Santé mentale au travail : de nouveaux indicateurs alarmants pour les femmes
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La dernière édition du baromètre « santé des salariés et qualité de vie au travail » de Malakoff Humanis montre une dégradation ressentie de leur état de santé mentale pour les femmes. Tout en pointant que la performance d’une entreprise dépend de la santé de ses collaborateurs, le groupe mutualiste plaide pour un renforcement de l’accompagnement des salariés fragilisés.
Ce baromètre sur la santé des salariés vient corroborer le tout récent rapport du Sénat sur la santé des femmes au travail, lequel a notamment mis en évidence trois fois plus de signalement de souffrance psychique chez les femmes que chez les hommes (voir notre article « Constat alarmant du Sénat sur la prévention des risques au féminin »).
Cette étude dite de « perception » a été conduite par Ipsos pour Malakoff Humanis auprès de 3500 salariés hommes et femmes, lesquels ont été questionnés sur leur ressenti en termes de santé mentale et physique.
Imbrication de problèmes professionnels et personnels
Si 65 % des salariés interrogés déclarent être en bonne ou très bonne santé, l’étude souligne la baisse régulière de cet indicateur. En 2011, 71 % des salariés déclaraient être en bonne santé. Les salariés déclarent aujourd’hui plus de troubles psychiques au cours des 12 derniers mois: troubles du sommeil et insomnies (46 % des salariés), fatigue chronique (40 %), troubles anxieux (32 %), troubles de l’humeur (28 %), épuisement professionnel (24 %), traumatisme et stress (21 %).
Environ 80 % des salariés se disent néanmoins satisfaits de leur travail. Toutefois, un salarié sur 2 exprime des « craintes liées à une surcharge de travail » et 30 % des salariés déclarent travailler chez eux en plus de leurs horaires de travail. Enfin, plus d’un salarié sur trois témoigne de difficultés pour concilier vie professionnelle et vie privée.
Les salariés présentant un état de santé mental perçu comme fragile l’expliquent autant par des problèmes personnels (30 %) que professionnels (32 %). Pour 31 % des salariés, les raisons sont à la fois professionnelles et personnelles. Les raisons professionnelles évoquées sont par ordre décroissant l’intensité et le temps de travail (62 % des réponses), des rapports sociaux au travail dégradés (40 %) et des conflits de valeur (34 %).
Plus de difficultés psychiques chez les femmes
Le groupe de protection sociale Malakoff Humanis pointe une « forte dégradation de l’état de santé » pour les femmes, en particulier de leur santé mentale :
- 38 % des femmes se disent en mauvais état de santé général (34 % en 2020) versus 31 % des hommes ;
- 44 % des femmes déclarent avoir une moyenne ou une mauvaise santé mentale versus 32 % des hommes.
L’étude signale des différences notables entre générations. Ainsi, 49 % des femmes de 50 ans et plus déclarent un état de santé général moins bon versus 32 % chez les femmes de moins de 35 ans. Mais les plus jeunes ressentent à contrario plus de difficultés psychiques que leurs aînées : 46 % des femmes entre 18 et 34 ans se déclarent en moins bonne santé mentale.
Les femmes sont particulièrement concernées par des troubles du sommeil/insomnies (51 % des femmes vs 43 % des hommes), la fatigue chronique (46 % vs 36 %), les troubles anxieux (37 % vs 28 %). Elles relèvent surtout l’intensité et le temps de travail (65 % des réponses versus 59 % chez les hommes) ainsi que la dégradation des rapports sociaux au travail (41 % vs 38 %).
Un enjeu en termes de RSE et de performance
Au regard des constats de son baromètre, Malakoff Humanis rappelle que la santé des salariés est plus qu’un enjeu légal pour les entreprises puisqu’elle questionne la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) mais aussi leur performance.
Les salariés sont en attente de solutions de la part de leur employeur pour les aider psychiquement : soutien psychologique et accompagnement en cas de difficultés personnelles ou professionnelles (63 % des répondants), dispositifs favorisant la gestion du stress (61 %), information et sensibilisation dédiées à la santé mentale (50 %), séances de téléconsultations avec un psychologue (46 %).
Seulement un quart des femmes ont connaissance d’actions mises en place dans l’entreprise pour prévenir les risques psychosociaux. Et plus encore que leurs collègues masculins, les salariées souhaitent être soutenues par leur entreprise en cas de fragilisation de leur état de santé.
Les Editions Tissot vous proposent toute une série de supports pour communiquer sur la santé, sécurité au travail. Pour aider les salariés à prendre conscience de leurs difficultés psychologiques dans le cadre du travail vous trouverez notamment les « Fascicules Bien vivre son travail : Préserver sa santé psychologique ».
Baromètre 2023 « Santé des salariés et qualité de vie au travail » Malakoff Humanis
Sénat, rapport d'information n° 780 (2022-2023), tome I, déposé le 27 juin 2023, Santé des femmes au travail : des maux invisibles - Le rapport
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