Quelles relations entre conditions de travail difficiles, précarité et conduites addictives ?
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Un rapport publié par la DARES le 13 août 2024 met en avant que l’exposition à l’épuisement physique et aux horaires de travail atypiques peut être associée à des modifications dans les usages de l'alcool, du tabac, du cannabis, du gras et du sucre.
Des conditions de travail difficiles augmentent le risque de conduites addictives
Réalisé dans le cadre de l’appel à projet de recherche « Santé mentale, expériences du travail, du chômage et de la précarité » lancé en 2019 par la DARES, ce rapport d’étude porte plus spécifiquement sur les relations entre conditions de travail difficiles, troubles du sommeil, dépression et conduites addictives chez des travailleurs précaires.
L’étude s’appuie sur la cohorte CONSTANCES, une cohorte épidémiologique en population générale réunissant 200 000 sujets âgés de 18 à 69 ans.
Bon à savoir
Le Haut Conseil de la santé publique définit la cohorte épidémiologique comme un type d’enquête visant à suivre, dans le temps, un groupe de sujets à l’échelle individuelle.
Le rapport met en évidence que, globalement, l’épuisement physique au travail est associé à une consommation plus importante de tabac, de cannabis, de gras et de sucre chez les travailleurs concernés. Ce facteur augmente, plus concrètement, le risque de rechute chez les anciens fumeurs, de devenir un gros fumeur pour les fumeurs actuels et d'avoir un régime alimentaire riche en sucre et en gras. Aucune association n’a été toutefois relevée avec la consommation d’alcool.
Concernant les horaires de travail atypiques, c’est-à-dire le travail de nuit, en week-end et à horaires variables, une association avec toutes ces addictions est également constatée, sauf pour la consommation de gras et de sucre. Les résultats diffèrent cependant en fonction de la situation étudiée. Ainsi, si le travail de nuit est associé à une augmentation de l’ensemble des conduites addictives, le travail le dimanche influe uniquement sur la consommation d’alcool pour les femmes.
Quelles conséquences en matière de prévention ?
Les auteurs du rapport recommandent aux pouvoirs publics d’utiliser ces résultats pour mettre en œuvre des campagnes d’information et de prévention en santé publique et en santé au travail. L’objectif est de faciliter le repérage standardisé des conduites addictives chez les travailleurs exposés à ces risques professionnels afin de pouvoir les orienter vers des soins spécialisés si nécessaire.
Les chercheurs recommandent néanmoins de ne pas se focaliser uniquement sur les travailleurs précaires mais d’adresser ces mesures à l’ensemble des travailleurs. En effet, ils constatent que l’association entre ces conditions de travail difficiles et les usages de substances psychoactives ne diffèrent pas significativement entre les actifs précaires et les autres.
Dares, Valorisation de la Recherche n°5, Étude des relations entre les conditions de travail difficiles, les troubles du sommeil, la dépression et les conduites addictives chez des travailleurs en situation de précarité, août 2024
Juriste, rédactrice en droit de l’environnement et santé-sécurité au travail
Titulaire du Master 2 en droit de l’environnement de l’Université Paris-Saclay, j’ai d’abord exercé en bureau d’études en tant que juriste consultante hygiène-sécurité-environnement (HSE). J’exerce …
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