Prévention des risques professionnels et performance d’entreprise
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Pouvez-vous nous rappeler l’origine et l’objectif du projet ?
Le lien entre prévention et performance (P&P) dans l’entreprise est abordé par de nombreux acteurs, dans notre réseau ou ailleurs, depuis longtemps. Sans entrer dans l’entreprise par l’obligation réglementaire (« la prévention est obligatoire »), l’idée est de montrer que la prévention participe au bon fonctionnement de l’entreprise.
Depuis plusieurs années, le lien positif entre prévention et performance est démontré : 1 € investi en prévention entraînerait un retour sur investissement de 2,3 €.
De notre côté, dans le réseau prévention, nous souhaitions aller encore plus loin : si le lien est établi, comment ça marche ? Quelle démarche proposer aux entreprises pour encourager et développer cette synergie ?
C’est « l’humain » qui est ici mis en avant. C’est lui qui est au cœur de la prévention et son rôle central dans les démarches d’amélioration continue est de plus en plus admis par les entreprises. L’objectif du groupe national (6 CARSAT, la Direction des risques professionnels et l’INRS) est de construire une démarche, en expérimentant dans des entreprises.
Des expériences ont-elles, concrètement, été engagées depuis le lancement du projet ?
Oui, ce projet a été lancé il y a près de 2 ans.
Sa spécificité est de proposer une approche complémentaire de la démarche « classique » par risque (TMS, RPS…), plus globale et intégrée dans les préoccupations permanentes de l’entreprise. C’est un projet expérimental qui porte une autre manière de faire de la prévention, en accentuant l’objectif de rendre l’entreprise autonome.
Dans l’entreprise, l’entrée du projet n’est d’ailleurs pas la prévention. Nous lui demandons plutôt ce qui la préoccupe au niveau de sa performance globale.
L’idée est d’aborder ce sujet en interne, grâce aux acteurs de l’entreprise, de manière concertée, en se focalisant sur le travail lui-même.
Nous savons que si les acteurs de terrain abordent eux-mêmes les problématiques de performance, ils prendront automatiquement en compte leurs conditions de travail dans les pistes de solution dégagées. Et donc, la prévention sera traitée en même temps que la performance.
Aujourd’hui, nous avons construit une démarche méthodologique comprenant 4 phases.
Concrètement, nous prévoyons plusieurs étapes dans l’entreprise. D’abord, nous présentons à un collectif les objectifs de la démarche et les acteurs de l’entreprise déterminent - collectivement - un « sujet d’intérêt » lié à sa performance globale (fidélisation, enregistrement des données de production, lien entre commerciaux et système de production…). Des discussions ont lieu entre les différents professionnels eux-mêmes, qui finissent par s’entendre sur un thème donné.
Par exemple, dans une PME du secteur industriel, les acteurs ont identifié la problématique suivante : la consolidation des informations remontées auprès du groupe.
Ensuite, un binôme en charge d’animer l’action est désigné dans l’entreprise, ainsi qu’un comité d’appui à la transformation pour la faciliter et la déployer. Bien sûr, dans les TPE, ce format est adapté.
Le sujet choisi est décliné sur des périmètres d’action et un groupe de travail (GT) regroupe les différents acteurs. Des « cas de terrain » concrets sont trouvés et le GT identifie les cas prioritaires, les analyse, et propose des solutions.
Dans l’exemple de notre entreprise du secteur industriel, l’approche a été centrée sur le système d’enregistrement des données globales du procédé, puis déclinée sur un cas terrain : l’écart sur une ligne, entre la qualité « déclarée » des produits en sortie de ligne amont et la qualité réelle des produits arrivant à la ligne qui devait les transformer. Les acteurs de terrain ont donc trouvé des pistes par eux-mêmes pour y remédier.
Cette démarche est actuellement testée dans des entreprises « pilotes » dans les 6 CARSAT, pour consolidation. En parallèle, une action collective est construite pour décliner la démarche dans une première vague d’entreprises (fin 2020).
Avez-vous choisi les entreprises engagées dans le projet ? Comment ?
Pour cette phase pilote, des entreprises « connues » ont été approchées. Tous les contacts ont suscité l’intérêt des entreprises et une dizaine d’entre elles a entamé la démarche.
Quels sont les premiers retours d’expérience ? Quels sont les premiers enseignements sur les liens prévention-performance ?
Ce qui est clair, c’est l’accueil favorable sur le sujet. Les entreprises s’engagent dès lors que la démarche est bien comprise : caractère coopératif de l’action, centrage sur le travail, lien avec les enjeux de performance spécifiques aux processus de l’entreprise, côté opérationnel de la méthode et fait que des résultats concrets sont attendus.
Nous constatons l’adhésion, voire l’enthousiasme, des salariés lorsqu’ils découvrent la réalité de ces « bases » (démarche non dirigée, implication réelle de tous en parole libre, recherche effective de l’apport de chacun…). Chacun retrouve un pouvoir d’agir.
Le décloisonnement est particulièrement apprécié : la « découverte » des causes amont et conséquences aval de chaque poste et/ou service.
Autre point positif : la découverte de problèmes / irritants / tensions, qui deviennent « partagés », avec une volonté commune de les résoudre.
Nous constatons un « foisonnement » de cas terrain qui émergent de l’action, et de pistes de solutions pour chacun d’eux, nécessitant de faire un choix de priorités.
Notre objectif est de rendre l’entreprise plus autonome dans la gestion de la prévention : elle n’aura plus besoin de nous pour la suite.
Et vous aurez réussi ce projet expérimental si … ?
Si notre méthode ressort de manière claire avec des exemples réussis d’application dans l’entreprise.
A suivre donc !
Les Editions Tissot remercient Pierre CANETTO, et l’INRS, pour leur aimable contribution.
Sabine Guichard, juriste de droit social de formation, a successivement occupé des postes en entreprise et fédération professionnelle, d'abord en conseil puis de manière opérationnelle. Aujourd'hui, …
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