Non-respect du temps de repos quotidien : le salarié doit-il prouver un préjudice pour être indemnisé ?
Temps de lecture : 3 min
Lorsque les temps de repos ne sont pas respectés, le salarié a-t-il automatiquement droit à des dommages et intérêts ou doit-il prouver un préjudice ? Une décision du 7 février nous apporte un éclaircissement.
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Temps de repos : rappels
S’agissant des temps de repos, les salariés doivent en principe bénéficier :
- d’un repos quotidien d’une durée minimale de 11 heures consécutives ;
- d’un repos hebdomadaire d’une durée minimale de 24 heures consécutives, auxquelles s’ajoutent les 11 heures de repos quotidien (soit un repos hebdomadaire d’une durée minimale de 35 heures).
Bon à savoir
Les jeunes travailleurs bénéficient d’un temps de repos supérieur. Sachez également qu’aucune durée légale minimale n'est imposée aux cadres dirigeants.
Attention, le Code du travail prévoit de nombreuses dérogations à cette durée de 11 heures de repos quotidien. Elles sont notamment liées aux activités des salariés, à un surcroît d’activité, à des travaux urgents, etc.
Temps de repos : un préjudice automatique en cas de non-respect ?
Ces dernières années, la Cour de cassation a fait évoluer sa position concernant l’indemnisation du salarié en cas de manquement de son employeur à ses obligations. Elle exige dans certaines situations qu’un préjudice soit démontré pour accorder une indemnisation.
Tel a été le cas pour les temps de pause en 2021. Elle avait jugé que même si le non-respect des temps de pause est démontré, l’indemnisation du salarié ne sera pas automatique car pour le coup c’est à lui de prouver qu’il a subi un préjudice, par exemple si l’absence de pause a eu des répercussions sur sa santé (Cass. soc., 19 mai 2021, n° 20.14.730).
A l’inverse, en 2022, elle a considéré que le dépassement d’une durée maximale de travail ouvre automatiquement droit à réparation pour le salarié (Cass. soc., 14 décembre 2022, n° 21-21.411).
Qu’en est-il du temps de repos quotidien ?
Dans une décision récente, elle a considéré que le seul constat que le salarié n'a pas bénéficié du repos journalier ouvre droit à réparation. Deux précisions sont toutefois à apporter :
- elle a fondé sa décision sur le manquement à l’obligation de sécurité en rappelant que l'employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs, notamment par la mise en place d'une organisation et de moyens adaptés ;
- l’affaire concernait un temps de repos fixé par accord collectif.
Bon à savoir
En cas de litige sur le respect des temps de repos c’est à l’employeur seul que la charge de la preuve incombe. Une précision importante qu’a également rappelé récemment la Cour de cassation (voir notre article « Respect des temps de repos et de pause : qui doit prouver quoi ? »).
Cour de cassation, chambre sociale, 17 février 2016, n° 13–28.791 (en l’absence de dérogation à la durée du repos quotidien, le défaut de respect du repos quotidien de 11 heures cause nécessairement un préjudice au salarié)
Cour de cassation, chambre sociale, 7 février 2024, n° 21-22.809 (le seul constat que le salarié n'a pas bénéficié du repos journalier de douze heures entre deux services ouvre droit à réparation)
Juriste en droit social
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