Prévenir une deuxième vague… psychologique

Publié le 18/11/2020 à 07:33, modifié le 19/11/2020 à 10:53 dans Risques psychosociaux.

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Si les risques pour notre santé physique sont au centre de toutes les préoccupations aujourd’hui, ceux-ci ne doivent pas masquer les risques de cette période sur notre santé psychique. Le stress déjà vécu lors du premier confinement qui ressurgit à l’occasion de cette deuxième vague augmentant en effet le risque de stress chronique voire d’épuisement, y compris sur le plan professionnel.

Appréhender les facteurs de risques… et les contrastes de vécu et de perception

Dès le début de la crise, les entreprises ont été mises en garde quant à l’augmentation des risques psychosociaux et la nécessité de les (ré)évaluer. L’ensemble des familles de facteurs de stress inscrites au rapport Gollac sont en effet impactées (voir ci-dessous) et l’accumulation de ces contraintes, s’ajoutent aux facteurs de RPS préexistants :

  • insécurité socio-économique : craintes de perdre son emploi, incapacité à se projeter ;
  • exigences du travail : intensification (pression sur les objectifs) et complexification du travail (en lien avec les protocoles sécurité par exemple) ;
  • exigences émotionnelles : craintes quant au risque de contamination dans le milieu de travail (pour soi et ses proches), dissonance émotionnelle ;
  • autonomie, marges manœuvre : décisions prises dans l’urgence/sans consultation, augmentation de la polyvalence sans être suffisamment formé ;
  • rapports sociaux, relations au travail : montée des incivilités (irritabilité), tensions entre collègues, manque de régulation des conflits ;
  • conflits de valeurs : sens, culture du travail modifiés par la crise.

Les causes et les impacts diffèrent sensiblement selon les secteurs d’activités mais aussi selon les salariés.

Si le stress est en effet considéré sur le plan physiologique comme une réponse naturelle pour s’adapter aux événements, les réactions varient fortement d’un individu à l’autre en fonction de leur personnalité, de leur histoire et de leurs enjeux respectifs dans la situation.

Si certains salariés et organisations ont tiré profit du contexte pour se réorganiser, apprendre et progresser, pour d’autres la crise a très vite exacerbé des difficultés et vulnérabilités, notamment pour des organisations manquant déjà de ressources initialement, comme les services de santé.

Décliner des stratégies à la fois collectives et individuelles

Dans ce contexte de forte tension, la vigilance est de mise et les entreprises, comme les salariés, doivent être sensibilisés aux conséquences potentielles sur la santé et agir chacun à leur échelle.

Plus que jamais les trois niveaux de prévention apparaissent alors comme complémentaires. Des mesures renforcées de soutien social et psychologique doivent se mettre en place pour accompagner les salariés.

Mais l’entreprise doit agir également à un niveau plus collectif, en communiquant, en sondant le vécu sur le terrain, en donnant tous les moyens aux salariés de travailler et de préserver leur sécurité, en favorisant l’entraide et l’autonomie au sein des équipes ou encore en limitant le risque d’hyper-connexion lié au télétravail.

Du côté des salariés, les stratégies d’adaptation dite de « coping » vont également compter.

Face à ce que nous vivons depuis plusieurs mois et aux impacts sur notre moral et nos modes de vie, prendre du recul peut apparaître comme une solution dérisoire mais pourtant bien nécessaire. La notion de lâcher-prise prend en effet un sens tout particulier dans l’environnement en constante mouvance dans lequel nous évoluons aujourd’hui.

Tout en prenant conscience de la manière avec laquelle nous parvenons à faire face et à mettre en place de nouvelles routines, il va être essentiel de faire régulièrement le point sur ce qui relève ou non de notre contrôle et de notre responsabilité… afin d’utiliser notre énergie de la manière la plus constructive possible.

Autrement dit, identifier tous les éléments sur lesquels nous pouvons agir, chacun à notre niveau, pour améliorer notre quotidien et celui de notre entourage : prendre soin des autres, de nous-mêmes, s’éloigner des sources d’information anxiogènes, apprendre à rester maître de ses émotions et par là même de sa communication, de ses comportements, etc.

Tenter aussi de voir ce qui va bien et ce qui fonctionne malgré tout, identifier les aspects positifs de la situation mais aussi ce qu’il nous importe réellement de faire aujourd’hui et demain pour opérer des transformations positives… et rester dans l’action !

Vous souhaitez aider les salariés à identifier les signes précurseurs des risques psychosociaux ? offrez leur les « Dépliants Les risques psychosociaux ».

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Chloé Remmer

Psychologue du travail – Consultante / formatrice

Diplômée d’un Master professionnel de psychologie du travail, Chloé est également formée à l’ergonomie et intervient depuis 12 ans dans le domaine de la santé et la sécurité au travail.

Elle …