Prévenir le sexisme au travail, par où commencer ?

Publié le 17/06/2020 à 08:17 dans Risques professionnels.

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S’il existe des sujets plus sensibles que d’autres en matière de prévention des risques professionnels, celui du sexisme au travail en fait partie. Comment aborder et traiter cette problématique, afin de construire une politique de prévention adaptée ?

Différents types de sexisme …

Le sexisme au travail renvoie traditionnellement à une attitude défavorable à l’égard du sexe opposé, en particulier des femmes, qui s’exprime de manière intentionnelle et sans ambiguïté et se manifeste notamment par un manque de respect ouvert, des propos dégradants ou dévalorisants. Cette forme de sexisme que l’on qualifie d’« hostile » est en effet la plus visible, mais n’englobe de loin pas tous les agissements sexistes au travail, qui sont devenus aujourd’hui plus insidieux. Un autre type de sexisme, qualifié de « masqué » peut ainsi être volontairement camouflé, sous couvert de l’humour par exemple ou se traduire par des comportements d’exclusion ou d’infériorisation (ne pas écouter une prise de parole, remettre en doute l’avis d’un(e) collègue, etc.) facilement banalisés.

La notion de sexisme « bienveillant » est même apparue pour décrire des comportements à priori positifs, s‘appuyant sur des stéréotypes de genre et attribuant des rôles complémentaires aux hommes et aux femmes. Entre autres manifestations, des propos paternalistes maintenant une forme de déséquilibre homme/femme, des compliments portant sur l’apparence physique, mais aussi la valorisation de compétences réputées féminines.

… et différentes expositions

Si les cibles principales du sexisme en entreprise sont majoritairement des femmes, particulièrement les jeunes femmes, les femmes enceintes ou mères de jeunes enfants, mais aussi les femmes peu qualifiées, leur exposition aux comportements sexistes varie fortement d’un contexte à l’autre.

Les emplois habituellement masculins, notamment le secteur de l’industrie, le travail sur des chantiers ou les fonctions de supervision, les exposent notamment davantage au risque de harcèlement sexuel et d’agissements sexistes.

D’autres facteurs d’exposition sont décrits par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT), tels que les conditions de travail (travail isolé, horaires atypiques, pression du travail, style de management notamment) ou le parcours professionnel des salariés (aléas du parcours, statut précaire, etc.).

Les principaux leviers à actionner

Si le sexisme au travail engendre de l’insatisfaction dans l’emploi et les relations professionnelles, il agit aussi comme un véritable « stresseur », et doit être considéré comme un risque psychosocial à part entière, aux conséquences néfastes sur la santé physique et mentale.

Les cibles de ces agissements ont par ailleurs tendance à se surinvestir au travail pour répondre aux exigences et prouver leurs compétences, augmentant leur risque d’épuisement professionnel.

Tout comme pour les autres risques psychosociaux, il y a lieu de ne pas attendre d’en arriver là mais d’agir le plus en amont possible.

Une démarche de prévention du sexisme au travail doit donc démarrer par une évaluation des facteurs de risque et postes les plus exposés, ayant vocation à être inscrits au document unique d’évaluation des risques professionnels, accompagnés d’actions d’amélioration et réévalués régulièrement.

Parmi les leviers identifiés par le Conseil supérieur de l’égalité professionnelle : la promotion d’un programme d’action au sein de l’entreprise (incluant la définition des actes prohibés dans l’entreprise, leur intégration au règlement intérieur), la sensibilisation de l’ensemble des personnes de l’entreprise (gouvernance, managers mais aussi salariés et IRP), l’instauration d’une vigilance dans les procédures RH et la communication et, évidemment, la mise en place d’un dispositif d’alerte et d’accompagnement des personnes victimes de ces agissements.

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Chloé Remmer

Psychologue du travail – Consultante / formatrice

Diplômée d’un Master professionnel de psychologie du travail, Chloé est également formée à l’ergonomie et intervient depuis 12 ans dans le domaine de la santé et la sécurité au travail.

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