsable de tout est contreproductive.

Pour lutter efficacement contre les risques psychosociaux il faut arrêter de rechercher un bouc émissaire. De multiples causes sont à rechercher dans l’organisation et le fonctionnement de l’entreprise.

Différents acteurs ont un rôle à jouer en la matière : direction, instances représentatives du personnel, salariés qui peuvent d’exprimer sur leur vécu services de prévention et de santé au travail, etc.

C’est par la régulation et l’échange collectifs, chacun participant depuis sa place dans l’organisation, qu’il est possible d’agir ensemble pour réduire les facteurs de risques psychosociaux.

Pour aider les salariés à mettre des mots sur leurs difficultés et les orienter vers les bons interlocuteurs, les Editions Tissot vous suggèrent leur fascicule : « Bien vivre son travail : Préserver sa santé psychologique ».

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Michaël Bouvard

Chargé de mission qualité de vie au travail

Chargé de mission qualité de vie au travail, j'oeuvre sur différents sujets relevant de ce domaine : prévention et évaluation des risques psychosociaux, prise en compte de la qualité de vie au …