Télétravail en période de confinement : facteurs de bien-être et de risques psychosociaux

Publié le 22/07/2020 à 07:05, modifié le 11/09/2020 à 11:49 dans Sécurité et santé au travail.

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Le télétravail peut être source de mieux-être au travail. Cependant, plusieurs aspects sont à prendre en compte pour en limiter les risques. Suite à son baromètre sur l’état psychologique des salariés français après le confinement, le cabinet Empreinte Humaine a publié quelques chiffres clés permettant d’éclairer les choix d’organisation du télétravail.

Un télétravail bien vécu par la majorité des salariés

Dans son baromètre réalisé du 20 au 29 mai 2020 auprès de 2004 personnes représentatives, Empreinte Humaine met en évidence plusieurs points de satisfaction des télétravailleurs.

Ainsi :

  • 68 % arrivent à bien concilier vie professionnelle et vie privée ;
  • pour 73 %, les rôles qui leur sont assignés sont clairs ;
  • 70 % se considèrent comme autonomes dans leurs tâches professionnelles.
Notez-le
Malgré une mise en place en urgence et des délais courts pour l’organiser, 65 % des télétravailleurs considèrent qu’ils ont les moyens suffisants pour télétravailler et ils sont plus de 6 sur 10 à identifier du soutien de leurs collègues ou de leur manager.

Il résulte de cette expérience que 85 % veulent conserver la possibilité de télétravailler.

Télétravail en confinement : des risques avérés pour la santé

De nombreux facteurs de risques sont cependant relatés par les télétravailleurs qui ont vécu cette période de confinement.

Tout d’abord, 30 % d’entre eux manquent d’autonomie pour décider du déroulement de leur travail.

D’autres facteurs ressortent :

  • le fait de ne pas recevoir l’estime et le respect qu’ils méritent, pour 42 % des télétravailleurs ;
  • de la qualité empêchée, pour 44 % d’entre eux ;
  • le fait de ne pas être consulté pour des décisions les concernant et la contrainte de masquer ses émotions, pour un télétravailleur sur deux ;
  • des tâches que 54 % vivent comme répétitives ;
  • un travail haché pour 60 % d’entre eux ;
  • ainsi que, pour plus de 6 télétravailleurs sur 10, une augmentation des réunions et de l’infobésité.

De fait, 42,5 % des télétravailleurs sont en situation de détresse psychologique.

Ces points d’alerte doivent conduire les entreprises à repenser leur organisation et leur management.

Comment prévenir les risques psychosociaux liés au télétravail ?

Le télétravail est toute forme d'organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l'employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon volontaire en utilisant les technologies de l'information et de la communication. (Code du travail, art. L. 1222-9).

Le volontariat est essentiel. Ainsi, 27 % des sondés considèrent que le télétravail est une contrainte, dont 72 % sont en détresse psychologique.

En outre, le télétravail doit être cadré par un accord collectif, une charte, ou un accord formalisé entre l’employeur et le salarié (Code du travail, art. L. 1222-9). 53 % des télétravailleurs veulent d’ailleurs plus de règles de fonctionnement et cette absence est source de détresse psychologique.

L’un des points les plus préoccupants est le risque d’isolement, déjà identifié dès le début du confinement. Près de 4 salariés sur 10 en souffrent.

Sans ajouter de réunions, il est possible de convenir d’échanges brefs réguliers ou d’alterner travail sur site et télétravail. D’ailleurs, s’ils plébiscitent cette modalité d’organisation du travail, les salariés étaient 66 % à vouloir venir dans les locaux pendant cette période de Covid-19.

Enfin, l’impossibilité d’avoir un espace pour s’isoler toute la journée est néfaste pour le télétravailleur. Il peut être intéressant d’y sensibiliser les candidats au télétravail et de rechercher des tiers-lieux ou des espaces de co-working.

Dans tous les cas, si le télétravail ne convient en fin de compte pas au salarié, il est possible de l’arrêter. L’employeur a d’ailleurs l’obligation de donner au télétravailleur priorité pour occuper ou reprendre un poste sans télétravail qui correspond à ses qualifications et compétences professionnelles (Code du travail, art. L. 1222-10).

Les télétravailleurs bénéficient d’un droit à la déconnexion. Pour savoir en quoi ce droit consiste et comment il est encadré, les Editions Tissot vous recommandent leur documentation « Communication en Santé Sécurité au Travail ».


Baromètre T3 Empreinte Humaine, les facteurs humains d’un bon télétravail versus les facteurs de risques psychosociaux d’un mauvais télétravail, 2020
Baromètre T3 Empreinte Humaine – infographie sur l’état psychologique des salariés français après le déconfinement, 2020

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Michaël Bouvard

Chargé de mission qualité de vie au travail

Chargé de mission qualité de vie au travail, j'oeuvre sur différents sujets relevant de ce domaine : prévention et évaluation des risques psychosociaux, prise en compte de la qualité de vie au …