Plus de 300 000 travailleurs exposés aux poussières de bois

Publié le 16/08/2023 à 08:37 dans Risques professionnels.

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Une étude de Santé publique France chiffre à 305 000 le nombre de travailleurs exposés aux poussières de bois, soit 212 000 salariés et 93 000 non-salariés. Ces poussières peuvent provoquer diverses pathologies respiratoires ou cutanées comme l’asthme, la rhinite ou l’eczéma, mais aussi des cancers.

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Les poussières de bois sont susceptibles de provoquer des maladies à court terme et des cancers notamment naso-sinusiens des dizaines d’années après l’exposition. Elles représentent une des trois causes les plus importantes de cancers reconnus d’origine professionnelle hors amiante. En 2017, 69 cancers d’origine professionnelle imputables aux poussières de bois ont été indemnisés, soit 16,7% des cancers d’origine professionnelle non liés à l’amiante.

L’enquête Sumer (Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels) a estimé que 1,8 % des salariés étaient exposés aux poussières de bois. L’étude de Santé publique France, publiée au printemps dernier dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), s’est quant à elle intéressée aux travailleurs salariés mais aussi pour la première fois aux travailleurs non-salariés.

Une étude à partir d’une matrice emplois-expositions

Pour évaluer l’exposition professionnelle aux poussières de bois inhalables par les travailleurs en France, les chercheurs ont construit une matrice emplois-expositions spécifique (MEE). Santé publique France coordonne le programme Matgéné, lequel vise à construire des MEE et à produire des indicateurs d’expositions professionnelles pour l’ensemble des travailleurs.

Les données du recensement de la population 2017 incluant les enquêtes annuelles des recensements de 2015 à 2019 ont été utilisées afin d’étudier l’évolution de cette exposition professionnelle. Ces données, détaillées par profession et secteur d’activité, sont produites par l’Insee. Elles ont ensuite été croisées avec la MEE.

Les travaux de construction spécialisés les plus exposants

En 2017, près de 305 000 travailleurs sont exposés aux poussières de bois représentant 212 000 salariés et 93 000 non-salariés. Les ouvriers qualifiés sont les plus exposés (65,8 %), suivis des ouvriers non qualifiés ou agricoles (20,3 %) puis des agents de maîtrise, techniciens et contremaîtres (7,4 %).

Les travailleurs salariés exposés travaillent dans le secteur des travaux de construction spécialisés incluant les activités de menuiserie du Bâtiment (38 %), celui du travail du bois sauf fabrication de meubles (14 %) et celui du commerce de gros (10 %). Chez les travailleurs exposés non-salariés, 55 % exercent dans le secteur des travaux de construction spécialisés, 16 % dans les services relatifs aux bâtiments et aménagement paysager et 8 % dans la sylviculture.

Dans le détail, la proportion de travailleurs salariés et non-salariés exposés aux poussières de bois est la suivante :

  • sylviculture et exploitation forestière : 65, 6 % ;
  • travail du bois et fabrication d’articles en bois et liège : 62,6 % ;
  • fabrication des meubles : 40,5 % ;
  • services relatifs aux bâtiments et aménagement paysager : 11,3 % ;
  • travaux de construction spécialisée : 10,3 % ;
  • autres industries manufacturières : 5,7 % ;
  • construction de bâtiments : 4,3 %.

Les hommes beaucoup plus concernés que les femmes

Les hommes sont 10 fois plus nombreux que les femmes à être exposés à ces poussières. Les métiers du bois, techniques ou physiquement exigeants (scieries, charpentes, etc.) ont longtemps été réservés aux hommes. Le nombre de femmes dans ces métiers étant en augmentation, les expositions chez les femmes devraient augmenter à l’avenir.

La proportion d’exposés aux poussières de bois est trois fois plus importante chez les travailleurs non-salariés que chez les travailleurs salariés. Les travailleurs non-salariés ne bénéficient d’aucun suivi dans le cadre de la médecine du travail ou de système de reconnaissance des pathologies professionnelles.

A noter que les estimations de Santé publique France du nombre de personnes exposées aux poussières de bois sont sensiblement plus basses que celles de Sumer. La différence de méthode employée entre Sumer et Matgéné peut être une piste pour expliquer cet écart. De plus, dans l’étude de Santé publique France, des professions avec des fréquences d’exposition jugées trop faibles n’ont pas été considérées comme exposées.


Etude du BEH, Expositions aux poussières de bois chez les travailleurs salariés et non-salariés en France en 2017, 25 avril
2023