Quelle exposition des salariés aux facteurs de pénibilité ?

Publié le 30/11/2022 à 08:48 dans Risques professionnels.

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Une récente publication de la Dares analyse l’exposition des salariés aux facteurs de pénibilité. S’appuyant sur les enquêtes SUMER et Conditions de travail, elle met en évidence des disparités en fonction des populations et des effets néfastes sur la santé. Une meilleure connaissance de ces données permet de mieux cibler les actions de prévention.

Plus de la moitié des salariés exposés à un facteur de pénibilité

D’après les auteurs, 13,5 millions de personnes en France métropolitaine, soit 61 % des salariés, étaient exposés en 2017 à au moins un facteur de pénibilité sur leur lieu de travail.

Plus précisément :

  • 10,7 millions étaient concernés par des contraintes physiques marquées (port de charges lourdes, postures contraignantes, etc.) ;
  • 4,1 millions travaillaient dans un environnement agressif (produits chimiques dangereux, nuisances sonores, etc.) ;
  • 4,8 millions avaient un rythme de travail atypique (travail de nuit régulier, posté ou répétitif).

Une exposition inégale selon les populations

Certains emplois ou profils de salariés cumulent les différents facteurs de pénibilité. En particulier les ouvriers, les travailleurs en équipes alternantes, ainsi que les travailleurs les plus jeunes.

L’exposition varie également en fonction du genre :

  • les hommes sont davantage exposés au port de charges lourdes, aux vibrations, aux bruits nocifs, au froid et aux agents chimiques ;
  • les femmes travaillent plus dans des postures pénibles, avec des gestes répétitifs. D’ailleurs, les femmes développent près de deux fois plus de troubles musculosquelettiques que les hommes.

Par ailleurs, plusieurs secteurs d’activité sont particulièrement exposés, notamment la construction, le commerce et la réparation de voiture, l’agriculture ou la métallurgie, mais aussi les activités pour la santé humaine, l’administration publique et les services administratifs.

Des effets sur la santé confirmés

L’exposition aux contraintes physiques marquées, en particulier la manutention de charges lourdes, accroit les risques d’état de santé altéré, de recours aux arrêts maladie et de survenue d’accident du travail. De la même façon, l’exposition à un environnement physique agressif se traduit par une dégradation de l’état de santé et davantage d’accidents du travail.

Autre constat de l’étude : les contraintes psychosociales sont des facteurs de risques majeurs pour l’état de santé perçu, les arrêts maladie et les accidents du travail.

Travail de nuit : concentration des risques

Les travailleurs de nuit sont plus susceptibles d’être exposés à des charges lourdes, des vibrations, des bruits nocifs, des températures extrêmes et à des agents chimiques cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques.

Le travail de nuit expose à de nombreux risques pour la santé. En outre, les travailleurs de nuit présentent, en cas d’accident du travail, des durées cumulées d’arrêt maladie beaucoup plus longues que leurs homologues travaillant principalement de jour.

Enseignements pour la prévention

La mise en place de politiques et de plans de sensibilisation et de prévention contre les risques professionnels n’a pas réussi à infléchir, au cours de la dernière décennie, les principales inégalités de santé entre salariés exposés et non-exposés. La principale exception est l’exposition aux nuisances sonores. En ce domaine, les mesures de prévention et de protection semblent avoir davantage porté leurs fruits.

Lorsque la présence d’un CHSCT (remplacé par le CSE) a un effet, notamment dans les entreprises où des salariés manutentionnent des charges lourdes, ont des postures contraignantes, ou sont exposés à un environnement agressif, cette présence se traduit par une moindre exposition à ces facteurs de pénibilité. Il est donc essentiel d’associer le CSE dans la prévention de ces risques.

Enfin, les disparités d’exposition par population doivent conduire à mieux cibler les actions de prévention. Par exemple, lorsqu’il s’agit de sensibiliser les travailleuses sur les contraintes posturales.

Dares, Disparités d'exposition aux facteurs de pénibilité en milieu professionnel et inégalités sociales de santé 9 août 2022

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Michaël Bouvard

Chargé de mission qualité de vie au travail

Chargé de mission qualité de vie au travail, j'oeuvre sur différents sujets relevant de ce domaine : prévention et évaluation des risques psychosociaux, prise en compte de la qualité de vie au …