Risques psychosociaux : un salarié sur deux se considère en détresse psychologique
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Près d’un salarié sur deux serait en état de détresse psychologique, selon les résultats du dernier baromètre réalisé par le cabinet de conseil Empreinte Humaine sur l’état psychologique des salariés.
Une augmentation importante des salariés en état de détresse psychologique
Résultat d’un sondage réalisé entre le 17 et le 27 octobre 2023 auprès d’un panel représentatif de 2004 salariés français sur leur état psychologique, le baromètre réalisé par le cabinet Empreinte Humaine révèle tout d’abord une dégradation de la santé mentale des salariés. Ainsi, près d’un salarié sur deux déclare être en détresse psychologique, soit 4 points de plus qu’en février 2023 et 7 points de plus qu’en mars 2022.
Ce niveau important de détresse psychologique concerne notamment les jeunes et les salariés de plus de 60 ans. En effet, parmi les moins de 29 ans, 55 % se déclarent en état de détresse psychologique. Parmi les plus de 60 ans, ce chiffre atteint les 60 % soit 32 points de plus par rapport au début de l’année 2023. Une augmentation qui pourrait trouver son origine dans l’allongement de l’âge de départ à la retraite acté par la réforme des retraites. De manière générale, les jeunes, les femmes, les managers et les salariés de plus de 60 ans constituent les catégories les plus risquées.
On note également une plus grande proportion de détresse psychologique chez les salariés exerçant en télétravail. Le pourcentage est de 47 % parmi les salariés ne travaillant jamais au bureau et 36 % parmi ceux alternant entre bureau et domicile. Outre le nombre important de cadres et managers concernés par le travail à distance, le délitement du sentiment du collectif occasionné par cette organisation du travail apparaît également comme un facteur d’explication.
Près d’un salarié sur trois en burn-out professionnel
Le terme de « burn-out » ou syndrome d’épuisement professionnel est une construction sociale apparue dans les années 70, originellement pour décrire l’épuisement au travail de professionnels du secteur de l’aide et du soin. Il est défini par le ministère du Travail comme un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ».
Le burn-out comporte notamment des manifestations émotionnelles (peurs mal définies, tensions nerveuses…), physiques (troubles du sommeil, fatigue chronique…), cognitives (diminution de la concentration, difficulté à réaliser plusieurs tâches à la fois), comportementales (repli sur soi, isolement) ou encore motivationnelles chez les travailleurs concernés.
Selon les résultats du baromètre Empreinte Humaine, un tiers des salariés sont considérés en burn-out soit une augmentation de 6 points par rapport à février 2023. Parmi ceux-ci, 12 % seraient en état de burn-out sévère, selon un questionnaire scientifique utilisé dans le cadre de l’étude.
Une défaillance des entreprises dans la prévention des risques psychosociaux
La prévention des risques psychosociaux joue évidemment un rôle essentiel pour prévenir les états de détresse psychologique et de burn-out chez les salariés. Cependant, les actions mises en place par les entreprises semblent loin d’être suffisantes étant donné que sept salariés sur 10 estiment que leur entreprise devrait en faire plus en matière de prévention des risques psychosociaux. Or, pour 8 salariés sur 10, la prise en compte des risques psychosociaux est perçue comme une qualité indispensable pour être manager.
Pour une majorité de salariés (8 sur 10), les dirigeants manquent d’intérêt sur ce sujet et les managers sont insuffisamment formés (3 sur 4). Par ailleurs, ils sont également une majorité à estimer que les objectifs stratégiques de leur entreprise sont en opposition avec le bien-être des salariés. Rappelons que l’employeur doit pourtant veiller à la santé physique et mentale et à la sécurité de ses travailleurs notamment par la mise en place d’actions de prévention des risques professionnels, de formations et d’une organisation de travail adaptée (Code du travail, art. L. 4121-1).
Pour soutenir les salariés en situation de détresse psychologique, les Editions Tissot vous proposent les « Fascicules Bien vivre son travail : Préserver sa santé psychologique ».
Baromètre novembre 2023 Empreinte Humaine
Juriste, rédactrice en droit de l’environnement et santé-sécurité au travail
Titulaire du Master 2 en droit de l’environnement de l’Université Paris-Saclay, j’ai d’abord exercé en bureau d’études en tant que juriste consultante hygiène-sécurité-environnement (HSE). J’exerce …
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