Travail de nuit : effets sur la santé et prévention

Publié le 02/03/2017 à 13:43, modifié le 24/11/2020 à 14:53 dans Risques professionnels.

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Le travail de nuit peut avoir plusieurs effets sur la santé. Parmi ceux-ci, une étude américaine met en évidence un possible lien entre problèmes de fertilité et travail de nuit. Par ailleurs, d’autres études s’intéressent à la question des conditions de travail d’une population dont les règles de suivi médical ont été modifiées par la loi travail. Faisons le point sur le sujet.

Travail de nuit : comment le définir ?

Quand il n’est pas défini par une convention collective ou hors secteurs d’activités spécifiques (discothèques, etc.), le travail de nuit correspond à tout travail effectué au cours d’une période d’au moins 9 heures consécutives comprenant l’intervalle entre minuit et 5 heures et commençant au plus tôt à 21 heures et se terminant au plus tard à 7 heures (Code du travail, art. L. 3122–2).

Un salarié est considéré comme travailleur de nuit s’il exerce :

  • au moins deux fois par semaine au moins 3 heures de travail de nuit quotidiennes ;
  • ou 270 heures de travail de nuit pendant une période de 12 mois consécutifs (à défaut de convention ou accord collectif de travail étendu contraire).

Travail de nuit : effets sur la santé

Travailler en horaires décalés, particulièrement la nuit, perturbe les rythmes biologiques qui régulent la prise alimentaire, les sécrétions hormonales et l’alternance de la veille et du sommeil. Le travail de nuit peut donc se manifester par d’importants effets sur la santé, récapitulés dans un rapport d’expertise collective produit par l’ANSES en 2016.

Parmi les risques avérés ou probables, il est notamment possible de citer :

  • des troubles du sommeil (somnolence, diminution de la vigilance), multipliant par deux le risque d’accident et de « presque- accident » de trajet ;
  • des troubles du métabolisme, comme l’augmentation du cholestérol ou de la glycémie ;
  • des effets sur l’obésité et le diabète de type 2 ;
  • des effets sur l’infarctus du myocarde ;
  • des troubles de l’humeur (dépression, anxiété, irritabilité) et de la personnalité ;
  • une baisse des performances de la mémoire et du langage ;
  • un risque cancérogène, notamment sur le cancer du sein ;
  • une sur-fatigue qui peut conduire à long terme à une dégradation précoce de l’état de santé ;
  • une augmentation du risque d’avortement spontané ou d’accouchement prématuré.

De même, un article publié début février dans la revue médicale Occupational and Environmental Medicine permet d’observer un lien statistique entre problèmes de fertilité féminine et travail de nuit.

Par ailleurs, le travail de nuit a des impacts sur la vie sociale et peut engendrer un sentiment d’isolement, un décalage et un déphasage avec l’entourage.

Notez-le
Le travail de nuit fait partie des facteurs de pénibilité, avec une obligation de déclaration et de travail en prévention avec le médecin du travail et le CHSCT pour les salariés exposés à au moins une heure de travail entre minuit et 5 heures, au moins 120 nuits par an (C. trav., art. L 4161–1 et D 4161–2). Pour en savoir plus sur ces facteurs de pénibilité, les Editions Tissot vous conseillent leur documentation « Pénibilité au travail ».

Travail de nuit : prévention des risques

Les services de santé au travail ont un important rôle en la matière.

Ainsi, depuis la loi travail, il est prévu que les travailleurs de nuit bénéficient d’un suivi médical adapté, avec une périodicité n’excédant pas trois ans, et que leur visite d’information et de prévention initiale soit réalisée avant la prise effective de poste (Code du travail, art. R. 4624–17 et R. 4624–18).

Les services de santé au travail peuvent également informer les travailleurs de nuit sur les risques, l’hygiène de vie et sur ce qui favorise le sommeil.

De son côté, l’entreprise peut notamment :

  • privilégier le volontariat des travailleurs de nuit,
  • les associer aux discussions concernant la planification (heure de prise de poste, rythme de rotation, temps de pause…),
  • vérifier la compatibilité entre les horaires de début et fin de poste et les horaires de transport en commun,
  • prévoir un minimum de 11 heures de repos entre 2 postes,
  • favoriser la dimension collective et rompre l’isolement,
  • prévoir une pause pour une sieste de moins de 30 minutes,
  • adapter l’éclairage, en prévoyant une lumière plutôt intense en début de poste, et plutôt limitée en fin de poste.

Michaël Bouvard