Tout savoir sur le Flow : l’expérience optimale au travail

Publié le 21/03/2018 à 08:00 dans Risques psychosociaux.

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Le « Flow » est un concept issu de la psychologie positive élaboré par le psychologue hongrois Mihály Csíkszentmihályi en 1988. En français, l’état de flow peut être traduit par « être dans la zone » ou encore par « l’expérience-flux ». Cet état mental est aujourd’hui à l’étude dans les organisations car il possède de nombreux avantages.

Le flow est un état de concentration maximale : vrai

Le flow se caractérise par l’absorption totale d’une personne dans son occupation. En effet, il s’agit d’un état mental atteint par une personne lorsqu’elle est complètement plongée dans son activité, avec une concentration maximale, un engagement et une satisfaction d’accomplissement total. Csíkszentmihályi décrit 4 dimensions majeures spécifiques à l’état de flow, contribuant à un état de bien-être général :

  • l’absorption cognitive (ne pas penser à autre chose que ce que l’on est en train de faire) ;
  • la perception altérée du temps (ne pas voir le temps passer) ;
  • la dilution de l’ego (absence de préoccupation à propos du soi) ;
  • le bien-être subjectif (sentiment de satisfaction, de plaisir, d’accomplissement).

Le flow ne peut pas se développer au travail : faux

Le flow caractérise l’état psychologique généré lors d’activités qui nous engagent fortement. Si la lecture d’un bon livre, la pratique de la musique, du jeu vidéo ou encore des échecs peut conduire à des états de flow, le travail est également un environnement susceptible de générer cet état mental. En effet, le flow découle d’une expérience symbiotique entre des challenges et les compétences qu’il faut mettre en œuvre pour relever ces derniers. Le contexte de travail peut ainsi être évalué entre 4 catégories :

  • contexte d’anxiété : le challenge est très élevé mais les compétences sont faibles ou moyennes ;
  • contexte d’ennui : le challenge est faible mais les compétences élevées ;
  • contexte apathique : le challenge et les compétences sont faibles ;
  • contexte de flow : le challenge et les compétences sont forts mais atteignables.

Néanmoins, il est vrai que toutes les professions n’offrent pas les mêmes possibilités et que les contextes les plus favorables sont ceux qui encouragent l’initiative et l’autonomie individuelle et qui prévoient des tâches complexes et peu répétitives. À titre d’exemple, les dirigeants et les ingénieurs ont plus de possibilités de vivre des expériences optimales au travail que les employés et les ouvriers.

Le flow contribue à l’efficacité : vrai

Les émotions qui découlent du flow sont positives, stimulantes et en coordination avec la tâche accomplie et par conséquent très bénéfiques. Le flow est un état totalement centré sur la motivation, un facteur extrêmement important dans un contexte de travail car il contribue à la performance individuelle. Être sans arrêt distrait lorsque l’on accomplit une tâche de travail endommage considérablement la productivité. Le manque d’attention peut coûter cher : les intrusions apportent avec elles un plus grand stress, une plus grande fatigue et des douleurs physiques. Une interruption de votre attention de 2,8 secondes double le risque d’erreur et une fois interrompu, il faut presque 30 minutes pour revenir complètement sur sa tâche.

Atteindre un état de flow au travail dépend uniquement des pratiques de GRH : vrai et faux

Si la gestion des ressources humaines peut instaurer une culture organisationnelle qui participe à l’atteinte d’états de flow chez les collaborateurs, ces derniers sont également en mesure d’utiliser des stratégies individuelles leur permettant de le développer.

Du point de vue de l’organisation du travail, il est, par exemple, possible de :

  • permettre aux collaborateurs de mieux se concentrer en aménageant l’espace de travail en conséquence ;
  • donner du sens au travail et éviter le morcellement des tâches entre les collaborateurs. Offrir l’opportunité de participer à tous les travaux ou même d’établir son propre planning ;
  • instaurer une culture organisationnelle au sein de laquelle demander de l’aide est un comportement socialement valorisé ;
  • définir des objectifs spécifiques, mesurables, réalistes en termes d’actions mais aussi de temps et donner du feedback au quotidien aux collaborateurs.

Cependant, si le flow dans l'entreprise doit être favorisé et stimulé, il nécessite également des efforts de la part des salariés à tous les niveaux. A titre d’exemple :

  • lorsque vous êtes confronté à une tâche répétitive ou monotone, sollicitez votre ingéniosité ! Fixez-vous des micro-challenges pour éviter l’ennui (exemple : faire cette tâche dans un temps imparti, donner cette énième formation en y plaçant des mots incongrus, etc.) ;
  • lorsque vous êtes confronté à un challenge trop élevé, développez vos compétences lorsque cela est possible ou sollicitez l’aide de vos collègues pour éviter l’anxiété (exemple : apprendre à utiliser un nouveau logiciel, pratiquer une langue étrangère, travailler avec un collègue maîtrisant parfaitement la tâche en question) ;
  • adoptez des comportements mono-tâches. Evitez à tout prix les activités multitâches qui impliquent que votre cerveau soit obligé de jongler d’une chose à une autre, perdant dans le processus des informations et surtout de l’efficacité (exemple : regrouper vos e-mails, coups de fil et réunions afin d’éviter de sans cesse passer de l’un à l’autre).

L’attention est une ressource essentielle de l’homme, elle renvoie à l’énergie que nous mobilisons pour investir notre environnement. À l’heure où les capacités attentionnelles sont affectées par les environnements du travail, il semble impératif de permettre aux salariés de préserver leurs états de flow car une attention ciblée nous amène à vivre des moments exaltants et favorise une performance supérieure.

Favoriser le flow dans votre entreprise permet de prévenir les risques psychosociaux. Afin d’identifier, de comprendre et de prévenir les RPS, les Editions Tissot vous conseillent leur ouvrage « Risques Psychosociaux ».

Csikszentmihalyi, M. (2008). Flow : The Psychology of Optimal Experience, Harper Perennial Modern Classics, New York
Lin, B. C., Kain, J. M., & Fritz, C. (2013). Don’t interrupt me ! An examination of the relationship between intrusions at work and employee strain. International Journal of Stress Management, 20(2), 77-94.

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Mathilde Brière

Consultante, Dr Sciences de Gestion

Diplômée d’un Master 2 de Psychologie Sociale des Organisations de l’Université Paris X Nanterre-La Défense et d’un doctorat en Sciences de Gestion du laboratoire pluridisciplinaire LIPHA, Mathilde …