Stations-services : comment prévenir les risques lors des opérations de maintenance ?

Publié le 08/06/2017 à 07:24, modifié le 11/07/2017 à 18:29 dans Risques professionnels.

Temps de lecture : 6 min

Contenu ancien

Il se peut que les informations contenues dans cet article et les liens ne soient plus à jour.

Les interventions de maintenance en stations-services sont sources de risques pour les salariés des sociétés intervenantes et les entreprises utilisatrices (exploitant ces sites) tels que ceux liés à la nature des produits et leurs caractéristiques physico-chimique, au risque biologique, à l’environnement de la zone de travail, etc. Comment éviter au maximum les accidents et les maladies professionnels dans ce secteur d’activité ?

Les opérations de maintenance dans les stations-services incluent le nettoyage et le dégazage de cuves et de leurs canalisations attenantes, les contrôles de l’étanchéité de cuves et réservoirs et les canalisations associés, les préparations des cuves avant d’y réaliser des opérations de réhabilitation ou lors du démantèlement de la station, ainsi que les opérations annexes telles que l’ouverture/fermeture de plateau et le déchargement des déchets en vue de leur transport vers un centre d’élimination.

Pour éviter les risques, les employeurs pourront appliquer des mesures de prévention en lien avec l’organisation du travail, le plan de prévention ou les modes opératoires.

Organisation du travail

C’est une étape essentielle dans l’organisation et la répartition des tâches avant l’intervention de maintenance dans une station-service. Ces tâches sont les suivantes :

1– Opérations préalables à l’intervention :

  • demande d’intervention : l’entreprise utilisatrice doit définir la nature de l’intervention, les types d’équipements à utiliser, l’emplacement, la quantité de produits à pomper, le planning général, etc. ;
  • analyse des travaux et préparation du devis : en fonction de la nature des travaux et des risques, l’entreprise doit définir le mode opératoire, les ressources humaines et matérielles, les accès, la zone de dépotage, etc. ;
  • organisation de l’intervention : l’entreprise utilisatrice et les entreprises extérieures devront rédiger un plan de prévention de façon à identifier et analyser les risques liés aux interférences entre les activités, les installations et les matériels qu’elles mettent en œuvre, faire apparaitre les moyens de prévention à mettre en place et les personnes chargées de leur mise en œuvre, ainsi que la validation des modalités d’intervention. Ce plan de prévention est élaboré à la suite d’une inspection commune des lieux de travail et des installations ;
  • préparation de l’intervention : l’entreprise intervenante doit identifier les moyens humains dont elle dispose en tenant compte des compétences, des habilitations et des certifications nécessaires. Elle doit vérifier que le matériel est compatible avec l’opération à réaliser (camion-citerne, pompes, flexibles, etc.) et s’assurer qu’elle dispose des équipements de protection collective et individuelle adaptés.

2– Exécution de l’intervention :

  • accueil du site : l’entreprise utilisatrice doit s’assurer que les consignations ont été réalisées préalablement à l’intervention de l’entreprise intervenante. Cette dernière doit informer ses salariés sur le contenu du plan de prévention, en particulier sur les risques et les moyens de prévention à mettre en place. Elle doit s’assurer que l’organisation du chantier et le planning sont conformes à ce qui était spécifié dans le plan de prévention, ainsi que l’ensemble de moyens de prévention à la charge de l’entreprise utilisatrice ont été réellement mis en œuvre. Si aucune anomalie n’est détectée, l’entreprise utilisatrice et intervenante valident conjointement le permis de travail ou l’autorisation journalière du travail. En cas d’écart sur une des dispositions prévues dans le plan de prévention, une nouvelle analyse commune de l’intervention doit être réalisée ;
  • réalisation de l’intervention : l’entreprise intervenante exécute l’intervention conformément au plan de prévention. En cas d’anomalie, le responsable du chantier doit interrompre immédiatement l’intervention, prévenir sa hiérarchie et reprendre avec l’entreprise utilisatrice l’analyse des risques. L’intervention est arrêtée dans le cas des conditions météorologiques défavorables.

3– Fin de chantier :

L’entreprise utilisatrice et intervenante procèdent à la réception des travaux. L’entreprise intervenante délivre une attestation de fin des travaux qui permet la déconsignation et, éventuellement un certificat de dégazage, en indiquant la date et l’heure du contrôle réalisé après nettoyage.

Plan de prévention

Le plan de prévention doit prévoir l’emprise du chantier, en identifiant la zone de travail, les circulations, la zone ATEX, les différents équipements, etc. Ce plan de prévention doit tenir compte des risques générés par l’environnement (la circulation des piétons, des véhicules, ou encore les activités industrielles par exemple). Il est recommandé d’établir un périmètre de sécurité à 5 mètres au-delà de l’emprise de chantier. Ce périmètre doit être matérialisé par des clôtures grillagées d’une hauteur 2 mètres, attachées entre elles et portant les informations des travaux en cours.

Il faut indiquer dans le plan de prévention qu’en cas d’orage le chantier doit être arrêté ou qu’en cas de gel, il doit être reporté car les pompes hautes pression (HP) ou les pompes à vides ne peuvent pas être utilisées. Il convient également de signaler les consignes suivantes :

  • l’interdiction formelle de fumer dans le périmètre de sécurité ;
  • le port des bijoux (y compris alliance et montre) est interdit pour le personnel pénétrant dans la cuve ;
  • la présence de tout matériel non adapté, notamment dans la zone à risque d’explosion (téléphone portable, meuleuse d’angle, lampe, briquet, etc.) est également interdite ;
  • les horaires d’intervention doivent être compatibles avec la présence obligatoire de personnel de l’entreprise utilisatrice pour les consignations et les permis liés à l’intervention, ainsi qu’avec la disponibilité des équipes de secours ;
  • il est impératif d’être vigilant par rapport aux équipements en fonctionnement à proximité du site d’intervention.

Modes opératoires

Les entreprises peuvent également rédiger des modes opératoires, en s’assurant que tous les équipements de travail sont conformes aux réglementations en vigueur et qu’ils ont subi tous les contrôles périodiques obligatoires ainsi que toutes les vérifications exigées par les constructeurs et mentionnées dans les notices d’utilisation fournies obligatoirement avec les équipements.

Pour réaliser une opération de nettoyage/dégazage d’une cuve, la rédaction du mode opératoire intégrera les éléments suivants :

  • le véhicule aspirateur/hydrocureur et équipements associés (véhicule équipé d’une pompe à vide, des tuyaux conformes, des câbles d’équipotentialité munis des pinces spécifiques (ATEX), etc.) ;
  • l’outillage manuel pour l’opération de démontage/remontage du plateau (coupe boulons, clés pour les ouvertures du piquage, obturateurs ou brides pleines pour les trous d’hommes et canalisations, etc.) ;
  • autres équipements nécessaires à l’intervention de nettoyage/ dégazage (éclairage 24V ATEX, échelle en aluminium ou inox, pâte spéciale pour détecteur la présence d’eau, des chiffons en coton, etc.) ;
  • les équipements de protection collective et équipement de sécurité (explosimètre ou détecteur 4 gaz portatif, des moyens de communication ATEX II 2 G EEX, un extincteur à poudre ABC de 9 Kg, un ventilateur/extracteur marque ATEX munis des gaines antistatiques pour l’aspiration et le refoulement, etc.) ;
  • les équipements de protection individuelle (un appareil de protection respiratoire isolant, un trépied ou potence équipés de 2 treuils, un harnais avec mousquetons anti-étincelants et un point d’accroche dans le dos, etc.) ;
  • la constitution de l’équipe d’intervention (d’au moins 2 personnes dont un responsable désigné) ;
  • réalisation de l’intervention pour les produits ou déchets d’hydrocarbures (vérification de conformité du plan de prévention vis-à-vis du site de l’intervention, rédaction de l’autorisation du travail, surveillance d’atmosphère et de ventilation, etc.) ;
  • la mise en place des mesures d’urgence (règles d’évacuation du personnel, les numéros à appeler, le message d’alerte à communiquer, etc.).

Références : Stations-services et autres stations de distribution de produits pétroliers : Prévenir les risques lors des opérations de maintenance – ED 6256 – Décembre 2016.