Prévention de l’usure professionnelle : de nouvelles précisions
Temps de lecture : 4 min
La réforme des retraites a institué, dans l’optique de renforcer la prévention de l’usure professionnelle, deux nouveautés : la naissance du Fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle (FIPU) ainsi que la mobilisation du CPF dans le cadre d'un projet de transition professionnelle. La concrétisation de leur entrée en vigueur au 1er septembre 2023 était suspendue à la parution de décrets d’application. C’est à présent chose faite.
La suite du contenu est réservée aux abonnés à l'Actualité Premium
Essayez l'Actualité Premium
À partir de 9,90€ / mois- Déblocage de tous les articles premium
- Accès illimité à tous les téléchargements
Création du fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle (FIPU)
Un fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle est créé au sein de la Caisse nationale de l’Assurance maladie. Le montant de la dotation de la branche Accidents du travail et maladies professionnelles du régime général au fonds est fixé chaque année par arrêté.
Notez le
Le ministère du Travail a annoncé, via un récent communiqué, que le FIPU sera doté d’1 milliard d’euros sur cinq ans.
Dès lors, le FIPU aura pour mission de participer au financement par les employeurs d’actions :
- de sensibilisation et de prévention ;
- de formation éligibles au CPF ;
- de reconversion et de prévention de la désinsertion professionnelle.
à destination des salariés particulièrement exposés aux risques professionnels liés aux contraintes physiques marquées ou « ergonomiques » (vibrations mécaniques, postures pénibles, manutention manuelle de charges).
Il pourra financer :
- des entreprises identifiées par les CARSAT en vue de soutenir leurs démarches de prévention ;
- des organismes professionnels de santé, de sécurité et des conditions de travail constitués dans les branches d'activités présentant des risques particuliers et ayant conclu une convention avec la CNAM ;
- France compétences chargée elle-même de répartir la dotation entre les commissions paritaires interprofessionnelles régionales (CPIR) pour le financement de projets de transition professionnelle.
Placé auprès de la commission des accidents du travail et des maladies professionnelles (CAT/MP), il reviendra à cette dernière :
- de déterminer chaque année, avant le 15 septembre, les orientations du fonds ;
- d’approuver le budget annuel d’intervention du fonds pour l’exercice à venir ;
- d’approuver la répartition des crédits du fonds entre les différents usages possibles.
Les orientations du fonds se fondent sur une cartographie des métiers et des activités particulièrement exposés aux facteurs de risques professionnels ergonomiques. Définie par la CAT/MP, cette dernière s’appuie sur les listes établies, le cas échéant, par les branches professionnelles.
Pour les secteurs dans lesquels les branches n'ont pas conclu d'accord, la commission établit cette cartographie en se fondant sur les données disponibles relatives à la sinistralité et aux expositions professionnelles. Elle pourra, dans ce cadre, être assistée d'un comité d'experts.
Notez le
Le fonctionnement et la composition de ce comité viennent d’être définis par décret. Le comité doit ainsi comprendre :
- le directeur de l’INRS ou son représentant ;
- le directeur de l’ARACT ou son représentant ;
- 5 personnalités qualifiées reconnues pour leurs compétences en matière de santé au travail, de prévention des risques professionnels et d’usure professionnelle.
Le comité se réunira sur convocation de la CAT/MP, par principe 5 jours au moins avant la date de la réunion. Il sera alors chargé d’assister la commission dans l’élaboration de ladite cartographie et de produire ou de communiquer tout document ou données utiles.
Financement du CPF de transition professionnelle
Chaque salarié peut mobiliser les droits inscrits sur son CPF afin de contribuer au financement d'une action de formation certifiante, destinée à lui permettre de changer de métier ou de profession dans le cadre d'un projet de transition professionnelle.
La réforme des retraites prévoit que le projet de transition professionnelle d’un salarié concerné par les facteurs de risques professionnels ergonomiques pourra être financé par la dotation France compétences aux CPIR.
Il faut pour cela que le projet soit cofinancé par l’employeur et que le métier visé ne soit pas exposé aux facteurs de risques professionnels. Il faut aussi que le salarié ait une durée minimale d’activité dans un métier relevant de la cartographie sauf s’il est bénéficiaire de l’obligation d’emploi. A savoir :
- 24 mois, consécutifs ou non, en qualité de salarié, dont douze mois dans l'entreprise, quelle qu'ait été la nature des contrats de travail successifs ;
- ou 24 mois, consécutifs ou non, en qualité de salarié, quelle qu'ait été la nature des contrats successifs, au cours des cinq dernières années dont 4 mois, consécutifs ou non, en CDD au cours des 12 derniers mois.
Bon à savoir
Le montant de ce cofinancement doit correspondre au minimum à taux fixé prochainement par arrêté. Celui-ci pourra alors faire l’objet d’une prise en charge par l’OPCO. Par ailleurs, l’autorisation donnée par l’employeur devra être expresse.
Décret n° 2023-759 du 10 août 2023 relatif au fonds d'investissement dans la prévention de l'usure professionnelle et au compte professionnel de prévention
Décret n° 2023-760 du 10 août 2023 du 10 août 2023 portant application de l'article 17 de la loi n° 2023-270 du 14 avril 2023 de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023
Ministère du Travail, Communiqué de presse, Réforme des retraites : publication des décrets relatifs à la prévention de l’usure professionnelle, 11 août 2023
Juriste en droit social et rédacteur au sein des Editions Tissot
- Compte professionnel de prévention : les salariés doivent être déclarésPublié le 06/01/2025
- Comment réagir face aux événements ?Publié le 18/12/2024
- Subvention « prévention des risques ergonomiques » : dernière ligne droite pour en bénéficier !Publié le 16/12/2024
- Le dérèglement climatique n'est pas un risque professionnelPublié le 04/12/2024
- Subvention « prévention des risques ergonomiques » : les entreprises ne doivent pas attendre le 31 décembre pour transmettre leur demandePublié le 22/11/2024