Plus d’un salarié sur dix exposé à un produit cancérogène
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À partir de l’enquête SUMER de 2017, la DARES analyse l’exposition des salariés aux produits cancérogènes. Cette étude de juin 2023 met en évidence une exposition toujours conséquente, voire préoccupante. Malgré une progression depuis 2003, les actions des entreprises en matière de prévention demeurent quant à elles insuffisantes.
Exposition aux produits cancérogènes : chiffres clés
En moyenne en 2017, 2 730 000 salariés, soit 11 % d’entre eux, étaient exposés à au moins un produit chimique cancérogène.
Important
2 % des salariés sont exposés à au moins 3 produits chimiques cancérogènes.
Les cinq principaux produits chimiques cancérogènes sont les gaz d’échappement diesel, les fumées de soudage, les huiles minérales entières, les poussières de bois et la silice cristalline.
Les salariés concernés sont principalement :
- des hommes, à plus de 80 % ;
- des ouvriers, qui représentent plus des deux tiers des salariés exposés à au moins un agent cancérogène chimique ;
- des salariés de la construction, pour 36 % d’entre eux.
Quatre substances cancérogènes passées au crible
La DARES développe son analyse sur quatre substances qui se distinguent par leur fréquence d’exposition ou par leur dangerosité : les gaz d’échappement diesel, la silice cristalline, l’amiante et le formaldéhyde.
- les expositions aux gaz d’échappement diesel touchent à elles seules 995 000 salariés en 2017, soit 4 % d’entre eux. En outre, 20 % des salariés exposés le sont 20 heures ou plus par semaine ;
- l’inhalation de poussières de silice cristalline, qui peut provoquer des silicoses et se retrouve notamment lors de la découpe ou du ponçage de pierres reconstituées, concerne 360 000 salariés, soit 1,5 % d’entre eux. Cependant, près de 70 % des salariés exposés le sont moins de 10 heures par semaine et les intensités sont faibles ;
- près de 122 000 salariés restent exposés à l’amiante, plutôt sur de courtes durées et à des intensités faibles ;
- 186 000 salariés sont exposés au formaldéhyde, utilisé dans de nombreux secteurs et qui peut provoquer des cancers naso-pharyngés. L’exposition est sur des durées plutôt courtes et d’intensités faibles.
Hormis les gaz d’échappement diesel, les expositions semblent donc modérées. Cela ne doit pas occulter des progrès qui restent à accomplir en matière de prévention.
Une protection collective contre les produits cancérogènes insuffisante
Les principes généraux de prévention appliqués au risque chimique invitent à supprimer le risque, à remplacer ce qui est dangereux par ce qui l’est moins et à privilégier la protection collective sur la protection individuelle.
Or, pour 48 % des salariés exposés, aucune protection collective n’est mise à disposition. Ce chiffre s’élève à 56 % dans les petites entreprises.
Le focus sur les quatre substances analysées plus particulièrement par la DARES permet plusieurs constats :
- si la ventilation générale est plus répandue qu’en 2003, les autres moyens de protection collective sont peu développés. Par exemple, seulement 15 % des salariés exposés aux gaz d’échappement diesel relatent une autre protection ;
- de la même façon, pour la silice cristalline, moins d’un salarié sur dix relate être protégé par une aspiration à la source, sachant que 14 % des salariés l’évoquaient en 2003 ;
- les entreprises privilégient la protection individuelle. 73 % des salariés exposés au formaldéhyde évoquent la mise à disposition de protections individuelles cutanées. 51 % des salariés exposés à la silice cristalline mentionnent des protections individuelles respiratoires, chiffre en progression de 18 points depuis 2003.
Notez le
Les protections individuelles contre les gaz d’échappement diesel ont progressé depuis 2003, mais restent faibles. Elles ne concernent que 12 % des salariés exposés.
DARES, focus n°34, Les expositions des salariés aux produits chimiques cancérogènes, juin 2023
Chargé de mission qualité de vie au travail
Chargé de mission qualité de vie au travail, j'oeuvre sur différents sujets relevant de ce domaine : prévention et évaluation des risques psychosociaux, prise en compte de la qualité de vie au …
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