Risque radon : un arrêté encadre sa prévention et la protection renforcée des salariés

Publié le 25/06/2024 à 15:09 dans Risques professionnels.

Temps de lecture : 4 min

Le ministère de la Santé estime que le nombre de décès par cancer du poumon attribuable au radon s’élève à 3000 par an. Face à cet enjeu de santé publique, les pouvoirs publics ont récemment arrêté de nouvelles dispositions destinées à prévenir et à réduire l’exposition des salariés à ce gaz radioactif naturel, invisible et inodore.

Champ d’application de la protection renforcée des travailleurs

Le radon est un gaz radioactif naturel invisible et inodore qui provient essentiellement des sols granitiques et volcaniques. Il se diffuse au travers des sols et parois des constructions et peut s’accumuler dans les bâtiments et lieux de travail à des concentrations susceptibles de présenter un risque pour les travailleurs. L’exposition à des concentrations élevées de radon engendre notamment une augmentation du risque de cancer du poumon.

Le Code du travail fixe ainsi des dispositions spécifiques visant à prévenir les risques liés à l’exposition des travailleurs au radon. L’arrêté du 15 mai 2024 intervient en application de l’article R. 4451-34 et fixe les modalités de prévention et de réduction des risques d’exposition.

Sont uniquement concernées les expositions au radon provenant du sol dans les lieux de travail, soit :

  • les lieux de travail situés en sous-sol et rez-de-chaussée de bâtiments dans les zones à potentiel radon ;
  • certains lieux de travail spécifiques, notamment ceux où sont réalisés des travaux souterrains, y compris des mines et des carrières.

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Le radon provenant du sol est défini comme celui généré directement par les roches du sol ou secondairement par l’eau circulant dans ces roches ou les matériaux extraits de ces roches. Par conséquent, l’arrêté ne concerne pas les expositions au radon anthropique résultant d’une activité professionnelle (procédés industriels, déchets, résidus…).

Evaluer et réduire le risque radon

L’arrêté du 15 mai 2024 détermine le niveau de référence au-delà duquel des mesures de réduction de l'exposition doivent être prises. Il est fixé à 300 becquerels par mètre cube (Bq/m³) en moyenne annuelle. Cette concentration d’activité du radon doit être déterminée soit par des appareils de mesure intégrée du radon soit par des appareils fournis et exploités par un organisme accrédité.

En cas de dépassement du niveau de référence, l’employeur doit mettre en place un plan d’actions visant notamment à améliorer l’étanchéité du bâtiment. L’efficacité des mesures doit être contrôlée au maximum dans les 3 ans. En cas d’impossibilité de baisser la concentration ou de mettre en œuvre les mesures de réduction, une « zone radon » doit être mise en place, ainsi qu’une protection renforcée des travailleurs. L’IRSN doit être également averti.

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Si le niveau dépasse 1000 Bq/m³ en moyenne annuelle, l'employeur engage sans délai des mesures de réduction pour abaisser, au maximum dans les 12 mois, la concentration d'activité du radon en dessous de ce niveau.

Assurer la protection renforcée des travailleurs exposés

Le cas échéant, toute la partie du lieu de travail dépassant le niveau de référence doit être délimitée comme « zone radon » avec le concours du conseiller en radioprotection. La délimitation de cette zone doit être vérifiée par des appareils de mesure en continue et validée par des appareils de mesures intégrées. Un programme d’évaluations périodiques de l’exposition des travailleurs est ensuite mis en place.

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Ce programme d’évaluations périodiques peut, si la situation le permet, être remplacé par un mesurage en continu du radon lorsque les travailleurs sont présents dans la zone.

La « zone radon » doit être signalisée conformément aux exigences fixées par l’annexe de l’arrêté. Une fiche d’information sur le risque radon doit, par ailleurs, être affichée dans les bâtiments aux accès de la zone. Elle est accompagnée d’un schéma précisant les limites de la zone et les consignes de sécurité à respecter.

Dans le cadre de certaines opérations ou de l’exercice d’une activité professionnelle régulière, la délimitation de la « zone radon » peut être intermittente. L’employeur doit alors afficher une information complémentaire à la signalisation prévue qui mentionne la suspension de la zone pendant le temps nécessaire à l’opération. Cependant, si l’établissement d’une « zone radon intermittente » est impossible, l’employeur doit faire réaliser une évaluation individuelle de l’exposition des travailleurs avant leur accès dans la zone.

Dans le cas où l’évaluation individuelle révèle une exposition du travailleur à une dose efficace supérieure à 6 millisievert (mSv) sur 12 mois glissants, l’employeur doit considérer le travailleur comme « exposé au radon » et mettre en œuvre une surveillance dosimétrique individuelle et un suivi individuel renforcé. La dose efficace du travailleur doit être enregistrée dans SISERI (système d’information de la surveillance de l’exposition aux rayonnements ionisants) par le médecin du travail.

Bon à savoir

Le ministère du Travail pourra édicter, sous forme de guide pratique, des recommandations techniques et opérationnelles pour l'application du présent arrêté, ainsi que sur l'ensemble de la démarche de prévention du risque radon.

Arrêté du 15 mai 2024 relatif à la démarche de prévention du risque radon et à la mise en place d'une zone radon et des vérifications associées dans le cadre du dispositif renforcé pour la protection des travailleurs, Jo du 6 juin

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Clara Godin

Juriste, rédactrice en droit de l’environnement et santé-sécurité au travail

Titulaire du Master 2 en droit de l’environnement de l’Université Paris-Saclay, j’ai d’abord exercé en bureau d’études en tant que juriste consultante hygiène-sécurité-environnement (HSE). J’exerce …